Nicky, Marianne, Karla... et toutes ces femmes sensibilisées au cancer du sein.

Ce vendredi, l'Institut Roi Albert II des Cliniques universitaires Saint Luc organisait une journée de sensibilisation à la prévention, au dépistage et à la prise en charge de cette maladie qui touche une femme sur huit en Belgique.

Laurence Dardenne
Nicky, Marianne, Karla... et toutes ces femmes sensibilisées au cancer du sein.
©Pink Ribbon

Ce vendredi, l'Institut Roi Albert II des Cliniques universitaires Saint Luc organisait une journée de sensibilisation à la prévention, au dépistage et à la prise en charge de cette maladie qui touche une femme sur huit en Belgique.

Rencontres plurielles en ce mois d'octobre, dédié au cancer du sein

Dans le grand hall des Cliniques universitaires Saint Luc, à Bruxelles, ça grouille. Les uns, d'un pas pressé, se dirigent vers les ascenseurs; d'autres, assis, attendent leur tour à l'accueil. Puis, il y a celles et ceux qui déambulent avant de s'attarder, intrigués, à l'un des stands installés au rez-de-chaussée, en ce tout début octobre, octobre rose, mois dédié à la lutte contre le cancer du sein. Une journée de sensibilisation consacrée à la prévention, au dépistage et à la prise en charge du cancer du sein avait en effet été organisée par les Cliniques Saint-Luc, lors de laquelle les différents intervenants paramédicaux dans la prise en charge du cancer (infirmières coordinatrices, diététiciennes, kinésithérapeutes, psycho-oncologues) de l'Institut Roi Albert II, spécialisé en cancérologie et hématologie, se tenaient à disposition des visiteurs – et plus particulièrement des visiteuses - pour répondre à leurs questions. Des interrogations bien légitimes, nombreuses et variées, parfois pointues ou alors vraiment générales; souvent personnelles et de temps à autres clairement teintées d'angoisse.

De lourds antécédents familiaux

Ainsi Danielle, femme coquette au look branché, à qui l'on donnerait volontiers dix années de moins que ses 65 printemps. Si elle est là, particulièrement intéressée les informations délivrées par Delia Sofia Godoy Cortez, infirmière coordinatrice de soins en oncologie, ce n'est pas par hasard. Les questions de Danielle sont précises et, rapidement, elle livre son récit personnel à celle qui est chargée de faire le lien entre le médecin et le patient. « Je fais mes mammographies tous les ans. Il y a un mois environ, j'ai ressenti des picotements dans un sein. Je suis inquiète. Ma mère est morte d'un cancer du sein après une double ablation, et ma grand-mère aussi est décédée de la maladie. Vu mes antécédents familiaux, je suis bien suivie, s'emballe-t-elle d'une voie quelque peu fébrile. J'ai un rendez-vous chez ma gynécologue mardi, mais je venais voir s'il y avait ici des spécialistes pour le cancer du sein. Il y a moyen d'avoir les coordonnées? J'ai fait mon dernier Mammotest en janvier. Vous savez, vous, si c'est valable six mois? Un an? Et est-ce que c'est dangereux d'en faire régulièrement? ». Les questions se précipitent. On sent l'angoisse monter et les quelques larmes, qui dégoulinent sur son visage, en témoignent.

Une main posée sur l'épaule de Danielle, l'infirmière se veut rassurante. « C'est bien, il faut continuer à parler... Voyez déjà avec votre gynécologue, ce n'est peut-être rien, ces picotements. » Rassurée, munie de quelques brochures sur le Mammotest, Danielle passe à un autre stand.

Celui qui, à côté des informations sur l'accompagnement psychologique et sur l'activité physique, remporte le plus de succès est incontestablement le stand animé par les diététiciennes nutritionnistes. Est-ce le cageot de légumes placé sur la table ou le caractère ludique de la présentation qui attire le public, toujours est-il qu'il défile sans interruption. Des femmes, mais aussi des hommes, des gens de tous âges prennent le temps de s'y attarder et poser des questions de multiples questions. « Moi, pour le moment, je fonctionne à l'huile de coco; c'est bon? », interroge Marianne, 56 ans, venue avec sa copine, Karla. Après avoir joué le jeu du quiz, elles s'en sont retournées un « copion » en main. Entre les acides gras poly, monosaturés, saturés ou insaturés, il y avait matière à réviser. En ce qui concerne le cancer du sein, si l'une et l'autre se font régulièrement dépister, pas d'appréhension particulière.

