Alda Greoli et Pierre-Yves Jeholet, les nouvelles têtes du gouvernement wallon
- Publié le 26-07-2017 à 19h16
- Mis à jour le 26-07-2017 à 19h50
Alda Greoli, une "Numéro deux" peu connue propulsée sous le feu des projecteurs
En devenant ministre francophone, en avril 2016, il y a juste 15 mois, Alda Greoli passait de l’ombre (le cabinet de Maxime Prévot, ministre wallon de la Santé) à la lumière. Une surprise, sortie du chapeau du président du CDH, pour remplacer Joëlle Milquet, démissionnaire, à la Culture. La voilà, depuis mercredi, carrément sous le feu des projecteurs. Nommée ministre wallonne de l’Action sociale et de la Santé, elle devient aussi le numéro deux du gouvernement (comme vice-présidente CDH). C’est ce qu’on peut appeler une carrière fulgurante. D’autant qu’Alda Greoli garde ses fonctions à l’exécutif de la Communauté française (ou Fédération Wallonie-Bruxelles), dont elle est (aussi) la vice-présidente et où elle gère, en plus de la Culture, les portefeuilles de l’Education permanente et de la Petite Enfance.
Double casquette et barque pleine N’en jetez plus, la barque est pleine ! Coiffée d’une solide double casquette (gouvernement wallon/gouvernement francophone), Alda Greoli sera la seule ministre à faire la navette entre Namur et Bruxelles. Entre un nouvel exécutif MR-CDH et une majorité PS-CDH en état de mort cérébrale – bonjour la schizophrénie (lire son interview p. 9) !
Mais pas de quoi faire peur à cette femme de 54 ans, franche, au caractère bien trempé, rompue aux négociations, mais toujours à l’écoute. Elle est décrite comme enthousiaste et déterminée. Une vraie “bête de travail” pour ceux qui la connaissent, en politique, comme en dehors. Spadoise d’origine, cette maman de trois grands garçons vit aujourd’hui à Liège après un détour de quelques années par Schaerbeek. Informaticienne de formation, elle a fait ses armes en politique comme conseillère communale à Spa. Elle s’engage dans le même temps dans des projets sociaux : accueil extra-scolaire, écoles de devoirs, bibliothèque de rue…
Remarquée par Philippe Maystadt En 1997, Philippe Maystadt, alors président du PSC (qui deviendra CDH en mai 2002), la remarque. Elle devient secrétaire nationale du parti pour le secteur non marchand. En 2001, sa carrière prend un nouveau tour : elle entre à l’Alliance nationale des Mutualités chrétiennes comme directrice du département socio-éducatif. Sans tourner le dos à son parti, elle rejoint en août 2005, pour quelques mois, le cabinet de Laurette Onkelinx (PS), alors vice-Première ministre pour les matières de sécurité sociale, d’emploi, de pensions et de santé. Elle retourne ensuite aux Mutualités chrétiennes, au poste de secrétaire nationale, de 2006 à 2014.
Quand elle entre au cabinet de Maxime Prévot, en 2014, elle s’occupe de la mise en place des nouvelles compétences transférées aux entités fédérées par la 6e réforme de l’Etat : assurance autonomie, organisation des soins de santé, personnes âgées, Aviq (agence pour une vie de qualité)…
En lui remettant les clefs de la Culture, en avril 2016, Joëlle Milquet lui avait offert un livre sur le bouddhisme – qui passionne Alda Greoli. Utile pour prendre distance face aux critiques de l’opposition, avait ironisé Milquet. L’opposition ? Mais laquelle ? Alda Greoli aura cette fois deux fers au feu.
Jeholet va enfin montrer de quoi il est capable
Régionaliste récemment assumé de la cause, le nouveau vice-Président wallon ayant en charge l’Economie, l’Emploi et la Formation vient de Herve. Et comme le fromage régional, il dégage… Certaines de ses outrances sont homériques même si sa sincérité n’est pas discutable. Lorsqu’à la tribune du Parlement wallon, en pleine crise politique, il harangue son homologue socialiste, Christophe Collignon en lui envoyant au visage “Vous allez vous habituer à l’opposition”, le ton est menaçant. Trop sans doute, mais il est comme ça Pierre-Yves Jeholet (49 ans). Il s’emporte, il s’énerve, il gueule, il martèle. Lorsqu’il tient un bon mot il s’en sert jusqu’à l’usure et vous le ressert pendant quatre mois. Après, mais pas toujours, il passe à autre chose. Un autre slogan, une autre métaphore parfois légère, parfois amusante. Après s’être fait traiter de Rémy Brika par Jeholet, une éminence socialiste nous dira entre deux portes : “On voit bien que sa culture générale s’arrête aux programmes télés d’Antenne 2 dans les années 80”.
Herve un jour Herve toujours
De Herve, il vient. A Herve il restera. Il confie un jour, en marge d’une interview, qu’il avait fait savoir à Charles Michel sa volonté de ne pas briguer un poste de ministre fédéral en 2014. Le bureau de bourgmestre, il l’a investi en 2012, et il veut y rester. De toute évidence, il a changé de point de vue. Peut-être pressentait-il, à l’époque, que sa proximité avec Didier Reynders dont il fut le porte-parole était un désavantage pour lui, l’ancien animateur de radio Ciel.
Il n’est pas le premier et ne sera pas le dernier à renier sa parole. Mais après autant d’années dans l’opposition au Parlement wallon, peut-on vraiment lui reprocher de céder aux sirènes ministérielles ? L’homme est sincère. Il ne peut pas refuser d’aller montrer à “tous ces socialistes” ce qu’il est capable de faire. Au conseil communal de Herve en tout cas, on sera ravi de compter un deuxième ministre. Jeholet y côtoie en effet la ministre de l’Enseignement en Communauté française Marie-Martine Schyns (CDH) – dans l’opposition.
L’homme est un fonceur quitte à se contredire. Lorsqu’il annonce vouloir lier le versement des allocations familiales à la présence à l’école, les critiques pleuvent sur lui. Il n’en a cure. On a parlé de lui et de son idée. Même si sa proposition contrevient au principe d’“d’un enfant égal à un enfant” qu’il brandira pourtant à Maxime Prévot lorsque celui-ci présentera sa réforme des allocations.
Pierre-Yves Jeholet a ses passions. Herve, on l’a dit, mais aussi la tenderie. Une pratique de chasse aux grives, qualifiée de barbares par certains et qu’il ne peut plus pratiquer parce qu’interdite en Wallonie. Au début des années 2000, on pouvait le voir, en commission du Parlement wallon face au jeune ministre Benoît Lutgen, transcendant les logiques partisanes, pour défendre cette tradition qui le prend aux tripes. Aux côtés du député Louis Smal (CDH), il livrait un débat passionné et presque passionnant.
Le désormais ministre va devoir dompter ses ardeurs.