De Hepburn à Pirenne, un dictionnaire du protestantisme belge
Ce dictionnaire remonte aux origines mais célèbre aussi sa présence dans la Belgique contemporaine. On y croise l'historien Henri Pirenne, mais aussi la célèbre actrice Audrey Hepburn.
- Publié le 22-10-2014 à 19h49
- Mis à jour le 23-10-2014 à 12h34
Historien du protestantisme, le pasteur Hugh Robert Boudin avait publié il y a deux ans un passionnant ouvrage sur la participation des protestants à la résistance au nazisme. Voilà qu’il nous revient entouré d’une équipe de 24 auteurs avec un impressionnant dictionnaire historique du protestantisme en Belgique. Un ouvrage qui compte 1054 entrées couvrant les faits et gestes des protestants depuis l’exécution de leurs premiers martyrs en 1523 sur la Grand’place de Bruxelles jusqu’à la célébration des 175 ans du Synode de l’Eglise protestante unie…
Du martyre à la résistance
Pour le secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Belgique Hervé Hasquin "la parution d’un tel dictionnaire n’a que trop tardé et assurera, enfin, une connaissance plus approfondie d’une famille spirituelle qui fait partie sans conteste du paysage intellectuel et social de notre pays". De fait, même si aujourd’hui le protestantisme est minoritaire, il a compté dans ses rangs depuis bientôt cinq siècles d’éminentes personnalités qui ont joué un rôle important. Le martyre d’Henri Voes et de Jean Van Essen envoyés au bûcher parce qu’ils voulaient seulement vivre une existence fidèle à l’esprit des Evangiles n’était plus guère connu. Pas davantage que la résistance à répétition dans laquelle sont (r) entrés les protestants, de la Contre-Réforme à aujourd’hui dans une société marquée par la grande empreinte du catholicisme. Rien que cela mais aussi le fait qu’une certaine réserve des protestants eux-mêmes sur leurs engagements sociétaux ne pouvait qu’inciter la Société royale d’Histoire du protestantisme belge et Prodoc, le centre de documentation attaché à la Faculté universitaire de théologie protestante à faire appel à des spécialistes de tous horizons.
Des poids lourds politiques
Qu’en retenir ? Que des protestants éminents ont occupé des positions importantes dans la vie parlementaire belge tout en jouant un rôle sur la scène internationale…
Ce fut le cas du député libéral Paul Hymans qui deviendrait plus tard ministre mais serait aussi le premier président de la Société des Nations, l’ancêtre de l’Onu; dans la même veine se situa Jean Rey (deuxième en partant de la gauche sur l'illustration ci-dessus), grand militant wallon et ardent défenseur de la construction européenne.
Très impressionnante aussi est la place des femmes. Si une minorité d’entre elles furent des dames d’œuvres, moult autres jouèrent un rôle de pointe dans les combats pour l’émancipation, contribuant à un avenir meilleur sur le plan social, éducatif, émancipateur et scientifique.
Fille de pasteur et communiste
On a pointé ici Isabelle Blume, fille d’un pasteur de Baudour et promotrice du slogan "A travail égal, salaire égal". Elle fut députée de 1936 à 1954. Socialiste, elle fut exclue du Parti et rejoignit le Parti communiste… A l’autre bout de l’échelle sociale, plusieurs Boël professaient aussi la foi des Réformés. Tout financiers qu’ils étaient, ils contribuèrent à l’émancipation culturelle générale.
L’histoire du protestantisme belge croise aussi celle de la franc-maçonnerie. Logique : il y a une réelle connivence entre les laïques et les protestants attachés au libre examen. Et le fameux Eugène Goblet d’Alviella, éminent représentant du Grand Orient, était considéré comme un "théiste rationaliste".
Enfin, on y croise… Audrey Hepburn. La jolie actrice née à la rue Keyenveld à Ixelles fut une icône protestante jusqu’à son dernier souffle…
"Dictionnaire historique du Protestantisme et de l’Anglicanisme en Belgique du XVIe siècle à nos jours", Mémogrammes et Prodoc, 464 pp, 80 €