Grèves tournantes : forte mobilisation dans les régions visées, quelques altercations en Flandre

A Anvers, la tension est montée entre grévistes et personnes voulant se rendre sur leur lieu de travail. Ces derniers ont tenté de forcer le piquet. Quelques personnes ont été blessées mais le calme est ensuite revenu. Le point région par région.

L.G. et Belga

Le front commun syndical poursuit ce lundi son plan d’actions dirigé contre les mesures annoncées par le gouvernement fédéral. A noter que les motifs de grogne concernent également des économies décidées dans les entités fédérées (Communauté flamande, Région wallonne,…).

Après la manifestation nationale du 6 novembre, qui avait rassemblé 120. 000 personnes (selon les syndicats) à Bruxelles, le front commun entame une série de trois journées de grèves tournantes. Ce lundi, la grève touche le Hainaut, le Luxembourg, le Limbourg et Anvers. Le lundi 1er décembre, ce sera le tour des provinces de Namur, Liège, Flandre occidentale et Flandre orientale. Et le lundi 8 décembre, la grève tournante touchera les deux Brabant et Bruxelles. Attention, les grèves d’une province peuvent avoir des répercussions sur d’autres régions. Et sur le rail, l’ensemble du réseau sera impacté chaque lundi.

Le lundi 15 décembre sera une journée de grève générale, qui touchera tout le pays. C’est là que devrait culminer le plan d’actions. Mais les syndicats ont déjà prévenu que si leurs revendications (sécurité sociale forte, plan de relance, justice fiscale et protection du pouvoir d’achat) n’étaient pas discutables, ils poursuivraient le combat dès janvier 2015.

Bruxelles

Une heure de plus pour rejoindre Bruxelles par la route

Les automobilistes qui voulaient rejoindre Bruxelles lundi matin devaient compter une heure de plus sur leur temps de parcours habituel, au départ de Mons, Gand et Namur notamment.

A Willebroek par contre, le carrefour A12/N16 était fort encombré en raisons de piquets présents devant certaines entreprises.

Sur l'ensemble du réseau routier, un pic de près de 280 kilomètres de bouchons a été observé vers 8h30, conforme aux prévisions émises par Touring Mobilis qui misait sur 270 kilomètres cumulés pour les heures de pointe du matin.

Hainaut

Les trains immobilisés à Mons, Charleroi et Tournai

Le trafic ferroviaire est totalement paralysé lundi matin dans la province de Hainaut, au départ de Mons, Charleroi et Tournai. Tout roule par contre normalement dans les autres provinces, à l'exception de la ligne 124 Charleroi-Bruxelles où seul un train sur six est prévu au départ de Braine-l'Alleud, ont précisé lundi matin la SNCB et Infrabel. La situation devrait se dégrader à partir de l'heure de pointe.

Le trafic des bus et trams du TEC Charleroi est lui aussi fortement perturbé ce matin. A Charleroi, deux métros M4 circulaient vers 6H30. Quelques voyages étaient également assurés sur les lignes de bus 50, 51, 71, 75, 77 et 85.

Mobilisation importante à Mons-Centre et en Wallonie Picarde

Tous les secteurs sont touchés par les actions menées par les militants du front commun syndical.

A Mons et dans le Centre, le mouvement a commencé dimanche à 22 heures avec le blocage des gares, des cabines et des postes d'entretien des gares de Mons et de La Louvière. "Les dépôts des TEC de Mons-Bassins et de La Louvière sont bloqués depuis lundi à 3h20", a indiqué Marie Marlier de la CSC. La SETca fait le même constat via un communiqué de presse. "Tous les zonings importants sont bloqués au niveau de leurs accès, notamment ceux de Frameries, Saint-Ghislain, Binche, Péronnes, Feluy, Strépy, Cuesmes, Tertre, Baudour, ainsi que les centres commerciaux d'Hyon, des Grands Prés à Mons. La mobilisation est très importante. Pour l'heure, aucun incident n'est à signaler."

Même impact en Wallonie Picarde où les grandes gares et les dépôts TEC sont bloqués. Le mouvement affecte également les zonings industriels. "Les zonings de Mouscron, Ghislenghien, Orcq, Froyenne, Comines, sont affectés de même que les centres commerciaux des Dauphins à Mouscron et des Bastions à Tournai", a précisé Catherine Boël, secrétaire régionale SETCA.

"Des piquets d'entreprises sont installés chez Baxter, BSA et BDCE. Ces piquets touchent autant la production que le transport. Pour le non-marchand, on trouve notamment des piquets à l'institut technique de Ath, à la Sainte Union à Kain, dans des centres d'aides familiales, des mutuelles. Les hôpitaux sont en service réduit. La CGSP est mobilisée au niveau des administrations communales. Les militants organiseront par ailleurs une soupe populaire sur la place de Mouscron en milieu de journée. On ne nous signale aucun incident depuis le début du mouvement", a précisé la porte-parole du SETCA.

