Elections au Brésil: l’aide sociale devrait donner l’avantage à Rousseff
Les Brésiliens sont appelés aux urnes ce dimanche pour le second tour de l'élection présidentielle. Dans un pays où un citoyen sur quatre reçoit l’aide de l’Etat. Les plus riches dénoncent les abus.
- Publié le 24-10-2014 à 15h52
- Mis à jour le 26-10-2014 à 08h45
L’élection présidentielle est chaque fois une piqûre de rappel : le Brésil est un pays aux immenses disparités de revenus et conditions sociales, qui le divisent en deux. D’un côté, le nord et le nord-est, où les électeurs continuent de montrer leur attachement à la gauche et au Parti des travailleurs (PT, au pouvoir), donc à Dilma Rousseff. Quand les électeurs des régions les plus aisées, le sud et le sud-est, sont enclins à soutenir le candidat de centre droit Aecio Neves, du Parti de la social-démocratie (PSDB).
Au premier tour, Dilma Rousseff l’a emporté dans 15 des 27 Etats. Aecio Neves en avait conquis 10 et Marina Silva, arrivée troisième, s’était adjugé les deux derniers. Neves est le plus populaire dans le sud et le sud-est, à l’exception du Rio Grande do Sul, terre où Dilma Rousseff s’est lancée en politique et vote. Son adversaire remporte la majorité des suffrages dans les grandes métropoles, y compris la capitale économique São Paulo et la capitale fédérale Brasilia. Rio est la seule capitale du sud-sud-est qu’Aecio Neves n’a pas remportée au premier tour, au profit de Marina Silva.
Arme électorale et abus
Les régions où le PT l’emporte sont les régions les plus pauvres et les plus rurales du pays. En 2010, 59 % des Brésiliens en situation d’extrême pauvreté habitaient le Nordeste, contre seulement 17 % au sud-est et 3 % au sud. Et ce sont ces régions qui, logiquement, regroupent la majorité des bénéficiaires des programmes sociaux.
Ces programmes de très grande ampleur ont été mis en place avec succès par l’ancien président Lula et maintenus par Dilma Rousseff. Le programme "Bolsa Familia", instauré en 2003, bénéficie à 14,2 millions de familles (un Brésilien sur quatre), qui reçoivent de 65 à 125 euros par mois, une aide substantielle dans un pays où le salaire minimum est de 230 euros.
En échange de l’argent reçu, les familles doivent se soumettre à certaines règles. Les enfants de 6 à 15 ans doivent assister à au moins 85 % de leurs cours. Ils doivent être vaccinés s’ils ont moins de 7 ans. Les jeunes filles et les femmes sont tenues au suivi médical et gynécologique.
A ceux-là, il faut ajouter 1,7 million de familles qui sont sorties du programme parce que leurs revenus dépassaient la limite et qui se montrent en général "reconnaissantes" dans les urnes et accorderaient encore leur vote au PT.
Ce programme représente un argument électoral sans égal, qui devrait finalement faire basculer l’élection en faveur de Dilma Rousseff. Le PT le sait bien et a multiplié les actes de campagne "sur les terres" de la Bolsa Familia.
Mais ce programme attire des critiques. Ils sont nombreux, notamment parmi les partisans d’Aecio Neves, à dénoncer l’assistanat social. En outre, il est difficile de contrôler, notamment dans les zones reculées, que les familles respectent bien les exigences scolaires et médicales imposées. Il existe des familles où les individus se contentent de l’argent du programme pour vivre et ne travaillent pas.
Entrée en récession
Le sud et le sud-est, qui regroupent les plus grandes fortunes du pays et les populations les plus diplômées, ont tendance à se focaliser sur la santé économique du pays, entré en récession récemment. Aux difficultés économiques s’ajoutent les scandales de corruption liés au PT.
Le pays est également polarisé entre deux partis. Ce second tour est la sixième occasion pour les Brésiliens de choisir leur Président entre un candidat du PT et un autre issu du PSDB. Depuis vingt ans, les deux partis règnent sans partage.