Ardentes pluvieuses, Ardentes heureuses
Des torrents de pluie, une avalanche de rap, un mythe qui s'effondre, un Stromae qui épate. Tel fut la météo du cru 9ème du nom.
- Publié le 13-07-2014 à 18h40
- Mis à jour le 13-07-2014 à 23h29
Quatre jours durant, à Liège, on est resté sur le même ton. Pas vraiment de découverte, l'une ou l'autre déception (la légende écornée Mobb Deep). Et toujours beaucoup de hip hop. À ce petit jeu là, ce sont Isaiah Rashad – captivant bien que moins tranchant qu'en studio – et Schoolboy Q – plus électrisant que sur disque – qui remportaient nos suffrages jeudi. Juste avant Shaka Ponk et l'orage tropical.
Vendredi, Method Man&Redman étaient quasi à l'heure. Et en forme, reléguant au rang d'amuse-gueule les prestations de MC's fraîchement débarqués comme T.I. ou Kid Ink. Il était temps de changer d'ambiance. D'entrer en mode électronique. C'est toujours ainsi que l'on ouvre le week-end aux Ardentes, rendez-vous des clubbers dès que la seconde nuit tombe. Pour les attirer, les programmateurs avaient convié une figure mythique en exclu. Giorgio Moroder, papy DJ le plus hype du monde depuis sa collaboration avec Daft Punk. Tout le monde se l'arrache, lui qui ne donnera que six dates cet été. Ça sent le cassage de tirelire.
Moroder est un précurseur. Joueur de basse devenu sorcier des synthés. Compositeur et producteur, retenu pour ses B.O. (Midnight Express, Flashdance) et son tandem avec Donna Summer, à qui il offrira ses plus grands tubes ('I Feel Love', 'Hot Stuff'). Voilà l'Italien propulsé aux platines à 74 ans. Dès le début du show, le malaise s'installait. La diva disco dut frémir six pieds sous terre à l'écoute des remixes pathétiques que distille aujourd'hui celui qui jadis fit son succès. Une mauvaise blague, une soupe électro-nu-disco sans saveur, dont on ne retiendra que le regard rieur de l'auteur. Giorgio peut rigoler. Il les a tous bluffés.
Samedi, on tenta d'oublier les annulations (Palma Violets, Archie Bronson Outfit, Earl Sweatshirt) aux bons soins du fantastique Timber Timbre, obscur et mélodique à souhait. Les papys IAM et leurs flows fatigués nous prouvaient qu'ils continuaient de mal vieillir, malgré un public motivé. Public qui se rattrapait avec Stromae, véritable étoile de la soirée, impressionnant de maitrise et de facilité. Après les Francos mercredi, il pourra enfin se reposer.
Enfin, dimanche, c'est sous l'averse que commençait l'ultime journée. Mais Cascadeur s'en moquait. Lui qui est toujours à l'abri car casqué. Un costume de rigueur pour attaquer à 15h le dernier jour des festivités. Pas un cadeau que les organisateurs lui ont fait. En attendant l'apothéose de Massive Attack, ceux-là sont satisfaits. 76 000 festivaliers ont traversé leurs allées cette année (pic de 21 000 samedi, dont 1 300 enfants entrés gratuitement. Record d'affluence de 2011 battu). Et les familles goûtent aux premiers rayons de soleil au son des rengaines pop de Milky Chance, teintées de reggae. Festival pluvieux, festival heureux? Peut-être. Mais pas tous les week-ends alors.