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Par Michel GRANGER

Les ovnis ont-ils une origine extraterrestre ?

Délicate question qui fait débat depuis plus de 40 ans^1/ !

Les preuves manquent, en effet pour répondre : oui. Mais qu’entend-on par « preuves » ?

Et sinon, y a-t-il d’autres explications crédibles pour le phénomène ?

C’est autour des années 1960, voire avant, que l’idée commença à gagner du terrain selon laquelle les ovnis, qui avaient fait leur apparition en 1947, seraient une manifestation extraterrestre.

Est-ce l’incapacité des autorités à résoudre le problème posé (déjà !) par ces Objets Volants Non Identifiés qui incita certains chercheurs à pencher pour cette fantastique théorie ? Ou bien sont-ce les officiels eux-mêmes qui la lancèrent dans un but de diversion concernant leurs essais secrets : ailes volantes, avions-cibles, fantômes radar... ? Je me suis laissé dire que le gouvernement américain avait largement et mystérieusement subventionné les films E.T. et Rencontres du troisième type...

Toujours est-il que, profitant d’un terrain socio-psychologique propice en cette époque charnière de notre civilisation (progrès technique, boom de l’industrie spatiale, etc.), l’hypothèse extraterrestre (HET) s’implanta profondément et durablement dans les esprits. Au point qu’encore aujourd’hui (1987), à l’heure de la « grande déception » (re-déjà), plus de 70 % des gens^2/, y adhèrent encore.

Cette théorie, fort séduisante et respectable au demeurant, a été malheureusement sérieusement handicapée parce que, comme le déplorait le regretté Professeur J. A. Hynek (1910-1986), « trop d’individus la confondent avec la fantaisie des petits hommes verts ». Et, dans ce cas, elle devient irrecevable sinon ridicule.

Une attente qui n’en finit plus…

Si, comme on l’a cru certes très sincèrement longtemps, les ovnis n’étaient que « des vaisseaux spatiaux envoyés vers nous par des mondes d’une civilisation avancée » [D. Keyhoe (1897-1988)], il est certain qu’ « on aurait connu la vérité dans les 10 ans » [L. Davidson (1922-2007)]. Je vais me faire critiquer en m’appuyant sur ces arguments - en omettant ceux de l’interception, de la panne, je sais, il y a des rumeurs ! - mais la photo irréfutable, le contact officiel « diplomatique », tout cela fait défaut et violemment contraste avec les milliers de témoignages souvent très précis.

Sans compter que si l’on adopte une vue totalement anthropomorphique, à savoir les extraterrestres en balade en banlieue terrestre dans des soucoupes métalliques à échelle coulissante, il faut bien reconnaître notre grande infériorité à rivaliser avec eux, nous qui ne sommes pas allés bien loin (Lune), mais qui nous n’en avons pas moins souillé notre satellite naturel de nos épaves, nos déchets, nos urines... Eux rien... depuis plus de 40 ans!

Je ne parle pas de la transparence aux radars, du silence du système de propulsion, des distances incommensurables car je suis persuadé, que ces « obstacles » seront « balayés » par la science de demain.

Carl Sagan^3/, un des plus grands astronomes actuels et certainement le plus au fait de ce qu’il y a dans le ciel - il croit fermement aux extra-terrestres et ne s’en cache pas - a déclaré en mai 1987: « Personne n’a jamais fourni la moindre preuve physique solide de la visite d’étrangers sur xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" />la Terre ».

Alors faut-il regarder ailleurs ? Pourquoi pas ? Les alternatives commencent à se multiplier^4/...

Quatrième dimension et univers parallèles

Ayant abandonné^5/ lui aussi le schéma jugé simpliste des « sondes interplanétaires habitées », fruits d’une technologie avancée du style de la nôtre, l’ufologue franco-américain Jacques Vallée déclarait à Londres fin 1986 : « La raison pour laquelle nous ne pouvons comprendre comment ces apparitions célestes se manifestent chez nous, c’est parce qu’elles proviennent d’une autre dimension. »

Cette supputation n’est pas nouvelle puisque formulée pour la première fois en 1946 par Meade Layne^6/ mais n’a-t-elle pas été beaucoup prise au sérieux ?

