Profession: business angel (2/6) - Grégoire de Streel, skynet et une fortune faite... trop tôt
- Publié le 24-07-2017 à 16h19
- Mis à jour le 24-07-2017 à 16h26
Deuxième épisode de la deuxième série d’été des pages économiques de "La Libre". Elle va vous permettre de découvrir six personnalités, discrètes, qui ont fait le choix de consacrer une partie de leur patrimoine financier personnel à soutenir de jeunes (et moins jeunes, d’ailleurs) entrepreneurs de chez nous. Ce sont les "business angels", ou anges des affaires.
Parfois, dans la vie, les choses vont trop vite et… trop bien, pour que tout soit parfait ! C’est un peu le paradoxe invoqué par le Belge Grégoire de Streel pour expliquer son activité actuelle de "business angel". Lui qui a lancé, avec les frères Jean-Guillaume et José Zurstassen, Skynet, Keytrade ou encore Tunz, avec le succès que l’on sait, s’est, en gros, retrouvé fortune faite… trop tôt. "C’est vrai. C’est arrivé très vite et j’ai eu peur de devenir le type qui a tout compris. Heureusement, quand nous avons signé pour la cession de Keytrade en 2005, Pierre Drion (Petercam, NdlR) nous a emmenés dans un autre bureau et nous a proposé de réinvestir une part du capital dans la société Ogone. Une société que nous avions déjà approchée dans le but éventuel de la racheter et de l’intégrer à Keytrade… Et c’est, en gros, comme ça que cela a commencé", explique Grégoire de Streel. Entre-temps, l’équipe lance Tunz, un système de paiement par GSM qui finira, comme Skynet, par être racheté par Belgacom.
Histoires… de cœur
Deux mots vont revenir au cours de cet entretien : "nous" et "rencontres".
"Nous", parce que, manifestement, Grégoire de Streel ne vit pas seul sa vie de "business angel". "En fait, tous les projets sont analysés avec Jean-Guillaume Zurstrassen, et, selon les cas, on y investit à deux ou on élargit le noyau à quatre investisseurs ou plus."
Et c’est toujours une histoire de rencontres. "A l’exemple de Monizze, fondée en 2011 par Jean-Louis Van Houwe, un type formidable, doté d’une incroyable énergie. Il avait une idée fantastique liée à l’avènement du ticket-repas électronique : se positionner en challenger des deux grands acteurs du secteur en Belgique et bousculer une situation de duopole. Il avait les idées, l’énergie, mais pas le cash. C’est comme cela que nous avons entamé une collaboration qui a donné des résultats au-delà de toute attente : les employeurs et les employés belges qui utilisent des titres-repas peuvent remercier Jean-Louis Van Houwe, il a vraiment fait baisser les prix dans ce secteur." Ici aussi, l’histoire se termine par une cession et ce que Grégoire de Streel appelle le "cashing". Pas très français, mais tellement évocateur.
Et des histoires, il y en a eu d’autres, avec des profils d’entrepreneurs similaires. "Nous cherchons des gens qui ont des projets, qui sont capables de les porter à bout de bras, alors que nous n’avons plus cette niaque des débutants. Mais nous travaillons avec des gens qui sont capables d’accepter notre présence, sans s’imaginer qu’ils ont tout compris. Nous essayons de leur faire éviter les obstacles classiques, sans chercher pour autant à devenir les patrons de la boîte. Je crois à l’écoute et à l’accompagnement. Notre objectif, c’est d’accélérer leur croissance au moment opportun."
Projets sympas et de super-entrepreneurs
C’est le message de Belcube, la structure qui porte les projets de Grégoire de Streel et de ses partenaires, et dont la philosophie est résumée en une phrase : "We invest in people, not in projects". Un autre exemple ? "Oui, il y a notamment BePark qui affiche une belle croissance, menée par un super-entrepreneur, Julien Vandeleene. Ici aussi, une rencontre coup de cœur. L’idée est l’optimisation des espaces de parking disponibles en fonction de la demande des clients, sur base d’une ‘market place’. Ils s’occupent de tout pour leurs clients." Comme à son habitude, l’équipe de Belcube a investi aux premiers jours du projet. "C’est du ‘seed capital’, c’est ça qu’on aime", explique Grégoire de Streel, qui évoque au passage une autre réussite belge, Voxbone. Il y a aussi l’exemple de Tricount (https ://www.tricount.com/fr/telecharger-apps-mobile-iphone-android), une application de calcul et de répartition des frais entre amis, qui devrait compter 2 millions d’utilisateurs à la fin de cette année. Et aussi, un projet très sympa, qui tourne très bien, la société bruxelloise Kamoon (https ://www.kamoon.co), qui livre des repas fraîchement préparés. Encore une fois, Grégoire de Streel y a trouvé des gens, des passions, plus qu’un projet au sens strict. Une manière de se souvenir de sa première aventure entrepreneuriale qui l’avait conduit, lui et ses partenaires, à emprunter chacun 12 500 euros pour démarrer.