Vladimir Poutine, ou la politique de la canonnière?

L’édito de Maroun Labaki.

Chef du service Monde Temps de lecture: 3 min

Il faut, toutes affaires cessantes, combattre Daesh ! Le pseudo-Etat islamique, c’est la négation du progrès de l’Homme, c’est une monstruosité d’un autre temps, mais servie par internet et les réseaux sociaux.

De la nécessité d’en découdre avec ces djihadistes furieux, tout le monde convient. On pourrait déjà les affaiblir en les éjectant de certains circuits. Ils vendent du pétrole. Et achètent des armes. Grâce à qui ? Cessons de faire comme si nul, parmi nos alliés de la Péninsule arabique, Golfe compris, n’attisait les braises sunnites…

Pourtant, contre Daesh, la communauté internationale se lève en ordre dispersé. A telle enseigne que le ciel syrien semble être devenu un endroit très dangereux – sans que l’on puisse à cet égard directement incriminer les djihadistes. Les avions de la coalition « américaine » peuvent maintenant y tomber nez à nez avec des chasseurs français (depuis dimanche) ou russes (depuis mercredi), sans compter les appareils de l’armée de l’air de Bachar el-Assad, toujours prêts à larguer quelques barils d’apocalypse sur les pauvres civils syriens.

L’Europe est par nature un soft power. Et Barack Obama, par nature, rechigne à bander ses muscles. La Russie en a profité

A la pagaille s’est ajoutée la guerre psychologique… entre adversaires de Daesh ! Les « Occidentaux » accusent l’armée russe d’avoir délibérément visé d’autres rebelles anti-Assad que les djihadistes de Daesh, ce que le Kremlin nie avec indignation.

Ce samedi 3 octobre, l’Allemagne célèbre les vingt-cinq ans de sa réunification. Il est loin le temps de la Guerre froide. En tout cas, on aimerait tant s’en convaincre ! – et considérer les Russes comme nos voisins, nos partenaires, voire nos alliés dans l’architecture de l’Europe de demain.

On n’en est pas là, hélas ! Que Vladimir Poutine veuille défendre les intérêts de la Russie au Moyen-Orient, et ses bases militaires en Syrie, c’est… de bonne guerre. Qu’il veuille prendre une revanche après l’épisode libyen, c’est déjà moins convenable. Pour rappel : les Occidentaux avaient tiré profit d’un feu vert du Conseil de sécurité, consenti par le Kremlin, pour lancer une guerre totale contre le régime Kadhafi.

Voler au secours d’un tyran aux abois, d’un « déjà paria » ayant plus de sang sur les mains que tous les rebelles syriens réunis, c’est une autre affaire ! Et avec une précipitation qui en dit long sur la débandade de l’armée syrienne…

L’Europe est par nature un soft power. Et Barack Obama, par nature, rechigne à bander ses muscles. La Russie en a profité, l’année dernière, pour porter le fer en Ukraine et annexer la Crimée. Il ne faudrait qu’elle prenne le pli de recourir aux faits accomplis militaires.

 

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