Pauline Etienne : Namur Fiancée
Pour son ouverture,le FIFF projette "Tokyo Fiancée" ou Pauline Etienne version comique. Entretien
- Publié le 02-10-2014 à 18h08
Pour la 29e fois, le grand jour est arrivé à Namur, celui du gala d’ouverture du FIFF, qui projettera ce soir "Tokyo Fiancée". Une fois n’est pas coutume, c’est une rafraîchissante comédie au goût exotique, voire érotique signée Stefan Liberski qui lancera le Festival international du film francophone. Il s’agit d’une adaptation de "Ni d’Eve ni d’Adam", l’ouvrage d’Amélie Nothomb dans lequel elle quitte la Belgique pour s’installer au Japon. Il offre à Pauline Etienne l’opportunité d’explorer une facette inexploitée de ses talents : son potentiel comique. Rencontre avec la jeune comédienne entre deux festivals : Toronto, Namur, Rome et Kyoto, peut-être…
Cette Amélie qui veut devenir Japonaise n’est pas un personnage imaginaire ?
Non, elle existe. Je me suis dit que je devais avoir de "l’Amélie Nothomb" en moi. Il existe un documentaire sur Amélie revenant au Japon. Elle retrouve sa nounou, son amour japonais. J’ai transféré cela en audio et je l’ai écouté des heures en boucle. Juste pour essayer d’imprimer une voix, une tonalité, une expression.
La touche Nothomb n’est donc pas seulement dans les chapeaux et les casquettes.
Ça, c’est Stefan. Amélie est aussi un personnage, alors j’ai essayé de faire des trucs avec mes bras et mes jambes dans l’esprit de Tati. Et puis, en arrivant au Japon, j’en ai pris plein la figure. Je me suis servi de mes étonnements, de mes découvertes, de mes surprises pour nourrir le film.
Vous y apparaissez en apesanteur, cette légèreté est-elle une réaction au rôle précédent, celui de "La Religieuse", tellement lourd et douloureux ?
Après "La Religieuse", je suis restée un an sans tourner. Mais la promotion de "La Religieuse" s’est terminée deux semaines avant de partir au Japon. Ma sœur a vu "Tokyo Fiancée" et elle m’a dit que cela faisait du bien de me voir comme cela, souriante, drôle, qu’elle savait que j’étais douée pour la comédie. Dans ma famille, ils ont tellement vu les films atroces que j’ai fait (rires). Mais je n’ai pas fait "Tokyo" contre "La Religieuse", je n’y ai plus pensé. J’avais envie de me marrer, de me faire plaisir. Ce film m’a fait beaucoup de bien. Je me suis vraiment amusée à essayer d’inventer des gags, des trucs improbables.
Comme "J’aime, j’aime le Japon" !
Waouuh. Alors ça, c’était épique. Pendant "La Religieuse", j’ai rencontré une maquilleuse dont je suis restée très proche. En cachette, on mettait "J’aime, j’aime la vie" dans la loge et on chantait comme des dingues. Dans un coup de folie, j’ai dit à Stefan : Et si on faisait la chanson en la transformant "J’aime, j’aime le Japon". Il a eu du mal à accepter l’idée. Et quand on l’a tourné, je ne suis pas sûre qu’il avait l’intention de le mettre dans le film. Mais c’était trop bien. J’avoue que je ne suis pas arrivée à chanter aussi bien que Sandra Kim et du coup c’est Ambre Grouwels de "Baby Balloon" qui chante.
Stefan Liberski est apprécié pour son humour mais pas forcément dans ce registre-là.
Il est plus cynique, mais malgré son âge, il a fait ce film avec un esprit d’ado. On a crapahuté partout. Il fallait tenir le coup physiquement. On a beaucoup discuté avant le film, on a fait des répétitions, on a lu énormément. Et je lui ai proposé plein de choses car il me permettait de le faire. Il était en demande et cela me faisait du bien de pouvoir m’investir autant. Sur le plateau, comme c’était ma première comédie, j’ai pu essayer plein de trucs drôles. Et ça me faisait rire de faire rire.
C’est une comédie mais aussi un film érotique.
C’est Stefan qui voulait. Après, je pense que cela fait partie de la jeunesse et de l’adolescence. Il voulait ce côté-là car ce n’est pas que la découverte du Japon, c’est aussi la découverte de la sexualité, de l’amour, la première fois.
Le couple se brise-t-il sur l’incompréhension entre deux cultures ?
Oui. Même si Rinri n’est pas très japonais, Le comédien, Taichi Inoue, vit à Londres. Il a beaucoup voyagé et a du mal à y revenir. Même s’il adore son pays, ses amis; il a du mal avec la hiérarchie, avec une politesse contraignante à l’égard des aînés. Je pense que les Japonais n’acceptent pas que ces traditions partent du Japon.
Avez-vous conservé quelque chose du Japon dans la vie de tous les jours de retour en Europe ?
Non, quoique, je ne bois plus mon thé comme avant. J’ai plutôt rattrapé des habitudes que j’avais perdues, comme faire attention à mon sac dans le métro. Le vol n’existe pas là-bas, les portes sont ouvertes. Pour cela et d’autres choses, le retour en Europe est un peu difficile. La propreté, par exemple. L’Europe, c’est sale, les Japonais aspirent leur trottoir, on ne jette pas un mégot dans la rue.
"Tokyo Fiancée", sortira le 8 octobre.