L’autre djihad: éradiquer les radicaux

Journaliste au service Société Temps de lecture: 2 min

Le procès des 46 membres de la filière djihadiste mise sur pied par les islamistes de Sharia4Belgium et qui s’ouvre aujourd’hui à Anvers donne la mesure de la complexité de la lutte contre le radicalisme religieux, incubateur du passage à l’acte terroriste.

Les dirigeants de Sharia4Belgium, dont son charismatique gourou Fouad Belkacem, revendiquent le droit à la liberté d’expression que garantit une société démocratique qu’ils réprouvent, pour récuser les accusations dont ils doivent répondre, essentiellement l’incitation par la parole salafiste à mener la guerre sainte en Irak ou en Syrie.

Depuis 2009, ce groupuscule, pointé par la Sûreté de l’Etat dans plusieurs rapports comme « extrêmement négatif pour l’intégration des musulmans dans la société  », a effectivement usé et abusé de la tolérance démocratique à supporter leurs vociférations haineuses. Tant qu’ils demeuraient un groupe d’hurluberlus enturbannés dénonçant dans des vidéos « l’idolâtrie » occidentale ou qu’ils menaçaient, en paroles, de hisser le drapeau de l’islam sur le palais royal de Laeken ou au sommet de l’Atomium, il ne s’était trouvé aucune riposte légale pour les empêcher de polluer des esprits faibles et de glisser inéluctablement vers la glorification de la lutte armée.

Ce pas de travers leur vaut aujourd’hui de légitimes poursuites. Sans lui, Belkacem et ses assujettis auraient pu continuer sans risques à assumer leurs positions radicales, dans leurs prêches de rue. Leur radicalisme serait demeuré inattaquable au sens du Code pénal.

Les « radicaux libres » sont parmi nous. Leurs discours rétrogrades et liberticides emprisonnent dans des carcans mentaux des femmes, des jeunes, des enfants.

Vouloir « lutter contre le radicalisme », comme le proclament les autorités, ne se limite pas à la seule traque de radicaux qui ont basculé dans le terrorisme. Le radicalisme qui ne s’affiche pas djihadiste est tout aussi destructeur de valeurs fondamentales. Lutter contre ceux qui le cultivent s’apparente à la lutte contre le tabac que l’on sait être nocif mais que l’on ne peut pas interdire. Chaque millimètre de l’espace public qui leur est abandonné, chaque réticence de notre société à protéger leurs victimes les conforte dans le constat de nos faiblesses.

Eradiquer les radicaux impose à la démocratie d’être intransigeante. C’est son djihad. Légitime, celui-là.

 

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