Il ne s’agit plus, cette fois, d’extraterrestres au sens spatial du terme, provenant d’une planète physique dans notre système solaire ou dans un autre, mais d’entités issues d’un continuum espace-temps adjacent et coexistant actuellement au nôtre, tout cela « à un autre niveau vibratoire ». C’est notamment la thèse des univers parallèles, revenue au premier plan depuis que les plus récentes découvertes de la microphysique nous autorisent à multiplier les dimensions qui nous entourent. Ce ne sont plus quatre, ni 5, ni même 136 comme l’annonçait Vallée, mais un nombre infini de mondes qui s’interpénètrent à notre insu et dont nous faisons partie intégrante.

Les habitants « ultra-terrestres » d’un de ces univers multiples ont-ils réussi à trouver le moyen d’accéder à notre propre plan d’existence et les ovnis sont-ils les manifestations de cette incursion « extradimensionnelle »^7/ ? Quelle excitante éventualité!

Machines à temps ou échos du futur ?

Non moins intéressante est la théorie pour laquelle les ovnis sont des machines à remonter le temps^8/ utilisées par nos propres descendants en provenance du futur pour étudier l’humanité en se servant du passé comme musée historique vivant. Cette hypothèse chère à G. Steinhauser (1920-1989) des « chrononautes », ayant franchi le mur de la lumière n’est plus aussi utopique depuis qu’on soupçonne l’existence de particules qui vont à rebours du temps.

Si ce sont des visiteurs de demain mutants qui pilotent les ovnis, on comprend mieux pourquoi ils sont si discrets, la moindre « interférence active » avec leur passé - notre présent à nous - risquant de mettre en péril leur propre existence. Imaginez, par exemple, qu’ils tombent sur l’un de leurs aïeux et l’empêchent d’aller à la rencontre de sa petite amie appelée à devenir sa femme ! Que se passerait-il si celle-ci, sans cela, était devenue leur grand’mère ? Peut être ne seraient-ils jamais nés à cause de ce rendez-vous manqué et alors que font-ils là puisqu’ils n’ont jamais eu de parents ? Dilemme insoluble dans l’état actuel de nos connaissances.

Les ovnis sont-ils vivants ?

Les ovnis sont-ils une forme de vie indigène de la haute atmosphère terrestre non identifiée et non reconnue ? Le romancier britannique A. Conan Doyle (1859-1930), inventeur du héros détective Sherlock Holmes, croyait cela suite à une formulation originale de Charles Fort.

Ce concept d’une vie aérienne, opposée à la vie sous-marine, garde encore de chauds partisans. Tel Trevor James Constable ( ?...- ?...) qui écrit que « les ovnis sont des organismes vivants natifs de notre atmosphère qui cohabitent avec nous, côte-à-côte, inaperçus depuis la nuit des temps ».

D’origine plasmatique, électrique ou de pure énergie, ils auraient la capacité d’apparaître sous différentes formes. Notamment, ils pourraient être constitués de cette fameuse énergie d’orgone étudiée par le Dr Wilhelm. Reich (1897-1957). N’a-t-on pas raconté que, lors de certaines « expériences » effectuées par ce médecin autrichien, « des ovnis faisaient le siège de son laboratoire »?

Ectoplasmes spatiaux ?

Depuis une dizaine d’années, une nouvelle génération de chercheurs ovnis, se ralliant au panache plutôt fumeux du psychologue suisse Carl Jung (1875-1961) - lui dont Hynek disait en 1979 qu’au sujet des ovnis « il avait tout compris » - tend à placer le phénomène ovni au niveau du psi, du paranormal. Ces « para-ufologues », très représentés en France, voient les ovnis comme « une objectivation de réalités psychiques, une idéoplastie cybernétique »^9/ [P. Viéroudi alias Pierre Berthault (1939-1999)]. Enfouie dans ce langage plutôt ésotérique hérité de la psychanalyse se cache aussi l’interprétation psychosociologique à laquelle se sont rangés plusieurs grands noms de l’ufologie : Vallée, J. Keel (1930-2009)... Elle vise ni plus ni moins à nier l’existence objective des ovnis.

