Un film relance la polémique sur le parc des Virunga
Un film présenté le week-end dernier à New York met en cause une compagnie pétrolière britannique. Celle-ci réfute tout mauvais comportement. Le documentaire a été diffusé mercredi en commission des relations extérieures de la Chambre.
- Publié le 23-04-2014 à 20h55
- Mis à jour le 24-04-2014 à 13h15
Un film présenté le week-end dernier à New York met en cause une compagnie pétrolière britannique. Celle-ci réfute tout mauvais comportement. Le documentaire a été diffusé mercredi en commission des relations extérieures de la Chambre.
Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, a réitéré, mercredi, devant la Commission des Relations extérieures de la Chambre, le désir de la Belgique de voir l’enquête ouverte au Congo identifier les auteurs de l’attentat contre le directeur du Parc national des Virunga - le plus ancien et un des plus riches d’Afrique - le Belge Emmanuel de Mérode. Il a indiqué avoir interpellé plusieurs fois William Hague, son homologue britannique, sur les agissements de la compagnie pétrolière britannique Soco.
Le député CDH Georges Dallemagne a, quant à lui, estimé qu’il y avait "assez d’éléments confondants pour que M. Hague agisse" et "entame des poursuites" .
Cet échange précédait la diffusion du film "Virunga" consacré aux efforts des gardes du Parc des Virunga pour défendre son intégrité et le droit. Contre les groupes armés qui braconnent; contre la guerre menée par le M23 à l’époque du tournage; contre les activités de Soco.
Plusieurs épisodes filmés en caméra cachée montrent qu’Emmanuel de Mérode est devenu la bête noire de la compagnie. Ainsi, des partisans congolais de celle-ci proposent au bras droit du directeur belge, le Congolais Rodrigue, de l’argent pour les "laisser entrer" dans le Parc. Ils se demandent "pourquoi de Mérode" ne se laisse pas corrompre alors que "même le ministre de l’Environnement accepte" ; veut-il reprendre le contrôle de la région pour le compte de la Belgique ?
Sous l’œil de la discrète caméra, un officier congolais, le capitaine Feruzi, propose de l’argent à Rodrigue pour qu’il leur fournisse "des informations" sur ce que fait de Mérode. On le verra, plus tard, avec Peter White, chef de la sécurité de Soco, offrir une mallette d’argent à Rodrigue.
Une journaliste free lance, Melanie Gouby, rencontre Julien Lechenault, ingénieur français travaillant pour Soco. En caméra cachée, elle le filme expliquant qu’il est "absurde" de garder le Parc, déjà "plein de rebelles" et braconniers. La solution, dit-il, c’est "recoloniser ces pays" , " ces gens (les Congolais) sont immatures" . Et d’ajouter que celui qui "nous bloque, c’est Emmanuel de Mérode" . En contrepoint, le film montre les qualités de chef de ce dernier, qui motive ses gardes en s’occupant de leurs familles, en restant avec eux dans le danger, en misant sur leur sens moral.
Une autre caméra cachée montre le porte-parole de la rébellion du M23 (dispersée fin2013), Vianney Kazarama, avouant que "contre un pourcentage" , sa direction lui a demandé "de dire à la population qu’il vaut mieux travailler pour Soco que pour le Parc" .
Autre rendez-vous de Melanie Gouby : un ancien des Special Forces qui s’occupe, en sous-traitance, de la sécurité de Soco. "On ne fait pas d’affaires avec les rebelles mais on les paie pour traverser" les zones qu’ils contrôlent dans le Parc. Celui-ci "pourrait rapporter une fortune mais ils (les gardes) défendent les animaux !" , s’exclame-t-il. "Sauf s’ils pissaient du fer et ch… des diamants, quelle importance ? !"
Rodrigue et Melanie Gouby ont quitté le Congo avant la diffusion du film.