À Ittre: «En dix minutes, un véritable torrent s’est formé» (photos et vidéos)
« En dix minutes, un véritable torrent s’est formé : on a sauvé notre voiture in extremis, et on a juste eu le temps de prévenir notre voisin direct. Pour les véhicules des autres habitants de la rue, il était déjà trop tard. Le courant avait une force incroyable, et l’eau arrivait de partout. Elle est montée jusqu’à deux mètres dans le jardin, et au moins 1,2 mètre à l’intérieur de la maison. En gros, on a tout perdu… »
Le by-pass et les aménagements anti-crues auquel la commune a procédé ces dernières années n’ont servi à rien dans ces conditions. La force de l’eau a même fait sauter toutes les taques d’égout dans les rues les plus basses de la localité.
L’électricité a été coupée dans une partie du village, nécessitant d’évacuer certaines habitations. Un centre d’hébergement a été ouvert à la salle Planchette pour accueillir temporairement les sinistrés, dont certains ont été sortis de leurs habitations dans l’urgence avec les moyens du bord, dont… une pelleteuse dont la pelle servait de nacelle de fortune.
« Mais qu’est-ce que cette voiture fait là ? »
Plus loin, dans le village, d’autres habitants ont été piégés dans un restaurant. Et ils n’ont pu que constater les dégâts.
La terrasse, avant-après
Une voiture emportée par le courant
Un véritable torrent
Une moto submergée
A l’arrière et puis à l’intérieur où les frigos flottaient
L’eau s’est engouffrée dans les habitations, à tel point que le niveau était parfois plus haut à l’intérieur qu’à l’extérieur
La marque laissée par l’eau sur les murs témoigne de la montée.
Le torrent dans le fond de l’image et, au premier plan, l’égout qui refoule
Photos et vidéos : Julien Devisscher
Un spectacle désolant à la tombée de la nuit
Une fois l’eau retirée, à la tombée de la nuit, le spectacle était désolant. Une partie des accès au village était impraticable pour les voitures, vu les quantités de boue accumulées sur les voiries.
Dans le centre d’Ittre régnait une odeur de boue et de mazout, les citernes ayant été renversées dans les caves remplies d’eau jusqu’au plafond. Les voitures encore ruisselantes se chevauchaient au milieu de certaines rues, les alarmes d’habitation retentissaient un peu partout, les portes ouvertes montraient des intérieurs complètement ravagés.
400 personnes évacuées
Le plan communal d’urgence et le plan provincial ont été déclenchés : selon les chiffres communiqués vers 23 h par la gouverneur, quelque 400 personnes ont été évacuées à Ittre et Clabecq. « Une terrible catastrophe, résumait hier soir le bourgmestre ittrois Ferdinand Jolly, en quittant le centre d’accueil des sinistrés pour se rendre au centre de crise. On ne peut rien faire contre cela : mon pluviomètre, qui peut aller jusqu’à 40 litres d’eau au mètre carré, a débordé en moins d’une demi-heure ! »
Un centre de crise a été ouvert en soirée au commissariat de police de Tubize, les autorités craignant en plus un débordement du Hain tandis que le canal Charleroi-Bruxelles était placé en alerte de crue.
Outre les secours qui s’activaient sur place, la solidarité entre habitants s’est rapidement organisée. Pour héberger des voisins ou des amis plus touchés, et pour jouer de la raclette et du torchon. Parfois en désespoir de cause. « Quelle folie !, confiait une habitante un peu avant minuit. Je viens d’aller racler une heure et demie chez une amie mais sa maison est complètement ravagée… »
En fin de soirée, le centre de crise provincial a diffusé de premières recommandations aux sinistrés, pour assurer un dédommagement optimal. Il leur est conseillé de prendre des photos de tous les endroits et objets endommagés, de prendre au plus vite contact avec leurs assureurs (une check-list peut être consultée sur le site d’Assuralia), et d’aérer les pièces au maximum.
© Rossel & Cie - 2022