Le Belge boude la télé gratuite

En Belgique, les câblodistributeurs comme VOO et Belgacom sont privilégiés.

Chef du pôle Economie Temps de lecture: 3 min

TNT pour télévision numérique terrestre. Un acronyme un peu barbare qui fait plus penser à une célèbre entreprise de livraison de colis qu’à un boîtier permettant d’accéder à une offre de chaînes gratuites. Du moins, vu de Belgique. Nos voisins français sont près de 46 millions à regarder quotidiennement 25 chaînes grâce à un boîtier installé dans le salon, équivalent du décodeur de VOO ou Belgacom que possède la majorité des téléspectateurs belges. La différence, c’est que chez nous les programmes sont aussi disponibles via le câble alors que la TNT est un mode de diffusion qui se fait via les ondes. Il s’agit de la version numérique de l’« antique » télévision hertzienne, c’est-à-dire via une antenne. À peine 1,4 % de la population l’utiliseraient encore et le chiffre est en constante baisse depuis son lancement officiel, en novembre 2007, après une phase de test démarrée en 2002.

La première explication de ce désamour des Belges pour la TNT est historique. « Elle s’est bien développée dans les pays où la télévision par voie hertzienne est historiquement bien implantée et largement regardée, comme en France par exemple, explique Julien Jost du CSA. En Belgique, pays européen le plus câblé, le câble de télédistribution a commencé à être installé au début des années 70. Dès cette époque, la télédistribution par câble proposait bien plus de chaînes que la plateforme hertzienne, ce qui a provoqué un désintérêt pour cette dernière de la part du public. »

Une offre trop mince

Une deuxième explication tient à l’offre plutôt limitée. Seules les chaînes de la RTBF (La Une, La Deux et La Trois) et Euronews sont disponibles ainsi que les radios de la RTBF. « En France, les coûts de diffusion des chaînes de la TNT gratuite (en dehors de celles du service public) sont en bonne partie assurés par les revenus publicitaires des chaînes, qui financent elles-mêmes leur diffusion sur la plateforme TNT, explique encore Jost. Le gouvernent wallon avait anticipé qu’il n’y avait pas d’intérêt de la part des autres chaînes belges. L’installation des émetteurs coûte assez cher pour finalement ne pas toucher de public complémentaire. Cela concurrence aussi leurs clients que sont les distributeurs qui versent des droits de diffusion aux chaînes. » Autrement dit, pas la peine de chercher les chaînes de RTL ou AB3. Seuls les frontaliers peuvent espérer capter une grande partie des canaux français.

Malgré ses défauts, la TNT a des avantages indéniables. Elle est gratuite et accessible dans 75 % du territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles (95 % en extérieur). Elle est portable et mobile (il suffit de déplacer le boîtier dans la maison ou le jardin). C’est donc une bonne solution de base pour les étudiants, les amateurs de camping ou ceux qui possèdent une maison à la mer du Nord.

Ces dernières années, le faible engouement pour la TNT a poussé le gouvernement à « sacrifier » une partie des ondes disponibles au profit des opérateurs mobiles qui ont ainsi pu développer les réseaux internet 3G et la 4G. Des discussions sont en cours afin de réduire encore la part accordée à la TNT, en vue d’instaurer la 5G qui permettra de surfer encore plus vite sur son téléphone portable ou sa tablette. Le Service général de l’audiovisuel et des multimédias assure que tout sera fait pour sauver la TNT mais certains observateurs prédisent déjà la disparation de la télé gratuite « à l’horizon 2020  ».

 

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