Emily Blunt, une femme d’action

Elle mène la danse entourée de gros bras dans Sicario de Denis Villeneuve

Patrick Laurent, envoyé spécial à Cannes
Emily Blunt, une femme d’action
©AFP

Stallone, Schwarzie et les autres gros bras des années 80 peuvent aller refaire leur coloration de cheveux : désormais, pour lutter contre les cartels de la drogue, Hollywood mise plutôt sur une femme d’action du FBI, incarnée par Emily Blunt dans Sicario. 

Bien aidée, il est vrai, par des pros des mesures radicales, Benicio del Toro et Josh Brolin.

On me demande souvent, à propos des films d’action, si j’ai dû rendre mon personnage plus masculin, explique la jolie Britannique de 32 ans, qui crevait déjà l’écan dans L’agence, Des saumons dans le désert ou Edge ot tomorrow. Mais il y a beaucoup de femmes dures dans le monde et il ne suffit pas d’utiliser un pistolet pour l’être. Je trouve mon personnage plutôt vulnérable. Elle a beaucoup de mal dans ce cadre très masculin. Elle passe les trois jours les plus horribles de sa vie et essaie de faire face le mieux possible. Je ne me suis donc jamais dit qu’il fallait la rendre plus masculine. Il y a pas mal de femmes au FBI. Elles sont comme moi, parlent comme moi, rentrent à la maison le soir et regardent Downtown Abbey : ce sont des femmes qu’on a envie d’inviter à boire une bière. Je me suis donc sentie très habitée par le rôle.

Bavarde et souriante, Emily Blunt ne s’en laisse pas conter une seconde par la petite bande qui la charrie volontiers. “J’ai l’habitude de n’être entourée que d’hommes : cela arrive très souvent au cinéma. Je connais Benicio depuis 8 ans et nous avons déjà tourné ensemble

(dans Wolfman , en 2009, ndlr). Josh aussi, je le connaissais. C’était un plaisir de travailler ensemble. Si le film est sombre, on s’amusait énormément sur le plateau. Denis Villeneuve, lui, travaille vraiment avec les acteurs. Il trouve de la beauté dans la noirceur. C’est le meilleur réalisateur. Mais quand je travaille avec un autre, je lui dis la même chose (rire).”

Pas étonnant que le cinéaste ait souvent eu l’impression de devoir gérer une cour d’école. Ses comédiens s’entendent comme larrons en foire. “Ce qui me frappe chez Denis, et j’ai beaucoup de respect pour ça, c’est son humilité. Quand il ne sait pas, il le reconnaît, y réfléchit, passe une nuit là-dessus et apporte la réponse le lendemain. Cette ouverture est omniprésente et permet de s’exprimer sans être étouffé.”

Propos que tient directement à nuancer le facétieux Josh Brolin. “Parfois, il ne connaît pas la réponse et le dit. Mais parfois, il la connaît et veut qu’elle vienne de nous. Il nous manipule pour qu’on ait l’impression que c’est notre idée, qu’on se sente bien impliqué, alors qu’en fait, c’est son idée à lui ! Sur le plateau, j’avais le sentiment d’avoir apporté plein de choses et j’en étais fier, mais quand j’ai vu le film, c’est bien le sien : il n’y a rien de moi là-dedans !

Dommage pour lui car Sicario démontre qu’on peut faire des films d’action captivants et pas juste spectaculaires.

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