City Mall Development se tourne vers la Pologne et l’Italie

Le patron

de L’Immobilière Huon, Patric Huon revient

sur la fin du partenariat entre sa société

et Banimmo.

Elles étaient associées notamment pour

la construction d’un centre commercial

à Verviers et à Namur.

Des projets sont

envisagés à l’étranger.

Journaliste en charge du Soir Immo Temps de lecture: 5 min

La semaine dernière, un communiqué annonçait la fin du partenariat entre le groupe L’Immobilière Huon et la société cotée en Bourse Banimmo. Les deux entités étaient associées dans le groupe City Mall, essentiellement pour le développement des projets Au Fil de l’Eau, à Verviers, et Côté Verre, à Namur.

Dans les faits, ces deux projets de centres commerciaux seront développés à l’avenir par Urbanove, le nouveau nom donné à l’ancienne filiale City Mall Invest avec laquelle Patric Huon n’a désormais plus rien à voir. Ce dernier a par contre racheté les 25 % du capital que Banimmo détenait dans City Mall Development, la société faîtière du groupe, pour en être à présent l’unique patron puisqu’il en détient du coup l’entièreté du capital.

C’est à travers City Mall Development que Huon et ses troupes vont poursuivre et étendre leurs activités dans les mois et les années à venir.

Sans vouloir trop s’étendre sur ses projets, Patric Huon a toutefois accepté de lever un coin du voile sur ses ambitions futures. La première concerne le développement d’un retail park de 30.000 m2 dans une ville de 350.000 habitants située à l’est de Varsovie. La seconde sera davantage tournée vers le soleil du Sud puisqu’elle se concentrera sur une ville de Sicile où sera construit un centre commercial de 45.000 m2. Au total, les deux investissements approcheront les 120 millions d’euros. « Sur un des deux dossiers, un permis existe déjà mais il devra être modifié pour être adapté à ce que nous voulons y faire, explique Patric Huon. J’espère présenter les deux projets au Mapic. »

Voilà pour le futur, auquel il faut bien sûr ajouter l’extension des Grands Prés, à Mons. Aux 45.000 m2 existants à l’heure actuelle, CMD en ajoutera 55.000 autres, avec l’arrivée notamment d’Ikea, dont ce sera la première présence en Belgique (et la deuxième seulement en Europe) au sein même d’une galerie marchande. « L’extension des parkings a démarré et dans deux semaines, nous donnerons les premiers coups de massue pour démolir les parties du centre commercial sur lesquelles viendront se greffer les extensions, et notamment celle qui accueillera un Atrium devant servir de jonction entre Ikea et le Carrefour, précise Patric Huon. Aux Grands Prés, nous sommes entrés dans le concret, et je vous avoue que ça fait du bien d’avoir un peu de terre sur ses chaussures ! »

On peut comprendre l’homme d’affaires wallon. Voilà douze ans qu’il a imaginé le centre commercial de Verviers. Douze ans ! « Je l’ai présenté pour la première fois au Mapic 2002, se souvient-il. Aujourd’hui, on vient de vider les armoires de tous les documents de ce dossier. Alors, oui, ça fait drôle… »

La raison de ce délai exagérément long ? Deux recours qui ont fait traîner la procédure en longueur. « Au total, on aura travaillé sur trois permis, explique Patric Huon. Jusqu’à l’obtention des permis définitifs, nous avons flirté avec un capital à risques de 70 millions d’euros. Dix-sept personnes ont été mobilisées pour faire avancer les choses et depuis 4 ou 5 ans, elles travaillaient sur Verviers du matin au soir… »

Aujourd’hui, Au Fil de l’Eau n’a plus qu’à être construit pour être revendu une fois le centre commercial ouvert. Alors pourquoi quitter le navire au moment précis où le port est en vue ? « Parce que nous nous sommes retrouvés à la croisée des chemins, déclare Patric Huon. Les travaux peuvent enfin commencer, mais ils dureront 42 mois. Et il faudra encore attendre quatre ans pour l’inauguration. Si l’on y ajoute les 12 années déjà passées, on comprendra qu’une rentabilité exceptionnelle n’est pas possible. Quand Au Fil de l’Eau ouvrira ses portes, récupérer un peu plus que sa mise de départ sera déjà une très bonne chose. Mais pour réussir la vente, auprès d’un bon fonds de pension par exemple, il faudra prendre son temps. D’abord pour bien construire le centre commercial, puis pour bien le revendre. »

Pour ce faire, une augmentation de capital était nécessaire. Patric Huon ne veut pas dévoiler le chiffre mais la somme n’avait finalement que peu à voir dans la manœuvre puisque l’essentiel était ailleurs : consacrer toute son énergie future (et ses moyens financiers) à d’autres fins, c’est-à-dire sur d’autres prédéveloppements qui ont été menés par ses lieutenants parallèlement aux dossiers en cours en Belgique. « J’ai 61 ans, mon fils qui travaille à mes côtés en a 38 et la moyenne d’âge de l’équipe qui l’entoure se situe entre 35 et 40 ans, dit-il calmement. Par respect pour eux, j’ai voulu me séparer de Verviers et de Namur pour pouvoir développer d’autres projets, en Pologne et en Italie, mais aussi, pourquoi pas, en Belgique. Quand on arrive au bout des prédéveloppements, il faut prendre une décision si on veut les transformer en développements. C’est ce que j’ai fait… »

Du divorce avec Banimmo, le patron de City Mall Development explique qu’il a été « extrêmement agréable », en précisant tout de même que « si on divorce, c’est qu’il y avait des divergences de vues ». Des regrets ? « Je n’en ai aucun, prétend Patric Huon. Primo, en ce qui concerne Verviers et Namur, je fais toujours partie des prêteurs et je toucherai ma part lors des reventes. Secundo, pendant maximum un an, deux personnes de mon staff assisteront Banimmo pour la poursuite des projets : une juriste et la commerciale qui s’occupe d’Au Fil de l’Eau. Beaucoup d’engagements ont été pris, avec les Villes, l’Union des classes moyennes, les commerçants… Nous n’abandonnons pas complètement le bébé… »

Le Mapic 2002 est un lointain souvenir mais la semaine prochaine, Patric Huon sera encore et toujours présent sur la Croisette pour l’édition 2014. Il sera toujours aussi courtois, mais sans doute plus léger qu’il y a un an. « Je ne vous cache pas que je suis soulagé, concède-t-il avant de prendre congé. Après avoir vendu Verviers et Namur, parce que finalement c’est ce que j’ai fait, je n’ai plus aucun engagement financier. Mieux même, j’ai à ma disposition des liquidités et une excellente équipe. C’est formidable ! »

 

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