Maxime Lestienne aurait-il raison de se naturaliser qatari ?
Des pétro-dollars contre une naturalisation. Voilà le projet de carrière proposé au Brugeois ainsi qu'à d'autres diablotins. Deux journalistes s'affrontent sur le sujet ! Débat.
- Publié le 27-08-2014 à 10h30
- Mis à jour le 27-08-2014 à 11h24
Maxime Lestienne est donc ciblé par un fonds d’investissements qatari qui possède trois, quatre clubs au Qatar.Le but est toujours le même : attirer les jeunes talents qui n’ont pas encore joué un match officiel pour une équipe nationale A. L’ambition est, à terme, de les naturaliser en échange d’un gros chèque afin de constituer une sélection compétitive susceptible de remporter le Mondial 2022 organisé par le Qatar.Choquant ? Deux journalistes en débattent. Et vous, qu'en pensez-vous ?
Pour Laurent Depré, c'est OUI !
A moins d’être doucement bercé par une illusoire imagerie romantique du football professionnel, il s’agit d’un (très bon) gagne-pain avant tout !
Déjà, en 1995, une partie du débat ayant amené au retentissant arrêt Bosman tenait au fait de savoir si les footballeurs étaient des « travailleurs » comme les autres. Souvenez-vous, c’était aussi le temps de l’exception culturelle française… Qui s’étonne encore aujourd’hui des salaires mirobolants, des montants de transfert astronomiques des joueurs de foot, du sport-spectacle où le pognon est roi et la moralité bouffonne? Personne ! Dès lors, pourquoi les équipes nationales se borneraient-elles à une rôle d’ASBL bien braves ?
Evidemment, ce discours se heurte de plein fouet avec la diatribe noir-jaune-rouge d’un Marc Wilmots jamais avare en référence au sacrifice nécessaire pour son pays. N’avons-nous pas, dans un passé récent, naturalisé des types dont on ne sait aujourd’hui s’ils sont encore en vie ?
Autre question: quel est le futur de Lestienne chez les Diables avec cette génération talentueuse et les plus jeunes encore qui pointent déjà le bout de leurs chaussures en cuir ? Après sa sévère punition encourue il y a quelques mois chez les Diablotins, il peut se poser franchement la question. Et poser des choix... Qui se doivent d’être bons puisque la carrière d'un footballeur ne s’étale que sur quelques années.
La nationalité se monnaie-t-elle ? Est-ce plus choquant ? A chacun de se regarder dans le miroir.
Après tout, il est libre Max !
Pour Philippe Lacourt, c'est NON !
Le milieu du football est-il en passe de devenir un marché à bestiaux à ciel ouvert? Si, aujourd'hui, être propriétaire de puits de pétrole suffit pour fabriquer, de manière artificielle, une équipe nationale qui n'en a que le nom, alors le monde du ballon rond va vite tourner... carré!
Que Maxime Lestienne s'inscrive dans ce marché de dupes dégage un fort accent d'hypocrisie. Comme si, pour lui, son avenir sportif se limitait, désormais, à compter les dollars qui vont alimenter son compte en banque. Que Lestienne tente sa chance à l'étranger pour élargir sa pallette technique, là nous sommes d'accord. Mais qu'il y parvienne aux prix de marchandages auxquels lui-même, sans doute, n'y comprend rien, là nous disons non.
Car, et sans être méchant, Lestienne qui n'est quand même pas un modèle d'extraverti, comment va-t-il faire pour se mouler dans un rôle où il n'est, en fait, que le complice d'une mauvaise pièce ?
Voilà pourquoi nous aurions préféré, pour lui, qu'il reste une saison de plus à Bruges, qu'il s'y montre un vrai patron, qu'il y gagne une place de titulaire au sein des Diables et qu'il finisse, alors, par hériter d'un VRAI transfert dans un club où il sera attendu comme le messie et non pas comme un esclave placé là par ses employeurs...