Le « Banksy de Donetsk » illustre les tortures commises par les pro-russes
Arrêté pour ses graffitis satiriques, Sergueï Zakharov a connu un véritable cauchemar en détention.
- Publié le 23-10-2014 à 16h54
- Mis à jour le 23-10-2014 à 17h56
Arrêté pour ses graffitis satiriques, Igor Strelkov a connu un véritable cauchemar en détention. Ses œuvres ont largement été diffusées sur les réseaux sociaux cet été. Il s'est fait connaître en dessinant sur les bâtiments de Donetsk. L'artiste ukrainien représentait les insurgés avec des visages de clown ou des têtes de mort. Il a aussi osé tracer le commandant Igor Strelkov, l'une des figures séparatistes de la ville, avec un pistolet placé sur la tempe et ce message: « Just do it ».
Bien entendu, Sergey Zakharov était conscient du risque de représailles pour ses graffitis satiriques envers les combattants pro-russes. Mais, il ne s'attendait pas non plus à ce qu'il a subi durant six semaines. Au début du mois d'août, celui qu'on surnomme le « Banksy de Donetsk » (en référence au célèbre artiste de « street-art ») a été arrêté. Aujourd'hui en sécurité à Kiev, il raconte, via un livre d'illustrations, ses conditions de détention et les tortures subies, rapporte le site Foreign Policy à qui il a fourni quelques croquis.
Enfermé dans une boîte en fer au soleil
Ces dessins en noir et blanc décrivent notamment la manière dont Sergey a été appréhendé, battu et confiné dans des locaux miteux. Ses ravisseurs ont utilisé des matraques, lui brisant plusieurs côtes, durant dix jours. "Au milieu de la nuit, parfois les gardes se saoulaient et venaient chercher certains prisonniers pour nous emmener dans un autre bâtiment. Là, ils nous frappaient à nouveau", raconte l'artiste au site américain. "Après une série de coups, j'ai été placé dans une minuscule boîte en fer et laissé durant deux jours sous le soleil brûlant, j'ai perdu la conscience", ajoute-t-il. Lors d'une séance de tortures, les séparatistes pro-russes lui ont d'ailleurs dit de se préparer à mourir, lui posant un pistolet sur la tête. Une autre fois, ils l'ont menacé de lui couper l'oreille avec un couteau.
Après sa détention et un séjour à l'hôpital (dix côtes brisées!), Sergey Zakharov voulait fuir Donetsk avec sa petite amie. Mais ses ravisseurs avaient conservé son passeport. Alors, il est retourné à l'endroit où il a été torturé et a été arrêté pour la seconde fois. Après les pressions exercées par sa famille et ses amis, il a été libéré et s'est installé à Kiev. Le retour à la vie normal est loin d'être évident après tout ce qu'il a vécu. Pourtant, l'artiste poursuit son travail et espère publier bientôt un recueil de dessins.