Les partis aboient, les avions passent…
De plus en plus de Bruxellois se mobilisent contre le bruit des avions depuis l’application du plan de dispersion, le 6 février dernier. A quelques encablures des élections, tous les partis montent au créneau. Solutions crédibles ou esbroufe ?
- Publié le 11-04-2014 à 22h23
- Mis à jour le 12-04-2014 à 08h08
Survol A six semaines des élections, les partis s’excitent dans le dossier avions.De plus en plus de Bruxellois se mobilisent contre le bruit des avions depuis l’application du plan de dispersion, le 6 février dernier. A quelques encablures des élections, tous les partis montent au créneau. Solutions crédibles ou esbroufe ?
1Le bourgmestre d’Etterbeek, Vincent De Wolf (MR), a adressé vendredi par voie d’huissier à Belgocontrol une sommation visant à faire immédiatement cesser le survol intensif de sa commune.
CRÉDIBILITÉ : Mauvaise. Ce coup de bluff de la part de Vincent De Wolf ne perturbe pas du tout Belgocontrol. "Cette sommation est à l’étude dans nos services juridiques. Mais ce n’est pas nous qui définissons les routes et les pistes utilisées donc nous allons réagir en concertation avec les autorités publiques compétentes. Mais de toute façon, on ne change pas des routes en un clin d’œil", explique sereinement une porte-parole de l’office de contrôle aérien. Qui plus est, s’il suffisait d’une telle sommation pour modifier les routes aériennes, il est fort à parier que tous les bourgmestres bruxellois suivraient le mouvement. Avec pour conséquence la fermeture de notre aéroport national… Enfin, on peut s’interroger sur la stratégie du candidat à la future ministre-présidence qui défend ainsi uniquement les habitants de sa commune. Les autres Bruxellois ne comptent-ils pas ?
2Quant au secrétaire d’Etat à la Mobilité, Melchior Wathelet (CDH), il déposera pour le prochain Conseil des ministres des propositions pour soulager les nuisances, comme l’allongement du dispositif de nuit de 22 h à 7 h au lieu de 23 h à 6 h.
CRÉDIBILITÉ : Mauvaise. Pourquoi cette solution exigée par le gouvernement bruxellois depuis 2009 serait-elle soudainement appliquée ? Le contexte n’a pas changé : l’aéroport de Zaventem est le deuxième pôle économique des Flamands après Anvers. Ces derniers n’ont aucun intérêt à limiter le nombre de mouvements ou les créneaux horaires. Mais la manœuvre aura du bon pour le CDH qui pourra dire à ses électeurs : "C’est pas nous, c’est la faute aux Flamands !"
3Du côté d’Ecolo, on mise sur une action en cessation environnementale devant le tribunal de première instance. Via cette procédure, la ministre bruxelloise de l’Environnement, Evelyne Huytebroeck (Ecolo), entend démontrer une violation manifeste des normes de bruit bruxelloises.
CRÉDIBILITÉ : Moyenne. Une action similaire avait été intentée en 2004 contre le plan Anciaux. La Région bruxelloise avait d’abord été déboutée par le tribunal de première instance, mais la Cour d’appel de Bruxelles avait ensuite donné raison à la Région et à l’IBGE en intimant à l’Etat belge de faire cesser les infractions, sous peine d’astreintes. Pour que ce nouveau recours aboutisse, il faudra cependant que les mesures de bruit qui sont en train d’être réalisées prouvent une violation des normes en vigueur. Les résultats sont attendus dans le courant du mois d’avril.