Le bruit des avions, encore plus difficile à limiter

Un règlement européen voté ce jeudi rendra la lutte contre le bruit des avions encore plus longue et compliquée.

Pa. D.
Les riverains de l'aéroport à Zaventem se plaignent des nuisances sonores.
Les riverains de l'aéroport à Zaventem se plaignent des nuisances sonores. ©Jean-Luc Flémal

Depuis l’entrée en vigueur, en février, du plan de répartition des nuisances liées au survol des avions du secrétaire d’Etat Melchior Wathelet (CDH), les Bruxellois sont de plus en plus nombreux à se mobiliser contre le bruit de ces appareils. A tel point que le survol de la capitale est devenu l’une des thématiques principales des élections du 25 mai prochain. Tous les partis avancent des solutions dites structurelles : respect de la nuit européenne, report des vols cargo et low-cost vers les autres aéroports, limitation du nombre de vols autorisés, etc.

Règlement européen

Mais voilà qu’un règlement sur les restrictions d’exploitation liées au bruit dans les aéroports de l’Union européenne qui sera adopté ce jeudi par le Parlement européen risque de rendre le bruit des avions encore plus difficile à réguler. "Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, cette proposition de règlement ne vise nullement à lutter contre le bruit. L’objectif est de booster le développement économique des aéroports. Il s’agit donc en réalité d’encadrer la lutte contre le bruit plutôt que de la faciliter", alerte Isabelle Durant, eurodéputée (Ecolo).

Afin d’empêcher les autorités nationales d’appliquer des restrictions d’exploitation qui pourraient déplaire aux compagnies aériennes, ce règlement émanant de la Commission prévoit, par exemple, que seuls les avions les plus bruyants - qui satisfont tout juste aux normes de bruit minimalistes de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) - pourront faire l’objet de restrictions d’exploitation complète ou partielle.

Restrictions limitées

Toujours selon ce règlement européen, les restrictions d’exploitation ne pourront être envisagées qu’en dernier recours, s’il apparaît au terme d’une stricte évaluation, qu’il n’est pas possible d’atteindre les objectifs poursuivis en matière de lutte contre le bruit par d’autres mesures plus économiques.

Enfin, toute nouvelle restriction d’exploitation supposera la mise en œuvre d’une vaste consultation de toutes les parties prenantes. "Cela va réduire à néant la consultation des riverains qui se retrouveront sur le même pied que les compagnies ou les entreprises dépendant du transport aérien", déplore Isabelle Durant.

Quasi-unanimité

Quasiment tous les partis, excepté Ecolo, ont voté en faveur de ce texte en première lecture. C’est le cas des députés belges Philippe De Backer (Open-VLD), Mathieu Grosch (CDH) et Saïd El Khadraoui (SPA).

A moins d’un sursaut , ce règlement qui limitera encore davantage le pouvoir des autorités en matière de lutte contre les nuisances sonores sera donc adopté aujourd’hui en 2e lecture. "Il ne sera plus possible de lutter contre le bruit des avions par l’application de restrictions d’exploitation totales ou partielles frappant certains types d’appareils. Il faudra essentiellement se contenter de mesures curatives et de mesures opérationnelles (choix des routes) qui ne permettent plus guère de réels progrès, on le voit aujourd’hui avec le plan Wathelet."

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