Tour de Belgique: Lammertink gagne l’étape reine, Cavagna nouveau leader

Au terme d’un débat tactique en Ardenne où les équipiers ont profité du marquage entre les leaders, le Français Cavagna (Quick Step) devance Keukeleire d’une seconde, Tony Martin de cinq et son patron Gilbert de 14.

A l’image du classement resserré du Tour d’Italie, le plus modeste Tour de Belgique s’offre aussi une dernière journée version canicule et suspense total. Sauf qu’à la différence du Giro, ce n’est pas la montre qui décidera mais la gestion des nerfs, du placement, de la tactique et peut-être enfin du bluff, ce qui constitue beaucoup d’éléments en même temps. La faute à personne sinon à une situation de course très intéressante à l’échelon des influences, un peu moins par rapport au spectacle.

Une course fermée

La chaleur excessive et le défilé des difficultés, dont certaines étaient superflues, ont justifié une course fermée par l’échappée de la première heure où figuraient deux Katusha (équipiers de Tony Martin), deux Quick Step (équipiers de Gilbert), Keukeleire (de l’équipe nationale) et, entre autres, Roelandts (Lotto) équipier de Benoot.

« C’était toutefois prévu ainsi, en tout cas chez nous, expliquait Philippe Gilbert. Il fallait mettre des mecs devant pour obliger l’équipe de Wout Van Aert à assurer la poursuite. Après, comme les écarts étaient minces entre Vermote, Vakoc, Cavagna et moi-même au classement, tout pouvait se produire. Il y a deux scénarios. Le premier, aux deux tiers de la course déjà, semblait donner une raison définitive aux échappés. Le deuxième, c’était que nous rentrions, cela a failli le faire. Au bout du compte, on prend le maillot de leader avec Cavagna pour une seconde mais on perd l’étape. »

Gilbert : « Je souffre comme les autres »

On ne sait s’il y avait un mélange de frustration et de satisfaction dans le propos de Gilbert qui a évolué à contre-courant de son tempérament. « J’ai entendu Tony Martin expliquer à la télévision qu’il s’étonnait de mon attitude attentiste. Or, c’était à lui à rouler, il était devant moi au général, et même s’il avait deux équipiers devant (dont le futur vainqueur, le Néerlandais Maurits Lammertink), dans la perspective du général, il devait bouger. Maintenant, par rapport à mon tempérament d’attaquant, vous avez raison, mais c’est mon quatrième jour de course, je souffre comme les autres de la chaleur et rien n’est surtout joué. »

Compliqué pour Quick Step

Disons que la mission va être compliquée pour Quick Step, dont le principal regret est de ne pas avoir gagné l’étape avec son jeune Français Rémi Cavagna. Il a accompli beaucoup de boulot en tête, notamment lorsqu’il était avec Keukeleire. « Toutes les deux minutes, j’entendais dans l’oreillette le directeur sportif lui demander de moins se dépenser. Il est jeune, il a besoin d’apprendre, et puis il a pris le maillot de leader. »

Cavagna (21 ans) devance Jens Keukeleire (plus rapide que lui sous le maillot de l’équipe belge) d’une petite seconde, Tony Martin de cinq et son leader Gilbert de 14. « Ce n’est pas beaucoup », admettait le Français à l’arrivée d’Ans. « Mais lorsque l’échappée est partie avec les Katusha, j’étais dans la roue, Philippe m’a d’ailleurs convaincu d’y aller. Je me suis retourné, il n’y avait plus personne. Une seconde, c’est compliqué à défendre, il faudra envoyer des mecs pour faire les bonifications. »

Dont ce fameux kilomètre en or, une invention de l’organisateur qui rapporte neuf secondes au vainqueur. Keukeleire, sprinter de son état, peut s’y amuser. Tony Martin, rouleur d’exception, aussi. Mais tout autre scénario est également envisageable, dont une démonstration de force de l’équipe Quick Step qui a toutefois perdu Terpstra sur chute.