Cannes: "Good Time" des frères Safdie, la daube du festival

Fernand Denis

Quel est le lien entre une paire de ciseaux et une poêle à frire ? « C 'est dangereux » répond le jeune homme à son psy, intrigué par la réponse. Robert Pattison, très agité, déboule alors dans le cabinet, insulte le thérapeute et emmène son frère, visiblement retardé. C'est qu'il a prévu une activité : braquer une banque. Un papier va et vient sous l'hygiaphone et ils repartent avec 65.000$. Mais le frérot se fait pincer une heure plus tard. Dès lors, Robert Pattison est prêt à tout et surtout à n'importe quoi pour le faire sortir de prison.

« Good Time » propose le trajet inverse des films d'Almodovar. Le cinéaste espagnol met le spectateur en contact avec des personnages borderline, transgressifs, qui ne suscitent aucune sympathie au départ et pourtant, on sortira du film bouleversé. Les frères Safdie imposent une empathie immédiate pour ce frère protecteur. Mais plus on avance, plus on s'en désintéresse et à la fin, on s'en fout. Humainement, ce n'est pas un film très agréable à regarder.

Artistiquement, non plus. Pourtant, on peut réussir des films géniaux avec des ratés, des dudes, des marioles. Les frères Coen le démontrent quasiment à chaque fois. Mais ils ont du talent, les frères Safdie n'en ont pas. Ils se prennent pour Scorsese ou Tarantino mais sont juste capables de monter le son pour créer la tension. On coupe la musique, y a plus de scène.

Et puis les Coen ont des acteurs. John Turturro, George Clooney, Jeff Bridges sont des givrés de compétition. Robert Pattison s'agite en nous regardant et semble nous dire à chaque plan : T 'as vu ce que je sais faire en baraki ! Ça mérite le prix d'interprétation, non ? Franchement Robert, t'es bien meilleur dans « Dior Homme ».

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