Audi: c’est si compliqué de jouer collectif?

Audi maintient sa présence en Belgique jusque 2025. Alors on se congratule, on fait sauter les bouchons ? Eh bien non, on en profite entre niveaux de pouvoir, pour se « taper dessus ». L’édito de Béatrice Delvaux

Editorialiste en chef Temps de lecture: 3 min

Audi choisit la Belgique » : ce titre-là, dans la presse étrangère – en l’occurrence ici, c’est celui de la dépêche de l’Agence France Presse envoyée hier au monde… –, nous n’en avions plus rêvé. Et pour cause, c’est l’inverse que nous avons vécu avec les départs/fermetures de Ford Genk, Opel Anvers et symbole des symboles, Renault Vilvorde qui fermait ses portes il y a 10 ans.

Nous étions devenus une sorte de pays « loser » pour l’investissement industriel étranger. Notre productivité légendaire – notre seul talisman dans un univers à salaires très bas – ne suffisait plus à rattraper le handicap. Or les fermetures de sites automobiles font très mal car elles signent une hémorragie d’emplois.

Et voilà donc qu’Audi annonce qu’il maintient sa présence en Belgique jusque 2025, qui plus est pour y fabriquer un SUV de haute technologie, au nom de code de – excusez du peu – « Tesla Killer ». Ce n’est pas qu’en une nuit nous soyons devenus la Silicon Valley ou Shanghai, mais, au rayon des bonnes nouvelles pour la Belgique, son image, son emploi, son futur, c’est du tout tout bon ! Pas seulement pour Forest, mais pour un peu tout le monde autour : pour les travailleurs flamands, wallons et bruxellois employés par Audi, et, comme nous le dit le patron d’Agoria, pour l’écosystème technologique que cela devrait permettre de développer (batteries électriques, recyclage etc.).

► L’avenir d’Audi Brussels assuré jusqu’en 2025

Alors on se congratule, on fait sauter les bouchons et on fait le tour du stade ? Eh bien non, on en profite entre niveaux de pouvoir, pour se « taper dessus ». On dit toujours qu’il y a plusieurs pères à une victoire et aucun pour la défaite. Nous ne dérogeons pas à l’adage. Entre le fédéral qui dit « tout ça c’est grâce à notre tax shift » et les Régions (Bruxelles en l’occurrence) qui rétorquent « le fédéral court derrière notre stimulant décisif pour l’aide à l’emploi », on se pince.

Les investisseurs intéressés désormais par ce petit pays redevenu sexy (au moins en partie), qui lisent les communiqués et les échanges de coups bas des niveaux politiques revendiquant cette victoire, auraient de quoi s’interroger : « Belgique, quel numéro ? » Conseillons à ceux qui se disputaient hier la « floche » Audi, la lecture du rapport de la Banque nationale qui insiste sur le fait que la compétitivité est un ensemble de facteurs qui combine l’aide à l’emploi, l’enseignement, l’aide à la recherche, les salaires attractifs etc. Soit une pincée de fédéral et un zeste de Régions. C’est si compliqué de jouer « collectif » ?

 

Le fil info

La Une Tous

Voir tout le Fil info
La UneLe fil info

Le meilleur de l’actu

Inscrivez-vous aux newsletters

Je m'inscris

À la Une