Alvarez: "Je n’aurai pas grand-chose à leur dire…"
À Andorre, le sélectionneur déplace lui-même les buts avant l’entraînement.
- Publié le 08-10-2015 à 22h11
- Mis à jour le 09-10-2015 à 07h13
À Andorre, le sélectionneur déplace lui-même les buts avant l’entraînement. "Franchement, je ne sais pas qui a le job le plus difficile entre Wilmots et moi. Sur le fond, c’est à peu près le même travail. Mais tactiquement, ça n’a vraiment rien à voir…"
Voilà un bon résumé de la tâche de Koldo Alvarez, le sélectionneur andorran. S’il a un vrai staff de quatre personnes autour de lui, il est bien obligé de mettre aussi la main à la pâte. Avant l’entraînement, on l’a ainsi vu déplacer lui-même l’un des buts, avec un responsable du matériel. "Mais effacez la photo", demande-t-il d’un ton sec au seul photographe présent ce soir-là. Parce qu’il ne veut surtout pas qu’on se moque de lui. Ou de son équipe.
Quelques minutes avant le début de la séance, il nous confie quelques mots. À ce moment-là, les deux seules personnes présentes sont deux journalistes belges. Et pour cause : le seul journaliste sportif attitré d’Andorre a pris congé cette semaine…
"J’ai une petite idée du onze belge", nous confie cet ancien joueur de l’Atlético Madrid. "Mignolet… Mounière", dit-il en espagnol pour parler de l’arrière droit belge. On débat sur le nom de l’attaquant de pointe. "Depoitre est plus mobile que Lukaku en pointe ? Moi, j’aurais mis Origi !"
Alvarez a bien fait ses devoirs. Sans se faire d’illusion, il a minutieusement préparé le match. "À l’aller à Bruxelles, on en a pris six mais beaucoup de buts étaient évitables. Je n’aurai pas grand-chose à dire à mes joueurs avant ce match. Je veux juste qu’ils entrent sur le terrain avec les idées claires et qu’ils défendent le mieux possible. On sait qu’on sera très souvent dans notre moitié. Mais on ne doit pas douter. Plus longtemps on tient le zéro, plus les Belges vont ressentir la pression. Après, on pourra toujours profiter d’une phase arrêtée…"
Bienvenue chez les petits
La nuit est tombée et on ne voit plus les montagnes qui surplombent la vallée. La lumière des spots, placés sur quatre grands bras métalliques qui rendent la ville d’Andorre-la-Vieille encore plus laide, éclaire les quelques chauves-souris survolant la pelouse et les joueurs andorrans, à peine arrivés pour l’entraînement du soir. Deux gars en jeans viennent de leur apporter les ballons et les bouteilles d’eau. Une joggeuse, qui a vu de la lumière, entre comme dans un moulin au bord de la pelouse et observe le début de l’échauffement.
Le stade est pour le moins pittoresque. Il comporte au total trois petites tribunes, pour un total de 3.500 places qui seront toutes occupées samedi soir. Les lignes du terrain de rugby - sport plus populaire auprès de l’élite andorrane - ont laissé place au traçage du foot mais sont encore un peu visibles. On imagine facilement qu’ici, quand un essai est transformé, on doit souvent perdre le ballon, notamment dans la rivière qui se trouve derrière l’un des buts. Impossible en effet de placer un filet de protection : l’Estadi Nacional n’est pas prévu pour cela. Jamais on n’avait vu une si petite arène pour accueillir un match à enjeu entre deux sélections nationales.
Le terrain, "le plus mauvais" sur lequel Gareth Bale ait joué de son propre aveu, n’est pas si catastrophique que cela. Ce n’est pas celui de Saint-Trond, mais on a déjà vu pire.
Les Andorrans ont beau être 205es sur 208 au classement Fifa, ils n’ont pas trop l’air d’amateurs sur le terrain. Ce n’est pas Spouwen-Mopertingen. On les sent appliqués.
Beaucoup d’entre eux ont en fait le statut de semi-professionnel et évoluent notamment en D3 espagnole. D’autres ont préféré garder une profession sur le côté. On retrouve ainsi dans le noyau un mécanicien, un surveillant d’enfants et un serveur.
Ce qui ne les a pas empêchés, dans ce même petit stade, de donner du fil à retordre au pays de Galles (1-2, avec un but de Bale à la 81e). Pas si mal, vu leurs petits moyens…
Avec les Belges, la population d’Andorre-la-Vieille va augmenter de 5 %
Outre la "banalisation du succès" que dénonce Marc Wilmots, reconnaissons que l’Estadi Nacional d’Andorre-la-Vieille n’est pas le cadre rêvé pour fêter une qualification. Un stade champêtre de 3.500 places, presque trois fois moins qu’au Kuipje de Westerlo par exemple, et une ville qui ressemble à la Suisse profonde avec ses montagnes, ses banques et ses habitants paisibles.
On est loin de l’immense stade Maksimir de Zagreb et des charmes de la Croatie…
Les sponsors et dirigeants de la Fédération ont d’ailleurs préféré loger à Barcelone, à 2 h de route au sud, histoire d’avoir une vie nocturne plus animée…
Heureusement, plus de 1.200 belges seront quand même dans la capitale de la Principauté située entre la France et l’Espagne.
Et vu ce que la Fédération d’Andorre annonce comme vente de tickets, il y aura plus de supporters de chez nous dans ce match à l’extérieur. Nul doute que cette délégation fera du bruit dans les rues d’Andorre-la-Vieille et ses 22.000 habitants en cas de qualification. Il est vrai que la population aura subitement augmentée de 5 % dans la ville…