Une monnaie pour apprendre aux migrants à revivre (presque) normalement

Angélique Kourounis
Une monnaie pour apprendre aux migrants à revivre (presque) normalement

Adroite dès que l’on entre dans le centre situé sur les hauteurs de l’île de Lesbos, une école peinte en rose bonbon. On y apprend le grec, l’arabe et l’anglais. Des bénévoles israéliens mais aussi des réfugiés syriens, enseignants dans leur vie d’avant, assurent les cours. A gauche, à côté de la roulotte bibliothèque peinte en bleu, des gros pneus transformés en balançoires, plus loin des hommes s’affairent pour la construction d’un nouveau baraquement. Entre les deux, un bâtiment en dur, c’est le lieu de vie du centre avec son café, son coiffeur, son couturier, une aire de jeux pour les enfants, un espace réservé aux femmes et un cabinet de consultation médicale. Le tout forme le Swiss Cross Community center. Le seul camp de réfugiés en Grèce construit par et pour les migrants. "Nous leur donnons les outils et les moyens et c’est eux qui construisent un camp à leur mesure en fonction de leurs besoins", explique Achilleas Pekleris un volontaire grec.

Le Swiss Cross drachma

Mieux, dans ce camp circule une monnaie, la "Swiss Cross drachma" créée par Fabian Bracher, un jeune ex-banquier suisse. "Ces gens n’ont pas besoin de vêtements, de chaussures, de charité. Ils ont besoin de normalité et de dignité", dit-il. "C’est ce qu’ils nous ont demandé." Du coup, chaque jour, les réfugiés reçoivent deux "Swiss Cross drachma", qui leur permettent d’aller chez le coiffeur, le couturier, s’acheter une cigarette, un vêtement ou un café. Ils choisissent ce qu’ils vont faire, ils ne subissent pas.

"Avec les Swiss Cross drachma les gens peuvent même aller dans une taverne de l’île, chez Home Nikos et Katerina prendre un repas", s’exclame plein d’enthousiasme Fabian qui veut prochainement ouvrir une petite échoppe avec du riz, de la farine, du shampoing, du savon et quelques autres produits de première nécessité pour que les gens puissent faire leurs courses comme tout un chacun.

"Ce camp, c’est ce dont nous avons besoin, nous confie Djemila, jeune Syrienne d’une trentaine d’années qui attend depuis six mois de savoir quel va être son statut. "Je dors au camp de Moria, plus bas. Là, on est traités comme des animaux. Ici on redevient humains." A.K., à Athènes

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