Emir Kir: «Qu’on s’occupe enfin des pays d’origine!»

Pour le socialiste, « c’est honteux » la façon dont la crise humanitaire est traitée aujourd’hui.

Cheffe adjointe du pôle International Temps de lecture: 3 min

Emir Kir est la voix du PS sur les dossiers Asile et Migration.

Vous êtes resté discret, ces dernières semaines ?

Je trouvais Theo Francken assez sincère dans les mots et dans les actes. Je trouvais donc qu’il fallait le laisser faire. Mais, depuis, De Wever lui a tapé sur les doigts et aujourd’hui, Francken est complètement groggy, et il est en plein football panique.

C’est-à-dire ?

Parce que De Wever veut un sous-statut pour les réfugiés, Francken veut un statut temporaire. Mais cela existe déjà : la protection subsidiaire. On réinvente vraiment le fil à couper le beurre.

Que faut-il faire alors ?

Qu’on s’occupe enfin des pays d’origine ! Entre l’interventionnisme à tous crins et le repli sur soi des grandes internationales, il doit y avoir un équilibre.

C’est-à-dire ?

On ne peut pas simplement être comptable de la crise humanitaire, il faut faire en sorte que le sang ne coule plus dans les pays d’origine.

En renforçant la coalition internationale ?

Il faut qu’avec les Nations Unies, on puisse intervenir dans les pays. En respectant le droit international. Il faut parler honnêtement à nos concitoyens : si on ne s’intéresse pas aux pays en guerre, la situation n’évoluera pas. Il faut les soutenir vers la transition démocratique et économique. Il faut, avec le soutien des Nations Unies, intervenir dans ces pays pour les stabiliser.

Et à l’échelle belge ?

C’est honteux la manière dont on traite le problème. J’espère que, même si elle est difficile à regarder, cette image va réveiller des consciences. Et ils se rendront compte…

Ils, c’est qui ?

Tous ceux qui tiennent des discours de rejet de l’autre. Il y en a énormément. Or, on est devant un devoir humanitaire. Cela ne veut pas dire qu’il faut accepter toute la misère du monde, mais nous devons prendre notre part. Il faut un sursaut. Ceci dit, malgré tous les messages très négatifs, il y a aussi des manifestations de solidarité, comme celles qu’on observe au parc Maximilien.

Vous appelez à un sursaut citoyen, mais les politiques ne doivent-ils pas balayer devant leur porte ?

Evidemment ! Certains parlent tout le temps des réfugiés comme des profiteurs, de ceux qui abusent des droits, c’est honteux. Il faut un peu de dignité dans le débat.

On a entendu peu d’hommes et femmes politiques belges dire « refugees welcome ».

Faux ! Laurette et moi sommes très souvent intervenus dans le débat à la Chambre, Elio aussi. Pour dire qu’il ne fallait pas fermer les places d’accueil, par exemple. On demande aussi l’application du plan de répartition : chaque commune doit prendre sa part. Ceci dit, il faut aussi pouvoir dire à la population que nos réponses seront limitées, parce que nos moyens sont limités, nous ne sommes pas l’Allemagne.

Les partis politiques belges semblent quand même mal à l’aise.

Il y a un peu de vrai, il ne faut pas se voiler la face, il y a eu une certaine timidité dans le chef des partis.

Pourquoi ?

Parce que la manière avec laquelle l’opinion publique réagit a peut-être refréné certains. Mais il y a eu aussi énormément d’interventions du PS et on n’a pas eu un écho extraordinaire dans la presse.

 

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