L’aveu de défaite de Delhaize
Contrairement aux actionnaires familiaux d’Interbrew à l’époque, ou de ceux de Solvay, cette alliance internationale n’est pas offensive. C’est faute d’avoir pu acquérir une position de leader profitable en Belgique ou dans ses autres marchés, que le groupe, né de la passion et du savoir-faire d’épiciers locaux, se voit contraint d’obtenir ces positions en mettant ses actifs et son histoire au service d’un autre. La stratégie propre, en « stand alone » n’y est pas parvenue. L’enseigne fut pourtant longtemps saluée comme le distributeur qui avait réussi, contrairement au GB de l’époque (Carrefour désormais), à se trouver une identité : plus cher mais plus luxueux que les Colruyt et autres Aldi, Delhaize s’était imposé comme le supermarché de la classe moyenne et supérieure. Las, la crise économique, le comportement de consommateurs « comparateurs », la stratégie commerciale et de communication redoutablement efficace de Colruyt et la faiblesse du tandem familial manager/actionnaire, ont plongé le distributeur chic dans un désarroi de positionnement.
La fusion comme solution ? Nombre de groupes belges s’y sont résolus au fil des années, considérant la taille comme le seul moyen de survivre dans un monde globalisé ultra-concurrentiel. Delhaize rejoint ceux qui ont fait l’appoint de leur force à un autre. La disparition des familles dans le conseil et à la tête de l’entreprise a fait sauter le tabou, mais moins que les mauvais résultats accumulés qui ont fait en sorte que les quelques héritiers demeurés dans l’entreprise, ont fini eux aussi par ne plus croire à un destin à la Inbev. Le récent plan social drastique peut être vu comme le premier indice de la volonté de jeter l’éponge, et de préparer la mariée.