Dont acte (provisoirement)

Editorialiste en chef Temps de lecture: 2 min

La semaine avait commencé par la condamnation de la collaboration par le ministre de l’Intérieur. Elle se poursuit par la déclaration solennelle du Premier ministre qui condamne la collaboration, la qualifie de « crime injustifiable » et spécifie que tout le gouvernement partage son avis. Elle se conclut par les excuses du ministre de l’Asile et de l’Immigration, qui déclare vouloir mener sa politique dans l’intérêt de tous.

Si on réfléchit un instant, il y a de quoi être stupéfait à la lecture de ce qui nous est arrivé. A ceux qui nous demandaient, hier, si à l’étranger on ne se moquait pas de nous, nous ne pouvions que dire notre totale incompréhension pour leur question. Car l’étranger n’a pas de quoi rire cette fois avec notre drapeau tricolore. Il n’y a rien eu de léger, et rien que du très lourd cette semaine où pour une fois, le pays n’a pas défrayé la chronique pour son séparatisme, mais a vu sa classe politique se déchirer sur fond d’accusations de racisme ou de fascisme.

Aux déclarations douteuses sur la compréhension des actes de collaboration, aux présences suspectes à des anniversaires d’ex-collabos, aux écrits racistes (« borderline » pour le Centre pour l’égalité des chances) de deux ministres N-VA du gouvernement Michel, se sont succédé leurs excuses et clarifications. Dont acte.

C’est le paradoxe de ce gouvernement : jamais, ces mises au point publiques sur les valeurs n’auraient existé si la N-VA n’avait pas été dans l’exécutif fédéral. La confrontation entre une opposition sans concession (mais pas sans excès verbaux) et un gouvernement qui veut à tout prix gouverner a produit ces moments hors du commun.

L’incident est clos ? Très provisoirement. Non seulement parce que l’opposition va rester féroce, mais aussi parce que les partenaires de gouvernement – MR et CD&V notamment –, qui ont tenu bon dans leur défense de leurs collègues nationalistes, ont eux-mêmes ressenti et parfois exprimé leur propre malaise. La ministre MR Marie-Christine Marghem veut ainsi entendre ses collègues Jambon et Francken en tête-à-tête, et le député CD&V Eric Van Rompuy estime qu’il n’est pas question que ces comportements se reproduisent. Or, il y aura une « traque » – qui vaut aussi pour le socio-économique –: les actes que ces ministres vont poser seront examinés à la loupe, et le passé continuera à être fouillé. Ce gouvernement et les ministres N-VA en particulier ne pourront jamais relâcher leur garde. Cette semaine Charles Michel a évité les démissions, mais sans convaincre ses détracteurs, plus que jamais aux aguets. Il aura au moins appris une chose : pour le faire tomber, tous les moyens seront utilisés.

 

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