Dans les coulisses du Cirque du Soleil, le plus grand cirque du monde (PHOTOS)
- Publié le 23-05-2017 à 16h31
- Mis à jour le 23-05-2017 à 16h34
Créé en avril 2010 à Montréal, "Totem", le vingtième spectacle créé par le cirque du Soleil débarquera à Bruxelles fin août où il débutera sa tournée européenne. Pour sa deuxième collaboration avec le cirque du Soleil après "Kâ", l’auteur et metteur en scène Robert Lepage se penche sur l’évolution de l’espèce humaine.
Avant l’arrivée des 46 artistes et 70 techniciens qui animent le spectacle, nous vous invitons à découvrir les coulisses de cette fabrique de rêve qu’est le cirque du Soleil, là où sont imaginés et conçus tous les spectacles de ce qui est aujourd’hui une multinationale puisque détenue à 60 % par un fonds américain et à 20 % par un fonds chinois.
Un potager
En Amérique du Nord, tout est XXL, au Canada comme aux États-Unis. À Montréal, les hamburgers sont géants, tout autant que les verres de soda ou les centres commerciaux. Même le cirque ! Celui du Soleil, créé au milieu des années 80 par les artistes de rue Guy Laliberté et Daniel Gauthier, est installé à quelques minutes du centre-ville, dans le quartier Saint-Michel, une zone précarisée. Depuis 1997, le colosse mondial y a construit son quartier général surnommé le Studio de création. C’est là qu’ont été conçus les dix-neuf spectacles qui tournent actuellement dans le monde, dont "Totem".
Situé en face de l’école nationale du cirque, le siège social du cirque du Soleil est une ville dans la ville entièrement dédiée aux arts du cirque. L’ensemble s’étend sur 75 000 m², soit la surface de plus de dix terrains de football. On y trouve une salle capable d’accueillir les spectacles tels qu’ils sont présentés sous chapiteau. Mais aussi d’impressionnantes salles de répétition dont le studio A/B qui, avec ses 23 mètres de haut et sa surface de 1 425 m², peut accueillir la scène entière d’un spectacle et abrite un trampoline composé de 38 km de câbles métalliques tressés. Ou encore, le studio E et sa fosse remplie de 25 000 blocs de mousse capables d’amortir la plus vertigineuse chute d’un acrobate. Il y a également un studio de danse, des bureaux, des ateliers à n’en plus finir, un gymnase accessible aux artistes comme aux employés, deux cantines, une bibliothèque abritant les ouvrages ayant servi pour créer ou inspirer les spectacles, etc. Le tout est entouré de verdure et même d’un potager entretenu par les jardiniers du Cirque et dont les légumes sont servis lors des repas.
Souci du détail
Au total, ce ne sont pas moins de 1 000 personnes qui travaillent quotidiennement dans cet immense complexe. La porte d’entrée franchie, c’est un véritable dédale qui attend le visiteur. Une fois passé devant la vitrine où trône la collection de trophées attribués au cirque du Soleil, les couloirs s’enchaînent. Un peu partout, des tables sont installées. On y mange parfois, on y travaille souvent. On se croirait chez Google, sauf qu’ici on fait du cirque. Mais le plus sérieusement du monde. Parce qu’au cirque du Soleil, on a le souci du détail, de la perfection. On ne laisse rien au hasard, c’est une question de qualité mais aussi, et surtout, de sécurité.
Contrôle qualité
Chaque artiste appelé à se produire en spectacle avec le Cirque passe deux semaines au Studio de création de Montréal. Ils sont logés dans des appartements intégrés au complexe. Pendant leur séjour, ils seront coachés sur le plan artistique et acrobatique. Ils seront mesurés de haut en bas, de droite à gauche pour qu’on puisse leur confectionner des costumes taillés au millimètre près. Et ils apprendront à se maquiller eux-mêmes. Comptez 45 minutes en moyenne avant chaque représentation. Et personne n’y échappe, y compris les enfants qui jouent dans le spectacle "Nouba". Il faut dire qu’avec 900 à 1 000 artistes se produisant toutes les 24 heures dans le monde, on imagine le nombre de maquilleurs et de maquilleuses que cela demanderait. Chacun se voit remettre un book personnalisé décrivant étape par étape (parfois plus de 60 !) la marche à suivre pour un maquillage parfait. Le tout faisant l’objet de contrôles qualité réguliers.
L’engagement citoyen du Cirque du Soleil
Le Cirque du Soleil n’est pas qu’une machine à fabriquer du rêve. Depuis 22 ans, l’entreprise québécoise soutient et développe des projets à vocation sociale. A travers son programme Cirque du monde et l’organisme Jeunesse du monde, elle s’adresse aux jeunes de 8 à 25 ans en situation précaire. Il s’agit, via les techniques du cirque et une pédagogie d’intervention, de redonner confiance aux jeunes, de leur faire prendre conscience de leurs forces et des talents insoupçonnés qui sont en eux.
"Quand le Cirque a commencé à faire des profits (il ne reçoit plus aucune subvention publique ou privée depuis 1992, NdlR), il a voulu rendre à la communauté ce que celle-ci lui a apporté, explique Emmanuel Bochud, en charge des programmes, des partenariats et des relations dans les communautés et instructeur depuis 21 ans. Face aux problématiques sociales, nous cherchons à voir si les arts du cirque peuvent apporter une aide."
Les réfugiés
Cet engagement citoyen a commencé par le quartier précarisé de Saint-Michel où le Cirque du Soleil a installé son siège social en 1997. Un programme toujours actif aujourd’hui qui concerne 8 écoles et plus de 800 enfants par an. "Tout a débuté avec deux clowns qui sont partis avec leurs valises", explique Emmanuel Bochud, alors qu’en 2016, Cirque du monde a soutenu 500 organismes partenaires, développé 13 formations, formé 280 instructeurs et touché pas moins de 30 000 jeunes dans le monde. Des accès privilégiés pour les spectacles du Cirque du Soleil sont également offerts aux organismes soutenant les jeunes en difficultés. L’an dernier, ça a représenté plus de 20 000 billets d’entrée.
En Belgique
Menées en tandem avec des travailleurs sociaux, les actions de Cirque du monde sont parfois inattendues. Elles s’invitent dans les hôpitaux auprès des jeunes anorexiques. "La pratique des pyramides humaines montre à ces jeunes quel est le rapport au poids, comment on peut se porter, s’aider, et ce qu’est la prise de risque." En Finlande, les arts du cirque rapprochent les personnes âgées placées - et donc loin de leurs familles - des réfugiés qui connaissent le même éloignement. En Afrique du Sud, les actions ont touché les jeunes nés avec le virus du sida afin de les motiver à suivre leur traitement, tandis qu’en Australie, elles ont concerné les femmes victimes de violences sexuelles.
Chez nous, le projet "Complicités" concerne les autistes, tandis que dans le cadre de la venue de "Totem" en Belgique, des ateliers avec les artistes sont prévus pour de jeunes Belges.
À savoir
Cet été, la Belgique aura le privilège d’être le premier pays européen à accueillir la tournée du spectacle "Totem". Créé par Robert Lepage pour le Cirque du Soleil, il retrace l’évolution depuis l’état primitif d’amphibien jusqu’au rêve ultime de l’homme, celui de voler, ainsi que ses relations avec les autres espèces.
Où : à Brussels Expo.
Quand : du 31 août au 8 octobre
Réservation : www.cirquedusoleil.com/fr/totem