Gouvernement wallon : Défi remballe déjà MR et CDH

Mathieu Colleyn

C’est l’espoir du CDH et du MR: que la dynamique d’accord à laquelle sont parvenus les présidents Benoît Lutgen et Olivier Chastel en Wallonie ait un effet d’entraînement sur la situation politique de la Région bruxelloise où, rappelons-le, libéraux et humanistes n’ont pas de majorité au Parlement régional.

Une situation réglée à Bruxelles permettrait, dans un second temps, de modifier les équipes à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Objectif : une cohérence au niveau francophone. Mais cet effet d’entraînement tant désiré requiert toujours de convaincre le parti Défi et son président Olivier Maingain (tous deux incontournables) de rompre avec la majorité qu’ils continuent de soutenir, avec le PS, l’Open VLD, le SP.A et le CD&V à Bruxelles. L’accord de mardi n’aura pas de conséquences à court terme au niveau bruxellois. Le MR n’annonce aucune initiative cette semaine alors qu’Olivier Chastel a prévu de prendre des vacances au début du mois d’août. On verra donc à la rentrée. "La balle est toujours dans le camp de Défi, on verra si Olivier Maingain continuera d’entretenir l’immobilisme au niveau de l’enseignement et de la culture", dit-on chez les libéraux.

Quinze pages de mots creux, pour Gosuin

Interrogé par "La Libre" mardi, le ministre bruxellois de Défi, Didier Gosuin, n’a pourtant pas attendu pour renvoyer vertement Olivier Chastel et Benoît Lutgen à leurs études. "C’est vague, c’est creux, il n’y a rien là-dedans, ce sont juste des phrases, quinze pages de wording", lâche-t-il au sujet de l’accord longuement présenté par les deux présidents. "En matière de gouvernance, ils sont largement en deçà des textes déposés à Bruxelles par plusieurs partis, ajoute Didier Gosuin. La rationalisation présentée est plus que vague". Les 200 mandats supprimés ? "Ridiculement bas", estime-t-il encore.

Bref, le positionnement de Défi ne change guère. Sollicité un peu plus tôt par "La Libre", Vincent De Wolf, chef de groupe MR au Parlement bruxellois, réitérait son appel à Olivier Maingain. "Il faut saisir cette opportunité historique de responsabilité, nous ne pouvons pas rester dans l’immobilisme", implorait-il, évidemment ravi de l’accord intervenu côté wallon. Jusqu’à la semaine dernière, le gouvernement bruxellois a fonctionné de manière pratiquement normale. Céline Fremault, la ministre CDH de l’Environnement et du Logement, n’est pas démissionnaire et continue de "faire le job", malgré ses appels à un changement de majorité. Le catalogue de mesures de gouvernance décliné mardi par Olivier Chastel et Benoît Lutgen "correspond à ce que je souhaite pour Bruxelles", persiste le député bourgmestre d’Etterbeek Vincent De Wolf. "Je suis certain que ces mesures peuvent être acceptées par Défi et Olivier Maingain avec qui je partage un certain nombre de valeurs…". C’est la pierre angulaire d’un accord potentiel avec les amarantes pour faire basculer les majorités à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Olivier Maingain n’a eu de cesse, ces dernières semaines, d’exiger des autres partis des efforts à la hauteur des scandales en matière d’éthique politique et de gouvernance comme préalable à toute forme de négociation. Et c’est avec les écologistes, qui ne sont pas candidats au pouvoir, qu’il a formalisé des convergences en la matière. Des propos très durs ont continué d’être tenus à l’égard du président du CDH Benoît Lutgen, rendu responsable d’un chaos politique qui, à Bruxelles, ouvrirait la porte à la N-VA, répétait Didier Gosuin. "Si un militant ou un électeur de Défi estime que c’est cela qu’il souhaite, qu’il m’écrive un mail pour me le dire", ajoute le ministre bruxellois. A ce stade, le projet wallon ne semble pas permettre à Défi d’ouvrir sa porte au MR et au CDH. "Il manque deux symboles forts, le décumul et l’intégration des mandats privés dans le plafond de rémunérations des mandataires publics", relevait déjà un libéral mardi. Olivier Maingain n’a pas répondu aux appels de "La Libre".

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