Adamo: "Je regrette d’avoir été un père absent"
Avec son nouvel album, L’amour n’a jamais tort, Salvatore Adamo allie les influences classiques et la production moderne, tout en gardant son identité.
- Publié le 05-02-2016 à 11h46
- Mis à jour le 05-02-2016 à 11h50
Avec son nouvel album, L’amour n’a jamais tort, Salvatore Adamo allie les influences classiques et la production moderne, tout en gardant son identité. L’amour n’a jamais tort. Voilà le titre de l’album (qui sort ce vendredi 5 février) avec lequel Salvatore Adamo compte bien nous transmettre un peu de positivisme en ces temps moroses. Pour nous en parler, l’interprète de Tombe la neige nous a d’ailleurs reçus dans son salon, au coin d’une fenêtre donnant une jolie vue sur son jardin enneigé. On ne pouvait pas rêver mieux…
"Dans cet album, je parle de couples plus ou moins insolites ou amusants", nous explique le chanteur de 72 ans, avant d’attirer notre attention sur De père à fille, un titre qu’il chante en duo avec Joyce Jonathan : "C’est un peu mon histoire que j’ai extrapolée. Quand j’allais voir ma future épouse chez elle à l’époque, je me souviens du regard du père curieux et méfiant (rires) . Je fais d’ailleurs allusion à Vous permettez, Monsieur ! dans la chanson."
Et vous, quel genre de père êtes-vous ?
"J’ai malheureusement été un père absent. J’ai pu compter sur Nicole et la maman de ma fille pour l’éducation de mes enfants. Elles ont très bien fait ça. Comme je n’étais pas souvent là, je revenais de tournée les bras remplis de cadeaux. Mais, à un moment, je me suis quand même rendu compte que ça ne suffisait pas. C’est un des seuls regrets que je pourrais me permettre de formuler par rapport à mon métier qui m’a tout donné. Peut-être qu’à un moment donné, je n’ai pas suffisamment dosé mon absence. J’ai fait 38 tournées au Japon, dont certaines ont duré six semaines ! Avec le recul, je me suis dit que si j’étais resté 15 jours, si j’avais fait l’essentiel, j’aurais gagné un peu de temps pour mes enfants et mes amis. Mais c’est un métier qui exige un don total de soi. C’est une vie de privilégié et les vrais contacts ont fini par me manquer."
Aujourd’hui, vous êtes également grand-père…
"Oui et quel bonheur ! Quand ma petite fille est arrivée, je me suis promis de la voir plus souvent que mes propres enfants. Je la vois de temps en temps. C’est un rayon de soleil qui illumine la maison. Ensuite, elle part et je suis anéanti."
Vous essayez de rattraper le temps perdu…
"Oui… C’est pour ça qu’aujourd’hui j’hésite à faire des tournées lointaines comme celle en Amérique du Sud. J’y réfléchis mais j’irai sûrement pour le public.
Comment expliquez-vous ce succès international ?
"Le Japon a toujours regardé vers Paris et invite régulièrement les artistes dont on parle en France. Il y en a qui ne vont qu’une fois, moi j’y suis allé 38 fois. Sans toi mamie et Tombe la neige sont deux chansons très écoutées là-bas. J’ai également su toucher l’Amérique du Sud grâce à mes succès espagnols. Certains de mes titres ont été repris en espagnol. De temps en temps, je vais écouter les reprises de mes chansons sur internet et ça me fait plaisir, ça me régénère."
Qu’est ce que cela vous fait de chanter chez vous, en Belgique ?
"C’est toujours un peu particulier dans la mesure où j’ose prétendre que je ne frime pas sur scène, je ne fais pas de cinéma. J’essaye que tout se passe dans le regard et le respect l’un de l’autre. Quand je suis devant le public, comme à Mons par exemple, il y a plein de personnes qui me connaissent d’avant et j’en fais encore moins. Je suis toujours un peu intimidé (sourire) . Le temps de sentir l’humeur du public… Vais-je correspondre à ce qu’ils attendent ou pas ? J’ose même dire à la longue que je me sens mieux sur scène que dans la vie normale."
"Je ne veux pas faire le concert de trop"
En réalisant cet album, il y avait une volonté de se remettre au goût du jour ?
"Oui, un peu. J’ai fait appel à un jeune réalisateur et producteur, Jo Francken, qui a travaillé avec Milo et Selah Sue. Je voulais habiller mes mélodies différemment, leur donner une énergie d’aujourd’hui tout en essayant de rester moi-même."
Vous ouvrez le bal avec Lola&Bruno , le premier single de l’album…
"Je voulais commencer avec une chanson à message positif, optimiste, en ces temps moroses. J’avais besoin de sourire. Nous sommes en train de vivre une des périodes les plus crispantes qu’on a jamais vécues. Sur l’album, on trouve aussi Ho’oponopono . C’est une expression hawaïenne qui signifie agir dans l’harmonie, positivement."
Dans Les jours passent , vous évoquez le temps qui passe. C’est quelque chose qui vous fait peur ?
"Je commence à y penser. Je sais très bien que je suis beaucoup plus proche de ma fin que de mon début. Ça ne me fait pas peur, mais j’y réfléchis. C’est un peu comme quand j’ai subi une anesthésie à cause de mes problèmes de santé. J’étais confiant. Je me suis simplement dit que j’espérais me réveiller. Ça me travaille, mais sans m’effrayer."
Qu’est ce qui vous ferait arrêter la chanson ?
"Peut-être la santé ou le fait que je ne sois plus crédible. Je compte sur mon entourage pour me dire si c’est le cas un jour. Je voudrais partir dignement et ne pas faire le concert de trop."
L’amour n’a jamais tort - Universal Music - sortie le 5 février 2016