Abattage rituel: gare à l’instrumentalisation

Interdire l’abattage rituel, sans étourdissement des moutons, en Belgique ? Et si oui, où ? L’édito de Béatrice Delvaux.

Editorialiste en chef Temps de lecture: 2 min

Interdire l’abattage rituel, sans étourdissement des moutons, en Belgique ? Et si oui, où ? Que la question se pose n’a rien d’indécent ou d’outrageux. Alors que le bien-être animal devient une préoccupation dans nos sociétés, au point d’en charger spécifiquement des ministres, il est normal et presque politiquement obligé de s’interroger sur et/ou de vouloir réguler l’égorgement de moutons, au même titre que le gavage des oies ou la cuisson du homard.

A la cruciale différence près cependant qu’il s’agit, pour le mouton, de cadenasser, voire de s’opposer à une pratique relevant d’une croyance religieuse et non d’une « simple » habitude alimentaire. Ce qui exige beaucoup plus de réflexion avant de se lancer dans des déclarations matamoresques ou des interdits expéditifs, et impose de consulter, de s’informer, de proposer, de négocier avant, le cas échéant, de décider et d’imposer. Au risque sinon d’accentuer le sentiment de rejet d’une religion et la stigmatisation de ceux qui la pratiquent.

Or c’est tout l’inverse qui est en train de se dérouler avec, en prime – nous sommes en Belgique –, la cacophonie née de l’absence de coordination entre les Régions. Le politique, dans l’instant, a tout faux. La méthode utilisée pour gérer le problème n’est pas la bonne, le timing n’est pas le bon – on lance ce débat à quelques semaines de la fête de l’Aïd alors qu’il est impossible d’organiser des alternatives et de consulter les parties concernées. Mais, de plus, les motifs qui guident certaines déclarations ne sont, eux non plus, pas les bons. Ainsi, par exemple, comment interpréter autrement qu’électoralement – la chasse aux voix du Vlaams Belang – la surenchère dans les déclarations de Ben Weyts, ministre flamand (N-VA) du Bien-être animal, qui dit sa volonté d’interdire partout en Belgique l’abattage rituel sans étourdissement ? N’a-t-on vraiment rien compris ? Pourquoi, à quelques semaines d’une échéance, se payer un petit coup de marketing électoral sur une matière sensible – quasi explosive désormais – plutôt que de travailler à temps et heure, dans la sérénité, sur le fond, à l’élaboration d’une solution qui tienne compte de toutes les complexités, sans risquer de tomber dans le piège de la schizophrénie et de mettre de l’huile sur un feu religieux qui n’en demande pas tant ?

 

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