Namur et Liège

Grève du TEC à Jemeppe, le reste du réseau n'est pas touché

Le personnel du dépôt de bus du TEC à Jemeppe a décidé de poursuivre son mouvement de grève lundi matin. La situation sur le reste du réseau du TEC Liège-Verviers est cependant normale, a indiqué une porte-parole de la société wallonne de transport public. Le personnel avait arrêté le travail vendredi après un fait de violence. Dimanche, il a décidé de poursuivre la grève pour dénoncer la politique de "présentéisme" mise en oeuvre par la direction.

Les syndicats avaient ainsi déclaré qu'ils regrettaient que les chauffeurs aient reçu "une lettre menaçante pour absentéisme" après l'arrêt de travail.

Au niveau des trains, dans les provinces de Namur et Liège, la circulation se déroulait normalement. Toutefois, deux accompagnateurs n'ont pas pris leur service à Welkenraedt (Liège), ce qui entraînera la suppression d'une dizaine de trains dans la région.

Grèves tournantes : forte mobilisation dans les régions visées, quelques altercations en Flandre
©Belga

Anvers et Limbourg

Plusieurs altercations à l'entrée de certains sites en Flandre

Plusieurs confrontations ont eu lieu lundi matin à l'entrée d'entreprises entre militants syndicaux d'une part et travailleurs volontaires ou membres de la direction d'autre part. Chez Ineos à Zwijndrecht (province d'Anvers), la police a été sollicitée pour aider quelques travailleurs à franchir un barrage syndical. "Nous avons mis à l'arrêt plusieurs unités à titre préventif. D'autres doivent toutefois continuer à tourner sous peine de devoir procéder à un redémarrage qui prendra une semaine" a indiqué un responsable du site d'Ineos à Zwijndrecht, Patrick De Deken.

Non loin de là, BASF craint des problèmes de maintenance en raison de la présence d'un barrage qui ne laissait personne entrer en matinée. "L'équipe de nuit a donc dû assurer les installations", a expliqué un porte-parole. La prochaine équipe du soir était attendue vers 14h00.

La fédération du secteur chimique, essenscia, se réjouissait qu'en matinée "la plupart du personnel, nécessaire pour garantir la sécurité, a pu accéder aux terrains des entreprises". Elle espère que le personnel des shifts de l'après-midi et du soir y seront admis également.

"Dans la plupart des entreprises, il n'y a normalement aucun problème pour la maintenance et la sécurité, même s'il se peut qu'en certains endroits, des équipes de nuit aient dû prolonger leur service", a indiqué un secrétaire ABVV/FGTB, Patrick Lodewijckx. "Notre objectif est de porter atteinte aux entreprises, sinon ce type d'action n'a aucun sens. C'est la FEB et consorts qui ont été entendus par le gouvernement", ajoute-t-il.

essenscia a estimé que huit entreprises sur dix de la chimie, des matières plastiques et des sciences de la vie étaient touchées par l'action syndicale dans les provinces du Hainaut, du Luxembourg, d'Anvers et du Limbourg. La production est perturbée dans six entreprises sur dix. La fédération "met en garde contre ces actions qui perturbent fortement les activités de production et risquent, par conséquent, de porter gravement atteinte à la réputation du secteur sur le plan international".

Dans le Limbourg, des confrontations ont aussi été observées à l'entrée des entreprises Bandag (Dilsen-Stokkem), Rajapack (Tongres), mais aussi à Genk (Transportlaan) et Houthalen (Centrum-Zuid).

Tensions entre grévistes et travailleurs à Heist-op-den-Berg

La tension est montée entre des grévistes et des personnes voulant prendre le travail lundi matin à la centrale de béton Michiels à Heist-op-den-Berg (province d'Anvers). Quelques travailleurs volontaires ont tenté de forcer le piquet de grève placé devant l'entrée de l'entreprise par les militants syndicaux. Ils sont arrivés avec un bulldozer et un camion face au piquet, mais les militants ont commencé à grimper sur les véhicules et à injurier les volontaires. Quelques personnes ont été légèrement blessées. Ni le bulldozer qui tentait de pénétrer sur le site de l'entreprise, ni le camion qui voulait le quitter, ont réellement percuté le piquet et les grévistes, mais la manoeuvre a tout de même échauffé les esprits. La direction de l'entreprise a décidé de renvoyer les volontaires chez eux pour le reste de la journée.

Le calme est entre-temps revenu sur le site.

Luxembourg

Perturbations au TEC-Luxembourg

La grève tournante dans la province de Luxembourg est bien suivie lundi par le personnel du TEC aussi bien privé que public. Le service de transport TEC en province de Luxembourg se partage en 30% public et 70% privé. Comme annoncé par les syndicats en front commun, les 30% public des TEC est totalement paralysé.