Les ovnis seraient des « projections mentales », des « condensations d’énergie psi », des « formes de pensée » sinon des fantasmes puisqu’ils ont souvent plusieurs témoins - reflétant une « tension affective, une détresse collective de l’humanité moderne » (Jung). Ils émergeraient d’un « tertium quid », élément transformateur de l’esprit humain.

Ces « signes dans le ciel », la plupart du temps symboliques - on a dit « messianiques » - confineraient à l’expérience mystique par l’entremise d’une auto-manipulation drainant, comme corollaire, que « celui qui veut en voir en verra ».

On se rapproche ainsi des apparitions mariales, des « miracles » en supposant que Jung a voulu nous suggérer que les ovnis sont la représentation moderne des « anges de lumière »....

Ils sont loin nos petits martiens humanoïdes, cueillant nos fleurs, mutilant nos vaches, basés sur la Lune ou au centre creux de la Terre.

En vous présentant ces quelques propositions de rechange à l’énigme ovni il y en a au moins 20 autres : poltergeist cosmique, âmes d’ultraterrestres surgis d’un autre état de conscience, « déités » nouvelles formules, mirages atmosphérique, etc. - j’ai voulu vous montrer que le problème posé semble trop « riche » pour être enfermé dans une seule hypothèse : l’HET, en l’occurrence, lorsqu’elle s’exprime au ras des pâquerettes. C’est ainsi mettre des limites certes navrantes à notre pensée ; il n’en reste pas moins qu’elle a été une idée forte » qui a ouvert notre esprit à l’exobiologie, c’est à dire à l’éventualité d’une vie extérieure à la planète Terre, nonobstant le fait qu’elle tend à abaisser l’ego collectif de l’Homme. A ce titre l’HET mérite tout notre respect sinon hélas la validation officielle.

Et, comme il est toujours bon de rêver, je laisse le mot de la fin à Michel Carrouges (1910-1988) : « Chacun de ces petits points fugitifs dans le ciel contient peut-être plus de connaissance, de puissance et d’esprit qu’il n’y en aura jamais dans l’histoire de notre planète... »

Peut-être effectivement. Qui sait?

Notes et références :

1/ J’ai publié ce texte dans le journal local : Le Courrier de Saône & Loire Dimanche, du 21 juin 1987. Il constitue la base de ma réflexion sur l’hypothèse extraterrestre pour élucider l’énigme posée par les ovnis.

Depuis, j’ai affiné ma pensée et suis revenu sur cette question à travers divers articles parus dans des revues ufologiques et parapsychologiques. Certains diront que mon esprit s’est plutôt fermé car je suis devenu beaucoup plus circonspect vis-à-vis de ces hypothèses alternatives à l’HET dont la plupart sont hautement exotiques et ne constituent que des spéculations de science-fiction !

Je livre là mon texte original à peine « ajusté » et indique les références ultérieures où j’ai approfondi certains points de cette fascinante problématique qui reste pendante encore aujourd’hui en 2013, pour ne pas dire très vilainement attaquée de toutes parts.

Il est vrai qu’on tourne lamentablement autour depuis trop longtemps. Mais à qui la faute : au comportement incompréhensible des ovnis, à la fatigue des ufologues de bonne volonté ou à l’insidieux triomphe des négateurs ou autres sceptiques qui saisissent le désarroi des premiers pour alimenter leurs appels au doute ?

2/ Qu’en est-il en 2013 ?

3/ Carl Sagan, décédé en 1996, était plutôt anti ovnis.

4/ Michel Granger, Le point sur les alternatives à l’HET, Ufomania, n° 69, hiver 2011.

5/ Depuis cette date, J. Vallée a confirmé ses vues anti-HET, notamment dans un article paru dans le Journal of Scientific Exploration Volume 4, number 1, 1990.

J’ai moi-même réfuté ses arguments dans le texte suivant : Michel Granger L’Hypothèse E.T. est-elle obsolète ? Ufomania, n° 58, mars 2009.

6/ Meade Layne, The Ether Ship Mystery and Its Solution, Boderland Sciences Research Foundation, Bayside, Californie, 1950

7/ Michel Granger, Pourquoi nous vivons dans un monde à 3 dimensions ?, Le Monde de l’Iconnu, n°356, juin-juillet 2012.

8/ Michel Granger, Les ovnis sont-ils des machines à remonter le temps ?, Etrangetés & