Nos communes et leurs conseillers fantômes
Retards importants, départs anticipés ou absences sont fréquents dans la région de Mons-Borinage. Qu’il s’agisse de la cité du Doudou, de Frameries ou de Boussu, les mauvais élèves ne manquent pas...
- Publié le 23-10-2014 à 19h55
- Mis à jour le 24-10-2014 à 15h37
Certains sièges restent désespérément vides lors des conseils communaux... Constitué sur base d’un scrutin réalisé tous les six ans, le conseil communal est le seul organe politique qui représente l’ensemble de la population. Il y a quelques années, le code de la démocratie locale donnait d’ailleurs plus de poids à l’assemblée publique en donnant une plus grande importante à la parole des conseillers communaux et aux décisions du conseil.
Malheureusement, certains élus ne profitent que trop rarement de cet acquis démocratique. Retards importants, départs anticipés ou absences sont fréquents dans la région de Mons-Borinage. Qu’il s’agisse de la cité du Doudou, de Frameries ou de Boussu, les mauvais élèves ne manquent pas. C’est à Boussu que le taux d’absentéisme individuel est le plus flagrant en la personne de Simone Frédérick (RC).
L’ancienne échevine socialiste, exclue du collège par le bourgmestre en 2011, n’a été présente qu’à quatre reprises sur dix conseils communaux entre septembre 2013 et septembre 2014. Nous avons tenté de joindre Simone Frédérick à plusieurs reprises. Malheureusement, la sexagénaire n’a jamais répondu à nos appels.
La Ville de Mons n’est pas non plus épargnée par les absences et les retards à répétition. Richard Miller (MR), conseiller dans la majorité PS-MR, n’a fait que deux conseils communaux du début à la fin sur 12. "J’avais fait le choix politique de m’investir dans mon mandat de sénateur communautaire", explique Richard Miller. "C’est un poste très lourd à assumer. En plus de cela, j’étais au Parlement wallon et à la Communauté française. C’était trop important pour un seul homme. De plus, lors des dernières élections communales en 2012, j’étais sur la liste du MR pour la pousser. J’ai par ailleurs laissé la responsabilité communale à Georges-Louis Bouchez."
Savine Moucheron (CDH) le suit de près avec un faible bilan de quatre conseils. "Je m’organise pourtant toujours pour être présente", explique la députée wallonne et chef de groupe au conseil communal de Mons. "Néanmoins, le conseil débute à 18 h, c’est trop tôt. J’ai d’ailleurs déjà fait la remarque à plusieurs reprises. Je ne suis pas la seule à arriver en retard. Avec ma vie de famille et les commissions auxquelles je participe, il est difficile d’être à l’heure. Ceci dit, je suis très active dans ma ville. En tant que conseillère siégeant dans l’opposition, il est d’autant plus important d’être présente afin de contrôler l’action de la majorité."
À Frameries , l’ancienne secrétaire d’État à l’Environnement et aux Réformes institutionnelles, Catherine Fonck (CDH), affiche un taux de présence de 50 %. Son homologue Écolo et ancien député régional arbore le même résultat. Or, comme le dit l’adage, les absents ont toujours tort…
Un problème moral...et politique
Il n’y a pas un seul niveau de pouvoir qui n’est pas concerné par la problématique de l’absentéisme. Le problème soulève pourtant plusieurs zones d’ombre.
Pierre Vercauteren, politologue et professeur à l’UCL Mons, voit les absences répétées de certains élus d’un très mauvais œil. "Cela pose un problème moral mais aussi politique", explique le politologue. "Celui qui se présente sur une liste s’engage moralement à défendre son programme."
Ses responsabilités politiques sont également remises en cause. "Si l’absentéisme est trop important, cela peut amener des difficultés quant au bon déroulement du conseil communal. La démocratie est donc affaiblie. Certaines absences peuvent changer le rapport de force. Certaines personnes ou groupes politiques pourraient dès lors en profiter pour déposer des motions."
Malheureusement, la situation ne changera pas tant que le code de la démocratie locale ne prévoit pas de réelle sanction. "Je n’ai pas souvenance qu’il y ait des indications à ce niveau. Le problème n’est pas exclusif aux conseils communaux. Les autres niveaux de pouvoir sont également touchés."
Le politologue ne souhaite néanmoins pas faire de généralité et privilégie l’analyse au cas par cas. "Le cumul de mandat peut poser de réel problème d’agenda. L’homme politique doit alors faire des choix, mais on ne peut pas reprocher à un élu d’avoir plusieurs mandats et de les respecter."