Il n'en va pas de même pour Marie-Teresa, âgée de 51 ans, dont la maman a succombé à un cancer du sein à l'âge de 53 ans. « Quand on traîne un tel fardeau, on est forcément sensibilisé. Je fais des contrôles annuels depuis que j'ai 22 ans. On s'informe dès que quelque chose de nouveau sort, on est tout le temps à l'écoute,... Malgré cela, oui, j'ai appris des choses ici, comme la différence entre le cholestérol et les acides gras saturés. J'ai aussi reçu quelques petits conseils au niveau de l'alimentation pour mieux se protéger contre le cancer. »

L'activité physique, facteur protecteur

Simona, jeune femme de 38 ans, s'étonne: « Vraiment, le surpoids est un facteur de risque pour le cancer? Je savais que ce n'était pas bon pour une série de choses, mais j'ignorais complètement qu'il y avait un lien avec le cancer ».

En traitement à Saint-Luc pour un cancer de la langue, Joséphine, 70 ans, vient elle aussi s'informer. Si elle redoute le cancer du sein? Elle touche sa tête, comme si elle était de bois: « Il y a déjà eu l'utérus, il y a cinq ans, puis la langue... »

Quant à Nicky, 72 ans, ce sont les fiches détaillées sur l'activité physique qui l'attirent. Victime d'un cancer du sein en 2008, elle fait depuis du Tai-Chi, un peu de natation, de la marche pour apaiser ses angoisses, mais elle aimerait savoir quels exercices éventuellement faire en plus à la maison, compte tenu des limitations qu'elle présente au niveau des bras. Kinésithérapeute spécialisée, Ingrid de Biourge lui explique aussitôt les possibilités mais aussi l'importance d'avoir une certaine activité physique qui génère un léger essoufflement et une légère transpiration, cela pour maintenir une activité cardiaque suffisante.

« Quand on essaie d'évaluer l'activité physique des personnes, elles sont le plus souvent surprises de ne pas atteindre le niveau minimal recommandé, explique la kiné, or le maintien de l'activité physique est reconnu comme un facteur de pronostic important chez les femmes traitées pour un cancer du sein. Si la plupart d'entre elles savent que l'activité physique protège contre le cancer, beaucoup sont étonnées d'apprendre qu'il est souvent bon de bouger pendant les traitements, pour diminuer la fatigue notamment. On sait que l'activité physique pratiquée après l'annonce d'un cancer du sein est statistiquement associée à une diminution du risque de rechute. Elle a des effets positifs sur la physiologie, la composition corporelle, les fonctions physiques, conséquences psychologiques, et la qualité de vie des patients après un traitement pour le cancer du sein ».

Une information parmi bien d'autres que ce type de journée de sensibilisation sert à rappeler.

Un Manneken Pis en rose

Pink Ribbon Belgique, l’organisation nationale qui s’engage dans la lutte contre le cancer du sein, a présenté sa campagne 2015, dont l’élément central est la vente du premier ruban rose en Belgique, une création de la main d’Edouard Vermeulen (couturier de la maison Natan). On peut acheter ces rubans les parfumeries d’ICI PARIS XL, les hypermarchés de Carrefour, les magasins de quartier Spar et Alvo, les magasins de Standaard Boekhandel et Club, les bijouteries de Pandora, les magasins beauty&care de Di, les magasins de chaussures Avance, les jardineries d’Eurotuin, les librairies de Press Shop et Relay dans les boutiques de Natan.

Afin de sensibiliser davantage le public pour prêter l’attention nécessaire à la maladie, Pink Ribbon organise plusieurs événements originaux pendant les mois d’octobre et de novembre. Vendredi, Edouard Vermeulen a habillé Manneken Pis en rose : le ‘ket’ le plus connu de Bruxelles est ainsi devenu Manneken Pink.

A part la sensibilisation à la prévention et le dépistage précoce via ses communications et ses actions, Pink Ribbon collecte également des fonds auprès du grand public, par lesquels des projets concrets sont financés. Ceci se fait par le Fonds Pink Ribbon, créé au sein de la Fondation Roi Baudouin.
Il s’agit de projets qui traitent du cancer du sein et la fertilité, du cancer du sein et la reprise de travail, du cancer du sein et les risques génétiques. Cette année, un nouvel appel au projet a été lancé : la qualité de vie des patientes après un traitement chirurgical.


Plus d’informations sur www.pink-ribbon.be.

Des chiffres alarmants

Tous les ans, près de 10610 nouveaux cas de cancer du sein sont détectés en Belgique (10531 cas chez la femme et 79 cas chez les hommes), dont les trois-quarts surviennent après cinquante ans.. Il s’agit du cancer le plus fréquent chez la femme et de la première cause de mortalité chez la femme jeune. Depuis 25 ans, le nombre de cas n’a cessé d’augmenter, en particulier dans les pays occidentaux. En Belgique, une femme sur huit sera confrontée à ce diagnostic.

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