USA : un parfum de consécration
Clinton et Trump ont nettement renforcé mardi leur statut de présidentiables. Analyse.
- Publié le 28-04-2016 à 07h13
- Mis à jour le 28-04-2016 à 07h15
Après avoir remporté quatre des cinq primaires organisées mardi dans l’Est des Etats-Unis et n’avoir laissé que des miettes à son adversaire Bernie Sanders, qui a gagné dans le seul Rhode Island, Hillary Clinton peut désormais considérer que les jeux sont faits et qu’elle sera en novembre la première femme à briguer la présidence du pays. Il reste désormais 1 206 délégués démocrates à attribuer et il ne lui en faut plus que quelque deux cents pour franchir le seuil des 2 383 nécessaires à l’investiture. On comprend qu’elle ait appelé mardi soir le parti à se rassembler derrière elle, même si son concurrent semble décidé à poursuivre la lutte jusqu’au bout - ce que Mme Clinton avait elle-même fait au demeurant quand elle affrontait Barack Obama en 2008.
Son probable adversaire républicain dans la course à la Maison-Blanche, Donald Trump, a des raisons comparables de se réjouir, quand bien même la suite de l’aventure n’est pas marquée pour lui du même sceau de la certitude absolue. Il l’a emporté partout mardi, ce qui n’est en soi pas réellement surprenant parce que les cinq Etats en jeu (Pennsylvanie, Maryland, Delaware, Connecticut et Rhode Island) présentaient un profil électoral comparable à l’Etat de New York où le milliardaire avait triomphé le 19 avril. Ce qui est remarquable, en revanche, et de bon augure pour lui, c’est la marge avec laquelle il s’est imposé. Donald Trump a allègrement dépassé la barre des 50 % des suffrages, distançant souvent de trente points ses deux derniers rivaux, Ted Cruz et John Kasich, et ne leur laissant en fin de compte qu’une maigre poignée de délégués alors qu’ils avaient solennellement scellé dimanche soir une alliance pour barrer la route à l’homme d’affaires new-yorkais.
Le "candidat naturel"
Mieux, ce dernier commence à percer dans des catégories sociologiques qui lui étaient restées hermétiquement fermées : les diplômés de l’enseignement supérieur et les couches sociales aisées. Le mouton noir de l’establishment républicain, qui lui demeure hostile en dépit de sa progression inexorable vers l’investiture, n’est donc plus seulement le porte-drapeau des paumés et des frustrés, des opposants au système et des déçus de tous bords, généralement peu instruits : il devient, selon ses propres dires, "le candidat naturel" des Républicains à la Présidence.
La route reste, certes, plus longue et plus difficile pour Donald Trump qu’elle ne l’est pour Hillary Clinton. Si celle-ci ne doit plus s’adjuger qu’un sixième des délégués restant à attribuer, il devra, lui, en arracher près de 60 %, et, comme l’a souligné son plus sérieux rival, Ted Cruz, la compétition se déplace à présent sur un terrain plus défavorable à Donald Trump.
Quatre Etats clés
Tous les analystes ne sont pas convaincus de cela, toutefois. En fait, tout pourrait se jouer dans quatre des dix primaires encore à disputer : dans l’Indiana (3 mai), la Virginie-Occidentale (10 mai), la Californie et le New Jersey (7 juin). Des quatre Etats (qui tous, à l’exception de la Virginie-Occidentale, octroient la quasi-totalité des délégués au vainqueur, permettant par conséquent de creuser les écarts), l’Indiana et la Californie sont les plus problématiques pour Donald Trump, mais les sondages le créditent à présent d’un léger avantage.
Fidèle à lui-même, Trump a décidé d’y faire campagne en misant sur le show. ll devait ainsi se produire mercredi soir à Indianapolis en compagnie d’une vedette locale tout aussi controversée que le candidat lui-même, Bobby Knight, l’ancien entraîneur de l’équipe masculine de basket de l’Université de l’Indiana.