Pilule non hormonale, injections, slip spécial: voici les nouvelles méthodes de contraception masculine
Les Belges sont toujours plus nombreux à avoir recours à la vasectomie, un signe que les mentalités évoluent en matière de contraception. Les nouvelles méthodes qui pourraient voir le jour prochainement ne manquent pas. Messieurs, êtes vous prêts à prendre le relais?
- Publié le 17-09-2014 à 07h40
- Mis à jour le 17-09-2014 à 09h24
Un éventail de méthodes de contraception masculine pourrait être développé dans les prochaines années. À part l’abstinence, les hommes ont seulement deux moyens à leur disposition pour contrôler leur fertilité : le préservatif et la vasectomie. Ces contraceptifs conviennent rarement aux couples : le préservatif est critiqué pour son manque de confort. La vasectomie, à cause de son caractère irréversible, fait peur aux hommes.
Depuis 40 ans, des scientifiques cherchent à mettre au point de nouveaux moyens de contraception masculine. Entre les pilules pour hommes ou les produits arrêtant l’action des spermatozoïdes, un éventail de méthodes pourrait être développé dans les prochaines années.
"Cela dépendra de la volonté des laboratoires pharmaceutiques d’investir dans ce secteur. Pour l’instant, ils font peu d’efforts dans ce sens" , note Lucile Blanc, interne en médecine à Nice et auteur d’une thèse sur la contraception masculine.
Le développement de ces produits dépendra aussi de l’évolution des mentalités. Les hommes sont-ils prêts à assumer la contraception au sein du couple ? Les femmes sont-elles prêtes à partager le contrôle des naissances avec les hommes ? La route n’est plus si longue.
Le slip "remonte testicules"
Une équipe de chercheurs toulousains a mis au point ce vêtement particulier. Le principe ? Les testicules sont remontés au niveau du corps. Les spermatozoïdes se retrouvent ainsi à 37 degrés, une température suffisante pour altérer la fertilité. L’inconvénient de ce contraceptif ? Le slip n’est ni confortable ni esthétique.
Les injections de testostérone
Il s’agit d’injections intramusculaires. L’idée est d’utiliser l’effet rétroactif de la testostérone. Avec le surplus de cette hormone, l’homme arrête de fabriquer de la testostérone et donc des spermatozoïdes.
Le problème sur lequel les chercheurs doivent maintenant travailler : la testostérone est souvent associée à des hormones féminines et les hommes se retrouvent avec des effets secondaires indésirables comme les seins qui poussent.
La pilule non hormonale
Des chercheurs australiens ont découvert une molécule qui agit sur les muscles du canal déférent et peut bloquer la sortie des spermatozoïdes lors de l’éjaculation. L’avantage : cette molécule joue sur les protéines. Il n’y a donc pas d’effets secondaires liés aux hormones. Les chercheurs tentent désormais de mettre au point une pilule à partir de cette molécule. Ils pensent que cette pilule pourrait faire son entrée sur le marché d’ici à 10 ans.
Le gel qui bloque les spermatozoïdes
Ce gel sans hormone s’injecte dans le canal déférent et bloque les spermatozoïdes. Il fonctionne donc de la même façon que la vasectomie mais sans effet irréversible et sans intervention chirurgicale. Les tests sur les êtres humains sont prévus dès l’année prochaine. Si tout se passe comme prévu, la commercialisation du Vasagel débutera en 2017.
Plus de 8.500 hommes stérilisés en 2013
En 2013, l’Inami a enregistré 17.158 prestations pour des vasectomies, la méthode de stérilisation qui consiste à ligaturer le canal déférent du testicule du patient. Puisque chaque vasectomie nécessite deux opérations, cela signifie que 8.579 hommes ont été stérilisés en 2013. Le nombre d’interventions de ce type reste relativement stable au cours des dix dernières années.
Pourtant, les Belges qui ont recours à la vasectomie sont toujours plus nombreux, selon Thierry Roumeguère, chef du Service d’urologie à l’hôpital Érasme (ULB). "Avant, beaucoup de patients venaient de l’étranger. De France, par exemple, puisque là-bas, la vasectomie était considérée comme une atteinte à l’intégrité corporelle."
Quelles motivations poussent les hommes belges à opter pour la vasectomie ? "Ils sont de plus en plus nombreux à vouloir être pro-actifs dans la contraception. Puis, la pilule n’est pas toujours bien supportée par les femmes, alors certains veulent prendre le relais."
Le nombre d’interventions est plus important en Flandre qu’en Wallonie. La tendance n’étonne pas le professeur Roumeguère : "Plus on s’adresse à des latins, moins la vasectomie est acceptée. L’opération est considérée comme une atteinte à la virilité. Mais les mentalités évoluent !"
L’opération coûte une centaine d’euros. "Il est important de bien informer les patients et de leur donner un temps de réflexion avant l’opération" , explique le professeur. Environ 5 % des hommes reviennent quelques mois ou années après une vasectomie puisqu’ils changent d’avis et veulent à nouveau être capables de procréer. L’opération inverse (la vasovasostomie), dont le coût est plus élevé, est alors possible. Le taux de succès de ce type d’intervention se situe autour de 85 % pour un chirurgien bien rodé.
"60% des hommes prêts à prendre la pilule"
Lucile Blanc sera bientôt médecin généraliste. Dans le cadre de sa thèse, La pilule contraceptive masculine. Les hommes sont-ils prêts à l’avaler ? , elle a interrogé plus de 2.200 hommes sur la contraception masculine.
La contraception, une affaire de femmes ? “C’est une affaire de femmes dans le sens où elles doivent rester maîtresses de leur corps. C’est elles qui vont porter l’enfant. Mais beaucoup d’hommes aimeraient aussi maîtriser leur fécondité. Un bébé se fait à deux.”
Les hommes sont-ils prêts à prendre la pilule ?
“ Selon les premiers résultats de l’étude que je réalise, 60 % des hommes seraient prêts à prendre une pilule contraceptive. C’est un “oui” frileux. Ils attendent de connaître les éventuels risques et effets secondaires. Si il n’y avait pas eu la polémique autour des pilules pour femmes de 3 e et 4 e générations, il y aurait peut-être eu plus de “oui” . Je remarque aussi que les hommes plus âgés sont les plus enclins à prendre la pilule, les jeunes sont plus réticents.”
Quelles sont les motivations des hommes qui voudraient prendre une pilule ?
“Elles sont multiples. Certains veulent avoir la possibilité de ne pas avoir d’enfant ou veulent éviter d’avoir “un bébé dans le dos” . D’autres veulent prendre le relais de leur femme qui ne supporte plus la contraception. Il y a aussi des couples qui veulent avoir une deuxième sécurité.”