Par contre, le mouvement a pris nettement plus d'ampleur que prévu du côté du privé. Les syndicats ont bloqué les principaux dépôts des sociétés privées roulant pour le TEC. Le syndicaliste Jean-Luc Oury annonce le chiffre de 85 à 90% des gros dépôts bloqués. Par exemple, à Latour (Virton), 30 véhicules ne sont pas sortis. Le dépôt de Saint-Vincent et, de manière générale, tous les dépôts sur la zone Arlon-Bouillon-Libramont sont aussi bloqués.

La province de Luxembourg est cependant épargnée au niveau du trafic ferroviaire puisque la grève sur le rail luxembourgeois est prévue pour le 1er décembre, en même temps que celle de Liège.

800 personnes sur la place Léopold à Arlon

La concentration syndicale et citoyenne organisée en front commun CSC-FGTB a réuni 800 personnes sur la place Léopold à Arlon, entre midi et 13h00. Les syndicats sont satisfaits et soulignent que bien d'autres personnes sont restées tenir les différents piquets à travers la province. Sur la place, 800 personnes se sont réunies pour crier "non" à la politique d'austérité du gouvernement Michel. Après un festin populaire composé de soupe, Bruno Antoine, secrétaire fédéral de la CSC, Joël Thiry, secrétaire régional de la FGTB, et Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau Wallon de lutte contre la pauvreté, ont pris la parole. "Les chômeurs ne sont pas responsables de la situation économique actuelle", a déclaré Christine Mahy. Joël Thiry a ajouté: "seul le rapport de force nous permettra d'imposer notre alternative. Le combat sera long et difficile et nous devons nous préparer à rendre coup pour coup". A quoi, la foule a répondu en scandant: "tous ensemble, tous ensemble".

Tous secteurs confondus, c'est la première fois que la CSC et la FGTB atteignent une telle participation. Des effigies de Pieter Timmermans, administrateur délégué de la FEB, et du Premier ministre Charles Michel ont été brûlées à 13h00 sur la place Léopold.

Le Thalys également perturbé

D'importantes perturbations sont également prévues sur le réseau du Thalys. Tous les trains à destination des Pays-Bas ont été supprimés, d'après le site web de l'opérateur ferroviaire. De plus, une soixantaine de représentants de la CGSP-cheminots de Bruxelles bloquent deux Thalys pour Paris.

Bilan: les syndicats se félicitent du mouvement dans les différents secteurs

Les syndicats se félicitaient lundi de la mobilisation dans les différents secteurs d'activité pour ce premier jour de grèves tournantes, qui touchent les provinces d'Anvers, de Limbourg, de Luxembourg et de Hainaut. Tous les domaines connaissaient des perturbations, celui des transports notamment enregistrant des difficultés dans l'ensemble du pays. Pour le front commun syndical FGTB-CSC-CGSLB , le mouvement a été parfaitement suivi dans la région de Charleroi.

Même son de cloche à la CSC bâtiment - industrie & énergie qui qualifie de "réussite" la première action de lundi dans les quatre provinces. Le syndicat chrétien appelle à une "véritable" concertation sociale.

Le secteur des transports était largement touché en matinée mais le chaos sur les routes a toutefois été limité aux heures de pointe du matin. Sur le réseau ferroviaire, les trains dans le Hainaut étaient à l'arrêt. Dans l'est de la Wallonie, les trains circulent mais avec des complications, a indiqué une porte-parole d'Infrabel à la mi-journée. Dans le sud du pays, seul le Hainaut est toutefois officiellement ciblé par les cheminots par la grève tournante de ce lundi.

A l'aéroport de Charleroi , les voyageurs étaient bloqués dès les deux carrefours d'accès et devaient poursuivre à pied. Les retards de vols étaient estimés entre dix minutes et une demi-heure.

Le trafic des bus et trams du TEC Charleroi était fortement perturbé lundi matin alors que dans la province du Luxembourg, 30% du service n'était pas assuré.

Tous les voyageurs ne recevront pas une compensation de la SNCB

Le mouvement de grève dans quatre provinces a causé des perturbations lundi sur le trafic ferroviaire en Belgique, mais tous les voyageurs n'obtiendront pas une compensation de la SNCB. Les personnes qui ont acheté un ticket après l'annonce du mouvement de grève ne seront pas indemnisées. Les voyageurs recevront une compensation si leur train a été retardé d'au moins une heure. Mais la SNCB n'acceptera pas les demandes de compensation si le billet a été acheté après l'annonce publique de la grève (le 28 octobre).

Les personnes qui ont un abonnement recevront une compensation si leur train a été supprimé ou s'il a enregistré un retard de plus de 60 minutes. Les voyageurs doivent introduire leur demande de compensation via le site internet de la SNCB.


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