Le contre-la-montre, une sale habitude politique

Chef du pôle Pouvoirs Temps de lecture: 3 min

Des policiers belges qui utilisent des armes déclassées depuis plusieurs années par les Pays-Bas en raison de leur manque de fiabilité. Des perquisitions menées par des agents munis d’une seule arme de poing au lieu des deux exigées par les règlements de sécurité. L’état des lieux des équipements de la police, décrit par le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon (N-VA) dans l’interview qu’il nous accorde est interpellant.

Pressé par les attentats terroristes et les menaces de ces derniers mois, le ministre se voit contraint d’entreprendre en quelques semaines des réformes qui s’imposent de longue date, dans des domaines sensibles, où interviennent des questions de sécurité, mais aussi de protection des libertés individuelles.

57 ans de réformes peu efficaces

Ces réformes menées à la hussarde et avec peu de moyens, provoquées par des années (grasses) d’inertie coupable et hâtées par des événements imprévus et parfois dramatiques, sont hélas une marque de fabrique en Belgique.

Qu’on songe à la réforme des détentions d’armes, menée de manière catastrophique après l’affaire Van Themsche. Ou les modifications législatives relatives à l’accès à la libération conditionnelle, bâclées après l’émoi suscité par la libération de Michelle Martin. Qu’on songe aussi, dans d’autres domaines, à la réforme des pensions, débattue pour l’instant en un temps record pour répondre à des défis financiers qui se rapprochent dangereusement. Qu’on songe enfin aux… 57 ans de réformes de l’enseignement, jugées peu efficaces par Mc Kinsey, cette semaine.

Les exemples se multiplient, mais le mode de gestion indolent, la politique du pied du mur semble devenue une marque de fabrique. On rétorquera qu’il faut hélas parfois un risque ou une catastrophe pour prendre conscience de l’urgence d’une réforme. C’est humain. Vrai. Mais pas d’angélisme : les problèmes d’organisation et d’équipement des services de sécurité en Belgique ne sont pas neufs. Pas plus que le défi démographique qui rend aujourd’hui urgente la réforme des pensions.

La réforme de l’Etat

Il faut dire que la Belgique a, pendant des années, débattu et concentré ses réflexions sur une réforme, une seule : la réforme de l’Etat. Nous voici aujourd’hui très temporairement libérés de cette obsession, et c’est justement ce qui permet d’appréhender enfin d’autres défis au moins aussi fondamentaux. Il faut donc se réjouir qu’on s’intéresse à la sécurité, la police, les pensions, les salaires, la fiscalité et bien d’autres questions.

► Réforme de l’Etat, l’inévitable rendez-vous

Ne soyons pas dupes : l’urgence a parfois bon dos pour justifier des politiques peu équilibrées, mais ce gouvernement réforme, on ne peut le nier. Il manque encore au pays une vision de long terme, une culture de l’évaluation, qui permettrait de réformer sainement. Mais on doute que la perspective s’élargisse : le communautaire reviendra dans quatre ans seulement. Le court terme, encore lui.

 

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