La Belgique envisage de prolonger ses opérations en Irak et en Syrie

Le Conseil des ministres décidera « au plus vite » s’il convient ou non de prolonger l’engagement des avions de combat F-16 de l’armée belge contre le groupe terroriste Daesh, a révélé mardi le Premier ministre Charles Michel. « La Belgique est prête à examiner dans quelle mesure il sera possible de prolonger la mission des F-16 et des forces spéciales en Irak ».

Six appareils de l’armée belge sont actuellement déployés en Jordanie, où ils participent quotidiennement aux efforts de la vaste coalition internationale engagée depuis l’été 2014 contre ces groupes djihadistes en Irak et en Syrie. La mission des Belges devait s’achever à la fin de ce mois de juin, après un an de présence. Les Pays-Bas étaient censés prendre la relève, au 1er juillet, dans le cadre d’un accord de « partenariat » : une rotation annuelle entre les deux pays, comme cela avait été le cas lors d’un engagement précédent. Les Pays-Bas assurent au sol la protection des pilotes belges, avant d’échanger les rôles, selon l’accord prévu. Mais La Haye, toujours sans gouvernement depuis les élections du 15 mars dernier, a renoncé à prendre la relève.

La Belgique a dès lors reçu le 9 mai dernier « une demande formelle » de la coalition dirigée par les États-Unis en vue de prolonger sa mission, a indiqué ce mardi le Premier ministre à la Chambre. « Nous analysons deux paramètres, a précisé Charles Michel en commission des Relations extérieures et de la Défense nationale : il faut une concertation supplémentaire avec les Pays-Bas pour voir s’il est encore possible de coopérer (NDLR : par exemple, sur le « force protection ») et nous devons nous concerter avec la coalition. Quand nous disposerons de plus de clarté, nous pourrons décider en Conseil des ministres ».

Charles Michel souligne également d’un engagement supplémentaire des F-16 n’a pas été budgété. Cette requête, formulée par la coalition lors d’une réunion à Copenhague et par Brett McGurk, l’envoyé spécial des États-Unis dans cette coalition contre Daesh, montre en tout cas que la Belgique est un « partenaire fiable et crédible », insiste le Premier ministre, alors que la Belgique est sous pression pour augmenter ses budgets militaires – une pression redoublée par le président Trump sur les alliés européens de l’Otan.

« Je veux faire tout ce qui est en mon pouvoir pour répondre positivement à la demande des États-Unis », a indiqué pour sa part le ministre de la Défense. Les six mois à venir seront déterminants dans la défaite militaire de Daesh, a jugé Steven Vandeput, interrogé à la Chambre sur le sommet de l’Otan aux côtés du Premier ministre et du ministre des Affaires étrangères. Le ministre N-VA souligne toutefois qu’il s’agira d’une décision gouvernementale. La Belgique est également présente au sol dans le nord de l’Irak avec une trentaine de forces spéciales engagées dans une mission de formation et de conseil de peshmergas kurdes.

«  Ce n’est pas seulement avec du militaire que l’on va régler les problèmes, a réagi le président de la commission parlementaire, le député de l’opposition sp.a Dirk Van der Maelen. Il faut plus s’engager davantage dans une politique de stabilisation plutôt que de bombarder comme des cow-boys ». «  On a besoin de plus de poids militaire si l’on veut renforcer notre capacité politique et diplomatique  », a répliqué Charles Michel, au cours du débat.

La coalition internationale compte une soixantaine de pays, dont les 28 Alliés au sein de l’Otan, plus ou moins engagés sur le « front ». Une implication plus forte de l’Otan en tant que telle dans cette coalition sera discutée lors de la réunion des chefs d’Etat ou de gouvernement de ce jeudi 25 mai. «  Daech forme une menace sérieuse pour les peuples au Moyen-Orient et en Afrique, mais aussi aujourd’hui pour les citoyens de la région euro-atlantique », a encore dit Charles Michel