Le 11h02: «Le poste de commissaire européen est mis en balance avec celui de Premier ministre»
Ce n’est pas le sommet européen qui désigne les Commissaires, mais la date de samedi était une sorte de date butoir psychologique. Le poste de Commissaire fait partie de la répartition des postes gouvernementaux qui intervient à la fin des négociations pour une coalition. Ici, il y a eu un problème de calendrier car en Belgique on n’est qu’à mi-chemin de la négociation.
Cela influence-t-il la politique belge ?
Oui, et cela a aussi des effets sur la politique européenne. Ce qui se négocie et qui est mis dans la balance aujourd’hui est le poste de Premier ministre et le poste de Commissaire européen. Si le CD&V prend le poste de Premier il serait inimaginable qu’il obtienne également celui de Commissaire. Une candidate « naturelle » est Marianne Thyssen mais les libéraux francophones refusent que le CD&V cumule les deux postes. Ils poussent donc la candidature de Didier Reynders.
L’Open VLD pourrait-il obtenir le poste ?
Les trois candidats sont Marianne Thyssen, Didier Reynders et Karel De Gucht, qui est candidat à sa propre succession. Les libéraux flamands sont rentrés au forceps dans les négociations, alors qu’au début de l’été, ils n’étaient pas dans la course. De Gucht est le moins probable mais pourrait être une sorte de compromis.
Le clan Michel n’en profiterait-il pas pour éliminer Reynders de la politique belge ?
Beaucoup voudraient le voir partir à l’Europe, même du côté flamand. Côté francophone, il y a une vanité historique entre le clan Reynders et le clan Michel. Cela débarrasserait Charles Michel de son rival. Mais d’un autre côté, Reynders est au MR l’homme politique le plus expérimenté. Or le MR a besoin de grands formats pour peser au gouvernement.
Y a-t-il des délais ?
Il n’y a pas formellement de date butoir. Le Commissaire européen doit entrer en fonction en novembre, il doit être approuvé par la Commission et approuvé individuellement. Cela représente de 4 à 6 semaines de délai. Pour le respecter, Juncker devrait pouvoir présenter sa Commission pour la mi-septembre.
Pourquoi ne désigne-t-on par Marianne Thyssen ?
Pour les négociateurs fédéraux belges, la parité hommes-femmes à la Commission est un critère très éloigné de leurs calculs, sachant que Didier Reynders est tout de même un poids lourd et qu’il est normal qu’il obtienne un beau portefeuille européen. Le problème est que la Commission s’annonce comme très forte, avec plusieurs anciens Premiers ministres. Certaines femmes auront de beaux portefeuilles. Certains pays s’estiment en droit d’en avoir un beau aussi. La Belgique court clairement le risque que même Didier Reynders obtienne un portefeuille qui ne sera pas aussi lourd que celui qu’il pourrait espérer.
Cette manière de procéder permet-elle de nommer les meilleures personnes ?
La future Commission est très costaude sur papier. Les candidats belges sont tous trois des pointures professionnellement et politiquement respectées, mais les alchimies politiques ne débouchent pas toujours sur les bonnes nominations. Prenons l’exemple de l’Italie, Federica Mogherini pourrait prendre la succession de Catherine Ahston et devenir nº2 de la Commission. Or, elle est la moins expérimentée. Ce serait le résultat clair d’un jeu politique car les Socialistes italiens estiment qu’ils doivent avoir un poste important.
