Comment bien renouer avec la pause de midi

Prendre le temps de s’arrêter et de manger à midi est essentiel pour la santé physique et mentale.

Journaliste techno Temps de lecture: 6 min

Certains la préfèrent courte et frugale, d’autres plus longue et copieuse. Enfin, certains n’hésitent pas à la sauter, il s’agit bien entendu de la pause de midi. De nombreuses études le montrent : le temps que l’on s’accorde pour prendre notre repas de midi tend à diminuer. Grignoter un snack sur son ordinateur était autrefois assez rare. Aujourd’hui en revanche, c’est plutôt dans la norme. Et tant pis pour la santé, la vie sociale et le plaisir de bien manger. Ce qui prime c’est la productivité et le travail bien fait. Oui, mais voilà : sacrifier ses temps de pauses, en plus d’être illégal, nous rend aussi bien moins performants sur le lieu de travail.

Souvent, lorsqu’on est débordé de travail, la pause de midi passe à la trappe. « Un employé qui décide de ne prendre qu’un quart d’heure de pause parce qu’il estime que sa charge de travail est trop importante pour se permettre de la prendre ne se rend pas compte de la contre productivité de sa démarche », explique Jean-Luc Vannieuwenhuyse, porte-parole du secrétariat social SD Worx. En effet, même sans manger, le fait de prendre régulièrement des pauses permet de se remettre plus facilement au boulot par après. « L’important est de pouvoir se déconnecter du travail pendant un moment. Sortir, décompresser pendant la pause permet de stimuler l’esprit et la créativité. Quand on reprend le travail, on est plus concentré et se remettre dans le bain est plus simple ».

Souvent, il s’agit donc de protéger l’employé contre la perception qu’il a de sa propre productivité. « En réalité il s’agit d’une double responsabilité, selon Jean-Luc Vannieuwenhuyse. La première est celle de l’employeur ou du chef de service. Il doit veiller à ce que ses travailleurs ne négligent pas leurs temps de pauses. Il faut parfois expliquer que les bénéfices de renoncer à sa pause sont plus négatifs que positifs. Ensuite, et en dernier ressort, c’est le travailleur qui reste responsable de son attitude ». Voici donc quelques conseils pour des temps de midi de qualité et ressourçant.

Concentrez-vous sur votre repas

Manger c’est important. Bien manger c’est mieux. « Lorsque l’on mange, le plus crucial est d’être à l’écoute de ses sensations, analyse Véronique Maindiaux, responsable du département diététique de la Haute école Paul Lambin. Il faut donc se concentrer sur ce que l’on fait. Prendre son temps et bien mastiquer. Manger en faisant autre chose, comme utiliser son ordinateur ou lire, c’est d’abord prendre le risque de ne pas bien digérer car on a tendance à manger plus vite et à moins mastiquer. Ensuite, on ne remarque pas forcément le signal de la satiété. Et puis, ce qu’on a tendance à oublier, c’est que la notion de plaisir a aussi son importance. Le repas doit faire participer les sens. Quand on n’y fait pas attention, on ne profite pas autant. »

Soignez votre sandwich

Il est devenu la norme du midi. Et pourtant, du club au poulet curry avec pain blanc et une feuille de salade pour se donner bonne conscience, le sandwich n’est pas diététiquement un repas idéal. Surtout quand on l’accompagne d’un soda et d’un dessert. « Le sandwich n’est pas forcément mauvais », explique Lena Srateur diététicienne clinicienne aux cliniques universitaires Saint-Luc. « Mais il faut privilégier un pain complet, ne pas hésiter à le garnir de crudités et, surtout, éviter les sauces grasses comme la mayonnaise. C’est plus dangereux quand on mange un sandwich chaque jour », ajoute Eugénie Joly, sa collègue. Et le restaurant ? Il peut constituer une bonne solution si on évite d’y manger trop gras et d’y boire de l’alcool, car ces deux éléments favorisent la somnolence. Mais le pire, c’est de sauter purement et simplement le repas.

