François Ozon et "L'amant double" de la jeune et jolie et mystérieuse et perturbée Marine Vacth
- Publié le 26-05-2017 à 14h45
- Mis à jour le 26-05-2017 à 21h26
Chloé a mal au ventre. On a fait tous les examens possibles et même ceux qu'on n'imagine pas, mais rien. C'est psychologique ! Elle se rend alors chez un psychiatre qui l'écoute beaucoup, pose parcimonieusement des questions pertinentes. La jeune femme se sent de mieux en mieux, pourtant le psychiatre veut qu'elle consulte ailleurs, car ses sentiments sont incompatibles avec la thérapie.
Chloé et Paul, son psychiatre, emménagent dans un nouvel appartement et quelque temps plus tard, les maux reviennent. Elle n'est pas complètement guérie et puis elle a découvert que Paul lui cache des choses. Son vrai patronyme, par exemple. Pourquoi exerce-t-il sous le nom de Meyer alors qu'il s'appelle Delord ? Pourquoi nie-t-il avoir été à tel endroit alors qu'elle l'a vu en passant en bus ? Elle s'y rend et découvre le cabinet d'un psychiatre, nommé Louis Delord. Elle prend rendez-vous et découvre son frère jumeau.
Voilà un moment que visuellement, Ozon essaie de nous prévenir. Au moyen de reflets et du split screen, il démultiplie son personnage, la montrant simultanément de face et de profil. Ces effets de miroir donnent parfois le vertige, c'est précisément son intention. Visuellement et surtout mentalement.
Chloé entame avec le jumeau, une thérapie et bien vite une liaison. Elle s'enfonce dans la jungle des fantasmes de l'amour à trois ‑ mais dont deux seulement sont conscients -, de la liaison hétéro-homosexuelle, etc. Le film trace un chemin sinueux, slalomant entre le thriller érotique façon De Palma, le vertige du double façon Hitchcock, les mystères angoissants de l'inconscient cher à Lynch, le mémorable « Faux semblants » de Cronenberg, voire "Alien" de Ridley Scott.
Pourtant, c'est du pur Ozon, grand manipulateur de l'écran qui, tout en exposant une pathologie – elle existe vraiment et mieux vaut ne pas aller vérifier sur internet - , s'amuse avec le spectateur comme un chat avec la souris. Tout à tour, il cherche à le faire rire, l'effrayer, le choquer, l'émoustiller, le surprendre.
« L’amant double » est, à l'évidence tourné, contre son film précédent. Autant "Frantz" était introverti, émouvant, subtil, délicat, profond ; autant « L'amant double » est extraverti, provocateur, transgressif, érotique, ludique. "Frantz" laissait le spectateur bouleversé, « L'amant double » le laisse médusé. Ozon a trouvé dans sa jeune et jolie Marine Vach, l'actrice idéale: mystérieuse, insondable, fragile, androgyne. Quant à Jérémie, il insuffle à chaque jumeau une personnalité, jouant machiavéliquement de leurs différences et de leur ressemblances