Sarkozy se voit rassembleur

L’ex-président a réitéré sa décision de briguer la présidence de l’UMP pour créer ensuite la « première force politique française du XXIe siècle ». Avec un souci majeur : démontrer qu’il peut surmonter les obstacles à son retour sur la scène politique.

Temps de lecture: 4 min

Nicolas Sarkozy a beau prétendre le contraire : sa prestation, dimanche soir devant les caméras de France 2, démontre qu’il n’a guère changé. Son assurance ? Toujours intacte. Cette manière de se présenter, tout en affirmant « ne pas croire à l’homme providentiel », comme le seul à pouvoir répondre aux défis de ce « pays si complexe à diriger qui requiert tant d’expérience »  ? Toujours omniprésente, et illustrée par ces mots si habituels chez lui : « Dans le panthéon de mes valeurs, la responsabilité est au premier rang (…) La France, c’est comme une seconde nature. »

L’ancien président de la République a eu beau répéter à nouveau qu’il avait « beaucoup réfléchi et tiré les leçons de son quinquennat », et s’affirmer focalisé, au-delà de sa candidature à la présidence de l’UMP fin octobre, « sur sa volonté de créer les conditions d’une alternative crédible bien au-delà des clivages politiques élimés comme un vieux tapis », rien ne semble vraiment différencier le Sarko 1, battu le 6 mai 2012, du Sarko 2 résolu à « rassembler et à reconquérir les Français » d’ici la présidentielle de 2017. Pour preuve : son empressement à renvoyer dos à dos Marine Le Pen et Francois Hollande, « qui se sont entraidés de fait entre les deux tours de la présidentielle ». Et sa volonté de recourir davantage au référendum s’il était réélu. Première promesse qui sera sans doute suivie d’autres.

Le plus frappant, dans cette intervention télévisée ? Nicolas Sarkozy n’a pas parlé comme s’il s’engageait dans une course d’obstacles. S’employant comme à l’habitude à disséquer les questions, voire à les renvoyer vers son interlocuteur, il en a rabaissé l’importance.

Déjà dans le face-à-face

Les huit affaires politico-judiciaires dans lesquelles il est cité ? « Croyez-vous que si j’avais quelque chose à me reprocher, je viendrais m’exposer dans un retour en politique ? Si j’avais peur, est-ce que je reviendrais ? Je n’ai pas peur », se défend-il, citant son non-lieu dans l’affaire Bettencourt. La volonté d’autres dirigeants de l’opposition à briguer eux aussi l’Elysée, en mettant l’accent sur son « passif » ? « J’aurai besoin de tous », rejouant le refrain victorieux de 2007. Le risque d’une arrivée au pouvoir du Front national, dont il n’hésita pas à reprendre les thèmes sous l’impulsion de son conseiller déchu Patrick Buisson, responsable de la « pire traîtrise dont il a eu à souffrir »  : « Ce serait un isolement indigne de la France. »

Comme par le passé, Nicolas Sarkozy est déjà dans le face-à-face. Avec l’opinion publique, dont il s’inquiète de la violence sous-jacente. Avec François Hollande, taclé d’un redoutable « C’est lui le président, ce n’est plus moi ! » Avec la prospère Allemagne, « qui est un fait, pas un choix ». Quitte à nier les faits, justement, lorsqu’il affirme : « L’Europe n’est plus en crise. »

Une inébranlable confiance

Pari risqué, mais logique et calculé. Sous des airs de sage marathonien revenu de tout, l’homme s’est préparé au sprint et mise à fond sur le calendrier. Un pouvoir actuel à terre. Une Ve  république en mal de chef. Des adversaires à droite tous handicapés par leurs divisions, donc tentés de se soumettre. Il sait pouvoir dépasser Juppé, « ce vieux compagnon dont il aura besoin », même si ce dernier a déclaré dimanche « être prêt au match et aux tacles ». Il ne s’inquiète pas de Fillon, dont il parie sur le ralliement. Quand aux centristes, ils seront sans doute conviés s’il est élu président de l’UMP fin octobre…

D’autres auraient hésité. Lui non. S’efforçant de maîtriser ses tics, répétant qu’il est prêt à répondre à « toutes les questions », s’excusant d’avoir blessé des gens et d’avoir cru « qu’on peut réussir seul », Nicolas Sarkozy, version 2014, a surtout fait devant les caméras la démonstration de ce qu’il croit encore être sa meilleure arme : son inébranlable confiance en lui.

 

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