C’est vous qui le dites: «19 communes à Bruxelles, quelle utilité?»
Les faits
Les jeunes députés MR bruxellois Gautier Calomne et Boris Dilliès ont lancé un pavé dans la mare, ce vendredi. En proposant, dans une carte blanche envoyée au Soir, de modifier le tracé des communes de la capitale. Les deux hommes dénoncent la structure pour le moins alambiquée et compliquée de la Région bruxelloise. Dix-neuf communes et CPAS, six zones de police, quatre exécutifs et autant d’assemblées parlementaires : la capitale souffre, à leurs yeux, de l’image d’un vrai « mécano institutionnel illisible et peu performant ».
Le PS et le CDH ont rapidement réagi.
► Karine Lalieux pour les socialistes a vertement critiqué « ces personnes en mal de médiatisation et qui avancent avec de faux arguments ». « Bruxelles ne néglige pas ses extensions. Il y a des antennes locales disséminées un peu partout, que ce soit pour les démarches administratives, les maisons culturelles ou la police de proximité. »
► De son côté le CDH Hamza Fassi-Fihri a qualifié cette approche de « maladroite ». « Surtout quand on sait que l’un vit à Uccle (Boris Dilliès) et l’autre à Ixelles (Gautier Calomne) et que leurs propositions reviennent grosso modo à agrandir Ixelles. »
► Surprise, en fin de journée : les deux députés réformateurs sont publiquement recadrés par leur propre collègue et premier échevin à la Ville de Bruxelles, Alain Courtois. « Je m’étonne de cette initiative », lâche-t-il. « Certains veulent apparaître, mais ce n’est pas utile ici… »
C’est vous qui le dites
Nos internautes ont été nombreux à relever plusieurs incongruités dans le tracé des frontières communales. Ainsi William Jones, dans les commentaires sur Le Soir+, pointe l’avenue Albert, qui « commence sur Saint-Gilles, continue sur Forest et se termine sur Uccle ; l’avenue Brugmann commence sur Saint-Gilles, continue sur Forest, puis parcourt un bout d’Ixelles pour enfin continuer sur Uccle ».
Joé De T. remarque que « la rue d’Arlon est sur trois communes (Ixelles, Bruxelles, Etterbeek) ».
Louis De B. est pour sa part remonté contre « l’existence de la tentacule Louise-Roosevelt qui coupe la commune d’Ixelles en deux et crée (on l’oublie souvent) une enclave Saint-Gilloise entre la place Louise et l’église des Carmes ».
Une majorité de commentateurs suit le raisonnement de Gautier Calomne et Boris Dilliès. « Deux députés réformateurs dénoncent les absurdités de la carte de la capitale. Ils ont raison. C’est tellement évident ! Mais bon courage… », lance Alain G.
Luc L. s’interroge : « 19 communes à Bruxelles ; c’est quoi, l’utilité ? » Ad Ad souligne une « fracture générationnelle entre les brontosaures attachés à leur pré carré baronique et des jeunes qui voient d’abord l’intérêt du citoyen ».
« Évidemment, ils ne veulent pas de fusion des communes, ça ferait moins de salaires d’échevins et de bourgmestres pour leur parti, accuse Maxime V. Comment espérer une bonne gouvernance par des politiciens professionnels ? »
Patrick G. réplique à la députée socialiste : « Tout comme Karine Lalieux je suis laekenois et, contrairement à elle, cela ne me dérangerait pas de devenir jettois, une commune bien mieux administrée que Laeken, territoire de la ville de Bruxelles aux confins de la région et délaissée par la gestion centralisée. »
Mais tous les internautes ne sont pas enthousiastes à l’idée de faire bouger les frontières. « Le MR continue sa course à la poursuite de la NV-A : maintenant, c’est un parti francophone qui réclame la réorganisation de la Région, critique Marc D. Un alignement idéologique incroyable. Parce que ces petites incongruités ne dérangent personne. À part eux. On remarque que les exemples sont d’ailleurs ceux qui arrangeraient très bien leurs deux communes Uccle et Ixelles. Et parallèlement, elle aurait le « MRite » de démonter la commune de Bruxelles qui court d’un bout à l’autre de la Région. »
Plus mesuré, Georges-Pierre T. admet que « ces deux députés MR ont raison : il y a des incohérences. Mais avec un peu de bonne volonté et de dialogue, il y a moyen de bien gérer au bénéfice des habitants ». Il rejoint ainsi l’opinion de Karine Lalieux qui soulignait que le dialogue existait entre les communes, sur des sujets particuliers. « Que l’on cesse de ‘raisonner’ (si l’on peut appeler ça un raisonnement) en termes de frontières, de bordures, de budgets et d’électorat. Cela ira déjà beaucoup mieux. »
