Sorties ciné: "Zootopie" et "Tout en haut du monde" revisitent avec génie l'animation
"Zootopie", "Tout en haut du monde", "Deadpool", "45 years"... Découvrez nos critiques de la semaine.
- Publié le 09-02-2016 à 19h29
- Mis à jour le 09-02-2016 à 19h53
"Zootopie", "Tout en haut du monde", "Deadpool", "45 years"... Découvrez nos critiques de la semaine.
Zootopie: Vive les paresseux !
Ils apportent une touche de génie à ce 5e film d’animation Disney 100 % animalier.
RÉSUMÉ À l’opposé des autres lapins, Judy Hopps ne rêve pas de cultiver les champs de carottes mais de devenir policière. Un poste jusque-là réservé aux animaux les plus imposants de la création. Qu’elle pourrait rapidement perdre : elle dispose de 48 h pour retrouver une loutre introuvable malgré des semaines d’enquête. Sa seule piste, c’est Nick Wilde, un filou qui l’a déjà roulée dans la farine. Et en plus, c’est un renard, l’ennemi traditionnel des lapins.
4 étoiles sur 5
NOTRE AVIS Vingt-deux ans après Le Roi Lion , les studios Disney livrent enfin leur cinquième film d’animation 100 % animalier. Et l’on y retrouve le charme et l’inventivité de Robin des Bois . Si le récit part sur la base de 48 h (avec Nick Nolte et Eddie Murphy) pour s’offrir un détour délicieux par Le parrain et un clin d’œil facétieux à Roger Rabbit (pour le coup du bébé), c’est avant tout par sa démolition des clichés (qu’on qualifierait de racistes dans le monde des humains) et par ses trouvailles que séduit ce dessin animé à l’esthétique éblouissante.
La scène des paresseux, c’est une certitude, entrera dans la légende de l’animation. Cette extraordinaire parodie des services administratifs déclenche des fous rires autant par son incroyable lenteur que par les expressions à retardement des fonctionnaires. Génial.
Le respect des tailles réelles des animaux (la girafe, 95 fois plus grande que la souris), l’adaptation des mondes à ces différences (le train avec trois hauteurs de porte), la beauté des quartiers (la toundra, le Sahara, le grand Nord, la jungle tropicale...), sont incroyablement séduisants. Tout comme l’ironie sur le monde politique (rare, ça…) ou la malice de la première lapine héroïne de Disney. Un pur bonheur.
Zootopie - Animation - Réalisé par Byron Howard, Rich Moore
Avec Shakira en vo et Claire Keim, Fred Testot, Pascal Elbé ou Thomas Ngijol en vf - Durée 1 h 48
Tout en haut du monde: Digne de Jules Verne
Un dessin animé au charme fou, bourré de trouvailles visuelles
RÉSUMÉ Planter le drapeau russe sur le Pôle Nord. Le rêve de son grand-père, Sacha le partage passionnément. Aussi ne peut-elle accepter que son bateau, le Norge, ait été broyé par les glaces. Contre l’avis de sa très riche famille, elle part donc clandestinement pour le Grand Nord sans y être préparée.
4 étoiles sur 5
NOTRE AVIS Avec Tout en haut du monde, c’est un peu comme si Rémi Chayé transposait Jules Verne en dessin animé, avec des raccourcis scénaristiques brillants qui permettent de se concentrer uniquement sur l’aventure. Dans les étendues gelées d’un petit port hanté par de rudes pêcheurs et une patronne de bar au grand cœur. L’aristocratique Sacha y découvre le travail et la vraie vie, mais aussi le moyen d’aller au bout de sa recherche.
Si l’histoire est simple, jolie, touchante, le traitement graphique, lui, est assez inventif. Les personnages ne sont pas cernés par un trait noir, ce qui leur permet de s’intégrer plus naturellement dans le décor. Aux allures de véritables tableaux. Tout y est tellement joliment stylisé (des tâches de jaunes pour les rayons de soleil qui transpercent les nuages noirs ou des nuages qui ondulent comme sur une toile de Van Gogh) que les paysages ressemblent à des toiles. Les jeux de couleurs et l’esthétique passéiste font le reste : c’est un ravissement pour les yeux.
Voilà un film d’animation différent, poétique, à montrer aux enfants en raison de sa beauté, de sa tendresse et de sa manière sensible d’aborder le thème de la famille ou de la disparition. Un vrai coup de cœur.
Animation - Réalisé par Rémi Chayé - Durée 1 h 20
Deadpool
Le premier superhéros à se moquer ouvertement de ses collègues.
3 étoiles sur 5
Blagueur et tueur. Ancien des forces spéciales devenu tueur à gages, Wade Wilson passerait bien le reste de sa vie avec Vanessa, la seule femme qui apprécie son sens de l’humour si particulier. Mais le cancer en décide autrement. Un sadique de la médecine, Francis, promet de le soigner en le transformant en superhéros qui se guérit automatiquement. Ce sera Deadpool, un tueur invincible et fun.
Impertinent. Dès le générique, le ton est donné " Ce film a été produit par des crétins ". Et tout au long de l’aventure extrêmement musclée et sanglante, Deadpool se moque des X-Men (qui tentent vainement de le recruter), du manque de moyen de la production (on ne voit que deux mutants…), du film 127 h , de Blade, de Wolverine et, surtout, de lui-même. D’entrée, il reconnaît avoir dû " lécher des fesses " d’un réalisateur pour avoir eu droit à sa propre aventure. Tout le reste tient du même décalage parodique, parfois très violent. Les répliques sont impertinentes, crues, potaches, en dessous de la ceinture, voire vulgaires, mais l’ensemble se révèle vraiment très divertissant et amusant. Deadpool devrait faire un malheur auprès des ados.
Comédie superhéroïque. Réalisé par TIM MILLER - Avec RYAN REYNOLDS, MORENA BACCARIN, T.J. MILLER - Durée 1 h 48
45 years
Une simple lettre suffit à faire craqueler un couple au bout de 45 ans de mariage.
4 étoiles sur 5
Amour du passé. À une semaine de ses 45 ans de mariage, Kate apprend l’existence et la disparition… 45 ans plus tôt de Katia. Son corps vient d’être retrouvé dans un glacier. Dans un premier temps, Kate n’y accorde guère d’importance. Mais son époux, Geoff, lui, se retrouve submergé par la nostalgie. Car cette Katia, dont il n’a jamais parlé est le grand amour de sa vie..
Bouleversant. Difficile de trouver trame plus minimaliste. Une simple lettre suffit à faire craqueler un couple uni aussi bien par le temps que par le plaisir. Impossible de ne pas compatir pour ce vieil homme détruit par le boomerang du passé et pour sa compagne (Charlotte Rampling, nominée aux Oscars), désemparée. N’a-t-elle été qu’un deuxième choix ? A-t-elle vécu toutes ces années avec une autre femme dans son dos ? Et c’est ça la force de ce film : tout le monde reconnaît des proches dans ce couple adorable auquel le destin joue un tour cruel. À des années lumières des clichés romantiques américains, 45 years bouleverse par son intelligence humaine et ces petits gestes qui en disent si long. Magnifique mais on n’en sort pas indemne.
Drame. Réalisé par ANDREW HAIGH - Avec CHARLOTTE RAMPLING, TOM COURTENAY- Durée 1 h 35