"Il faut arrêter de financer le djihad"
Depuis des mois, l’armée de l’État islamique en Irak et au Levant, devenue depuis l’État Islamique, poursuit ses exactions au nom d’une interprétation fumeuse et très personnelle du Coran.
- Publié le 27-08-2014 à 21h11
- Mis à jour le 28-08-2014 à 12h51
Depuis des mois, l’armée de l’État islamique en Irak et au Levant, devenue depuis l’État Islamique, poursuit ses exactions au nom d’une interprétation fumeuse et très personnelle du Coran.
Une lecture qui a rapidement heurté les tenants de la ligne officielle de l’Islam et la plupart des capitales du monde musulman. Pourtant, malgré ces condamnations, malgré cet isolement, l’EI n’a cessé de progresser sur le terrain, poussant finalement les Etats-Unis à intervenir dans le nord de l’Irak alors qu’un véritable génocide se dessinait à l’encontre des non-musulmans de la région.
"La faute à qui ?", interroge Ahmed Salah, diplomate égyptien en poste à Bruxelles. "La faute à la communauté internationale qui a fermé les yeux pendant trop longtemps. La faute à certains États qui, par des voies indirectes et non officielles continuent de financer le djihad sous toutes ses formes".
Un collègue libyen, ex-diplomate, est plus direct encore en pointant un doigt accusateur vers le Qatar. "C’est un faux secret. Tout le monde sait que ce sont des fonds de ce pays qui permettent l’émergence de ces mouvements djihadistes. Le pays qui fait les yeux doux aux joueurs de foot du monde entier dans la perspective de la Coupe du monde de 2022, est aussi la principale cause d’instabilité dans notre région et donc dans le monde entier".
Si la source est bien connue, pourquoi le monde entier et musulman en particulier n’agit-il pas contre cet Etat? "Les enjeux économiques sont tels que de très nombreux pays occidentaux préfèrent fermer les yeux", explique un conseiller de l’ambassade du Maroc. "Seul, le monde arabe ne peut rien faire si, derrière, les grandes capitales occidentales n’agissent pas", continue un diplomate égyptien. "Il y a des pressions, il y a des messages qui sont envoyés aux quatre coins du monde. Mais rien est officiel évidemment. Il n’y a pas de virements bancaires en direction des mouvements djihadistes. Tout est très discret, ce qui rend très difficile toute action contre cet Etat." "Les Etats-Unis ont soutenu al-Qaïda contre les Soviétiques en Afghanistan. En remerciement, ls ont eu le 11 septembre. Que les sponsors d’aujourd’hui retiennent cette leçon", conclut M. Salah.