Misez sur le fait maison

Pour manger sainement et de façon équilibrée tous les jours, un peu d’organisation est nécessaire. « Certaines entreprises proposent un réfectoire, et parfois une cantine à leurs employés, remarque Katelijne Schoonjans, du secrétariat social Securex. Dans la plupart des cas, ces cantines proposent des repas variés et diététiques. » S’il n’y a pas de cantine, le mieux consiste à s’organiser efficacement. « Les snacks à midi, c’est la solution de facilité, analyse Lena Srateur. Si on s’y prend bien, il suffit de cuisiner une portion de plus la veille au soir. De cette manière le lendemain midi, on peut manger des légumes, même froids, ou de la soupe. Avec éventuellement un morceau de pain et de la charcuterie ou du fromage pour les protéines. Une salade de pâtes, de pommes de terre ou de riz constitue aussi une bonne solution. Tout cela ne demande pas beaucoup de temps. »

Méfiez-vous de la pression sociale

La pression sociale est un des facteurs qui pousse le plus à négliger sa pause de midi. « Cela dépend beaucoup de la culture de l’entreprise dans laquelle on travaille et des normes d’évaluation, remarque Olivier Luminet, professeur de psychologie de l’UCL. Clairement, si un nouvel employé constate que la plupart de ses collègues ne prennent pas de pause ou mangent sur le pouce en travaillant, il ne se sentira pas libre de prendre une bonne pause le temps de midi ». On cherche donc à donner le change, à montrer qu’on reste au top, même le temps de midi. « Le problème c’est que sur le long terme, se priver, même volontairement, de ces pauses accentue le stress. À l’extrême, cela peut même conduire à des burn-outs », explique Katelijne Schoonjans.

Profitez du partage

Le repas de midi, ce n’est pas seulement l’occasion de se nourrir, c’est aussi une pratique sociale. « Souvent, manger avec ses collègues c’est l’occasion de se voir autrement, de discuter de sujets plus personnelles, estime Olivier Luminet. On peut aussi continuer à parler travail, mais dans un cadre plus détendu, plus informel. Cela peut donc renforcer la dynamique de groupe. Ou même rencontrer des collègues d’autres services que l’on voit peu dans le cadre strict de son travail. Le repas est un moment essentiel de la journée en termes d’échange et de sociabilité. Manger seul, en vitesse, c’est se priver de ce moment. Bien sûr, on n’est pas obligé de voir ses collègues, chacun doit trouver son équilibre. »

Pensez à l’hygiène

On le sait, nos claviers sont sales, très sales même. À force de les manipuler à longueur de journée, la saleté s’accumule. Manger à son poste de travail, surtout sans s’être lavé les mains c’est aussi s’exposer à de nombreuses bactéries et autres microbes. L’E-coli, les streptocoques, la salmonelle et le staphylocoque doré font probablement partie des microbes qui se promènent sur votre bureau de travail. Par ailleurs, le fait de manger à son bureau reste une des principales causes de salissure. Direction donc un lieu adapté au repas…

Bougez, bougez, bougez

Rester en position assise de nombreuses heures sans se lever, sans prendre de pause est néfaste pour la santé. « Les nombreuses études à ce sujet tendent à démontrer que notre mode de vie devient beaucoup trop sédentaire, remarque Katelijne Schoonjans. Se priver de pause le temps de midi et rester vissé sur son siège durant huit heures de boulot n’est donc pas la meilleure solution. On appelle ceux qui restent assis “les nouveaux fumeurs”. À terme, cette attitude peut conduire à des maladies cardiovasculaires. » Profitez donc de la pause de midi pour bouger ! Encore faut-il en avoir le temps… La durée des pauses est variable en fonction du contrat de travail, mais elle est obligatoire. « Souvent, cette heure de table n’est pas payée, constate Katelijne Schoonjans. Idéalement, cette pause doit être de minimum 40 minutes. Éventuellement et épisodiquement, elle peut durer jusqu’à deux heures. Quand on a plus de quarante minutes, on peut aussi en profiter pour faire autre chose, comme des courses par exemple. Certains profitent même d’un de leur temps de midi pour faire du sport, comme du jogging. L’occasion de faire une vraie coupure avant de reprendre le travail l’esprit plus libre ».

 

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