Thierry Neuville sur des œufs au rallye d’Allemagne
Ce jeudi, au cœur de Sarrebruck, Thierry Neuville a préféré démarrer en douceur : 9
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du classement provisoire, notre compatriote a concédé 9 dixièmes à Sébastien Ogier, son rival dans la course au titre.
Sébastien Ogier, quatre titres mondiaux au compteur, parle comme un sage : « Ce soir, on a vu qu’il était possible de perdre ce rallye. Mais certainement pas de le gagner sur un secteur aussi court ! »
La mise en jambes en question était un tronçon artificiel aussi étroit et tortueux qu’une piste de karting indoor. Sauf que le bout de bitume chronométré en question se déroulait au cœur de Sarrebruck, la ville principale qui accueille le Deutschland cette année et qu’il était bordé de murets fort peu accueillants.
Dans une épingle, Kris Meeke a déjà perdu toutes ses illusions.
En maîtrisant mal un dérapage au frein à main, la Citroën C3 a heurté une barrière en béton : roue avant droite en berne, l’Irlandais a signé son 5e abandon sur sortie de route de la saison.
« J’ai préféré démarrer en douceur »
Une mésaventure au parfum de mise en garde pour Thierry Neuville.
«
Je partais une dizaine de voitures derrière Kris », expliquait-il à l’arrivée. « J’ai vu l’incident sur un écran géant. Cette petite faute aux conséquences très lourdes m’a incité à la prudence. Comme je n’avais pas de bonnes sensations sur ce parcours étroit, je n’ai pas forcé. J’ai préféré démarrer en douceur. C’est la première fois de ma carrière que j’entame un rallye en leader du championnat. Je pense que je ne m’en suis pas trop mal sorti. »
Cette façon de « rouler carré » ressemble-t-elle à la prestation en demi-teinte du Belge en Finlande, fin juillet ?
« Absolument pas » assène l’homme de Saint-Vith. « Par le passé, je pense avoir démontré ma pointe de vitesse sur le toboggan nordique. Là-bas, c’est la Hyundai qui n’était pas assez performante. Cela fait plusieurs années qu’on accuse le coup sur ce terrain spécifique. Je regrette de n’avoir pas profité davantage de l’abandon d’Ogier. J’aurais voulu marquer plus de points. Mais croyez-moi, aborder le Deutschland en leader du championnat ne m’empêche pas de dormir. Au contraire, je me réjouis d’attaquer la première des quatre dernières épreuves avec ce statut. J’apprécie ce rallye. C’est ici que j’ai remporté mon premier rallye mondial. Je suis un peu chez moi, dans cette course si proche de mon Saint-Vith natal. Je suis sûr qu’il y aura beaucoup de drapeaux belges agités sur le parcours. »
Comme il le clame depuis plusieurs mois, le pilote Hyundai va calquer sa course sur celle de son rival :
« À mon avis, Ogier n’a pas digéré son abandon en Finlande. Il va tenter de remporter cette épreuve qui lui a si souvent réussi par le passé. Mais je ne compte pas le laisser faire. »
La météo, piment supplémentaire de la course
Neuville poursuit son analyse :
« Ce matin, il reste 4 rallyes à disputer, ce qui représente 12 jours de course. Cela fait un sacré paquet de kilomètres à aborder, de virages à négocier, de pièges à éviter. Je suis persuadé que ni Seb ni moi n’allons craquer sur le plan mental. En revanche, ce sont les erreurs, petites ou grandes qui écarteront l’un de nous deux de la course à la couronne. »
La météo incertaine qu’on prédisait jeudi soir risque-t-elle de donner un piment supplément à l’épreuve ?
« C’est évident et cela ne me déplaît pas », poursuit ce sportif dont la confiance en ses moyens est rarement prise en défaut.
« Même si les spéciales tracées dans les vignes sont moins intéressantes que par le passé, on va être régulièrement confronté à des changements d’adhérence. Cela me rappelle le bitume usé de mes débuts en Belgique. Dans ces conditions, les choix des pneus sont souvent délicats mais quel pied de déjouer l’un après l’autre les pièges ! Si les routes dans les sous-bois sont aussi humides que celles employées ce jeudi matin lors du shakedown (NDLR : où Neuville a réalisé le meilleur chrono), on va se régaler et le fait d’ouvrir la route constituera un avantage dont je ne vais pas me priver. Je vais plonger allègrement dans les cordes, ramener un maximum de boue pour salir la trajectoire de mes petits camarades. Ici, les Hyundai ont toujours bien marché. Quand VW écrasait le WRC, ce rallye était l’un de ceux où nous nous approchions le plus des redoutables Polo. Comme elles ne sont plus là, nous allons en profiter. Pour mon équipe basée à Alzenau, à deux heures de route de Bostalsee (NDLR : le QG du rallye), c’est aussi le rallye à domicile. »
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