Parkings SNCB: Des tarifs en pagaille, de 3 à 35 € la journée
Pour les usagers du train et navetteurs, le parking de la gare reste le moins cher. Découvrez notre dossier spécial ainsi que notre infographie.
- Publié le 23-04-2014 à 20h14
- Mis à jour le 23-04-2014 à 21h13
Pour les usagers du train et navetteurs, le parking de la gare reste le moins cher La mésaventure de Bernard est éloquente : mercredi matin à 7 h 30, il dépose sa voiture dans le Q-Park de la gare du Midi. Vendredi, vers 21 h, lorsqu’il récupère son véhicule, c’est la déconvenue : 105 euros. Soit 35 euros par jour. C’est un exemple extrême : à Koekelberg, quelques kilomètres au nord, la chaîne propose le même service pour 7,10 €/jour.
À l’opposé se trouvent, bien sûr, des parkings gratuits. Il en reste très peu à Bruxelles. Ils pullulent plutôt aux alentours des petites gares. Des parkings sauvages dont certains sont rénovés par la SNCB.
B-Parking ne dispose pas seulement de parkings couverts. Certains fonctionnent avec des horodateurs, sont à ciel ouvert… Difficile, dès lors, de dresser un inventaire complet des zones de stationnement off street - à différencier des in street , sur la voirie.
Côté tarifs , c’est le même constat. Sur les 23 gares répertoriées par le site de B-Parking, rares sont les tarifs communs. Cela va de 3,71 € la journée sur un parking secondaire de la gare de Tournai à 9,47 € dans le principal d’Anvers Central.
Un conducteur qui s’y gare sans être usager du train doit au minimum doubler son budget. Un abonné au parking, le diviser par deux. C’est la seule constante entre les grilles tarifaires de B-Parking.
Pourquoi de telles disparités ? Entre navetteurs, voyageurs occasionnels et simples passants, la logique est de privilégier les premiers et les seconds. Entre les gares, d’autres facteurs entrent en ligne de compte.
Ils sont assez similaires à ceux valables pour les parkings privés . Les investissements nécessaires pour créer le parking d’abord. Suivent les frais de fonctionnement, de personnel, la marge et diverses taxes prélevées par les villes et régions. La proximité d’autres parkings peut également influer sur l’offre tarifaire. C’est le cas pour celle de B-Parking.
Ces éléments n’expliquent pas tout. Si Bernard s’était garé au Heysel - comme de nombreux navetteurs le faisaient auparavant, pour entrer à Bruxelles via le métro ou le tram - sa facture aurait été encore plus salée, avec 7 €… pour 3 heures.
Un record jugé contreproductif par Touring notamment, alors que dans le milieu du parking, la norme de plus ou moins 15 € la journée semble prévaloir.
"Un parking, c’est comme un vestiaire de restaurant"
L’enjeu des parkings, c’est l’intermodalité. Plus son environnement est attrayant, plus le parking est occupé, selon Roland Cracco.
Les parkings poussent comme des champignons : autour des gares, dans les villes, etc. Tous ne visent évidemment pas la même utilité, même si l’intermodalité - l’emploi de plusieurs moyens de transport - est un dénominateur commun.
"C’est un peu comme l’immobilier, explique Roland Cracco, de la fédération des parkings de Belgique, les parkings sont parfois très différents. Ceux des centres-villes vivent de l’horeca, des bureaux, etc. D’autres sont plus spécialisés, comme ceux des centres commerciaux ou des hôpitaux."
La troisième catégorie regroupe, entre autres, les parkings de la SNCB. Ce sont les intermodaux. "Ce sont des nœuds de transport. Et finalement, un parking, c’est comme un vestiaire de restaurant : si le resto est attractif, le parking est rempli."
Un bon point pour la SNCB ? D’aucuns craindront que le retour progressif au payant ne fasse fuir les voyageurs au profit de l’usage exclusif de la voiture. Thierry Ney, porte-voix de l’opérateur ferroviaire, contredit : "Il faut aussi considérer le temps pour se garer, le coût du parking…"
Des inconvénients a priori moins importants lorsque le parking est tout à côté de la gare. Et qu’il dispose aussi d’emplacements pour vélos (gigantesques en Flandre), des bornes de rechargement pour auto électrique ou encore des véhicules partagés.
À ce stade , l’évolution paraît balbutiante. Pas tant en termes quantitatifs qu’en termes qualitatifs. Un abonnement de train, un autre pour la Stib, pour les TEC, pour le parking, le vélo partagé…
"On présente souvent la mobilité comme une confrontation, déplore M. Cracco. Entre le cycliste et l’automobiliste, le train et la voiture… Or, nous sommes tous susceptibles d’être l’un et l’autre. L’enjeu est bien de pouvoir passer de l’un à l’autre."
Et de souffler que la technologie existe pour, par exemple, disposer d’une seule carte de paiement valable pour tout. Ce ne serait plus qu’une question de temps.
L’auto est bienvenue en gare
La SNCB a clairement fait le choix du payant pour ses parkings de gare.
Des voitures en pagaille. Le long des lignes de chemin de fer menant du Brabant wallon à Bruxelles, elles gisent par dizaines, par centaines, à proximité des gares. Nombre d’entre elles ont été abandonnées le temps d’une journée de travail. Leurs propriétaires s’y sont rendus en train.
Le problème du parking de la gare. "Alors qu’il était autrefois payant, une partie des navetteurs qui se déplaçaient vers la gare autrement que par voiture, et donc à pied, à vélo ou en bus, ont abandonné ce moyen de transport et ont repris leurs voitures" , expliquait le ministre des Entreprises publiques, Jean-Pascal Labille.
Depuis 2008, une filiale de la SNCB - B-Parking - pense et gère cet espace de stockage de voitures. L’objectif principal est de promouvoir l’intermodalité : la gare devient un nœud de communication. Pour privilégier le voyageur, les tarifs en vigueur vont parfois du simple au triple selon que le conducteur soit usager du train ou non.
À l’heure actuelle, B-Parking est en charge d’un gros tiers des places de stationnement pour voiture de la SNCB. Une situation amenée à évoluer très vite. En 2018, sur 66.805 places SNCB, la société aura la mainmise sur 40.000 d’entre elles. Devenant du même coup l’une des plus importantes entreprises de stationnement de Belgique.
"En tant que maillon de l’intermodalité, la SNCB doit avoir des parkings" , commentait hier Thierry Ney, porte-parole de l’opérateur ferroviaire. Le choix d’une filiale n’est toutefois pas généralisé. En Allemagne par exemple, la DB est partenaire d’une société tierce pour ses parkings.
"L’un des objectifs d’un tel fonctionnement, outre la qualité du service et sa commercialisation à des tarifs attractifs, c’est de générer des revenus." Pour Roland Cracco, président de la fédération des parkings de Belgique, c’est là que la SNCB se démarque.
Dans les prochaines années, les chemins de fer belges engageront encore des dizaines de millions d’euros dans le développement des gares et de leurs à-côtés, dont les parkings.
À titre d’exemple, en 2012, 19,2 millions d’euros ont été dépensés pour rénover et construire des parkings. La même année, ces derniers ont apporté un bénéfice de 800.000 euros, réinvestis, dit la SNCB, dans le financement des parkings… gratuits.