Corina, l’électricienne qui voulait être hôtesse...

Des femmes électriciennes, c’est rare mais ça existe. Grâce à un programme mis en place par Bruxelles Formation, Interface3 et Veolia.

Journaliste en charge du Soir Immo Temps de lecture: 4 min

A la base, Corina Brusten voulait être hôtesse de l’air. Le hic, c’est qu’elle ne savait pas nager, une compétence obligatoire – même si ça peut paraître bizarre – pour qui veut passer sa vie dans les nuages. Elle se dirige alors vers le tourisme, puis étudie la comptabilité pendant un an avant de bifurquer vers une formation en horeca. Après un séjour de deux ans en Italie (l’amour…), elle revient en Belgique et cherche activement une formation. C’est Actiris qui lui en propose une, et pas n’importe laquelle puisque Corina envisage de devenir… électricienne.

Aujourd’hui, cette jeune Moldave de 28 ans qui est installée en Belgique depuis 14 ans enfile chaque jour la salopette et la casquette de Veolia, entreprise spécialisée dans la maintenance d’installations techniques, et s’en va rejoindre Proximus, un des clients de la multinationale française. « Je fais partie d’une équipe de 5 personnes et je suis bien sûr la seule femme, sourit Corina, mais tout se passe très bien. On s’occupe d’interventions diverses de maintenance comme, par exemple, le remplacement des lampes. Il n’y a pas de monotonie, j’ai trouvé mon domaine car l’électricité m’intrigue… »

A ses débuts chez Veolia, Corina avoue avoir été accueillie par des hommes qui étaient plutôt mal à l’aise quant à l’attitude à adopter vis-à-vis d’une femme, pas costaude, qui plus est. « Mais l’outillage a fort évolué et permet aujourd’hui à des femmes comme moi de s’en sortir sans problème, insiste à ce sujet Corina. Avec le temps, je me suis habituée à mes coéquipiers et vice versa. Je fais partie des leurs et on me traite comme si j’étais un homme, enfin pas toujours (rires). Je reçois parfois plus d’égards… »

Le cas de Corina a été rendu possible grâce à une initiative lancée en 2016 par Veolia en collaboration avec Bruxelles Formation et Interface3, une ASBL qui organise des formations pour les femmes qui se destinent à des métiers « masculins ». Une formation en électricité pour des moins de 35 ans a ainsi été mise sur pied et au bout de celle-ci, cinq d’entre elles ont été engagées par Veolia pour y effectuer un stage en entreprise d’une année. « En 35 ans de carrière, j’ai connu une femme plombier et une chauffagiste, embraie Michel Musschebroeck, maître de stage chez Veolia qui a pris Corina sous son aile. Je trouve les femmes plus volontaires que les hommes, plus réfléchies aussi car elles posent plus de questions. Il faut parfois travailler dans des bâtiments où il fait - 8º C l’hiver. Moi je dis : chapeau !, car pour franchir le pas, il faut être audacieuse et affronter beaucoup d’a priori négatifs. »

Car les pressions familiales peuvent être fortes. Pas courant, quand on est un père ou une mère, d’entendre sa fille dire qu’elle veut devenir électricienne. « J’ai commencé ma formation en janvier mais je ne l’ai annoncé à mes parents qu’en septembre, quand j’ai signé mon contrat de stagiaire, se souvient Corina. Mais c’est propre à la Belgique car, en France, il y a beaucoup de femmes qui exercent des métiers d’hommes. »

De 8 h à 16 h 30, du lundi au vendredi, Corina se rend ainsi chez Proximus où elle parfait ses connaissances sur le terrain. Au bout de son stage, les panneaux électriques, le remplacement des filtres, la ventilation ou l’air conditionné auront moins de secrets pour elle. « C’est un domaine où les débouchés sont énormes, insiste encore Corina. Les panneaux solaires, les éoliennes, la cogénération, la biomasse, l’éclairage : autant de domaines passionnants où il est possible de construire son futur. »

Yousra, Hayatt et Fallone, trois des quatre autres stagiaires engagées par Veolia, travaillent au parlement européen tandis qu’Imane, la petite dernière, s’occupe de la maintenance des locaux techniques de bpost. Leur rémunération ? Entre 10,50 et 13,10 euros de l’heure. Pendant les six premiers mois, le salaire est pris en charge par Veolia et Actiris, le reste étant supporté par Veolia seul. « Au terme de leur formation de base, les futures électriciennes ont un bon bagage théorique mais elles ignorent tout de la pratique, explique Frédérique Meeus, responsable de la communication chez Veolia. Lors de leur stage chez nous, elles sont plongées en conditions réelles mais toujours encadrées par des techniciens chevronnés car il faut parfois travailler sur des cabines à haute tension. Les risques existent. »

En 2016, 12 électriciennes ont commencé leur formation chez Bruxelles Environnement parmi lesquelles 7 ont obtenu leur diplôme. « Cinq d’entre elles ont été engagées chez Veolia, conclut Frédérique Meeus. Nous sommes ravis de cette expérience car elle porte des fruits inespérés. »

Si d’autres aspirantes hôtesses de l’air regrettent de ne pas savoir nager, une autre voie leur est toute tracée…

 

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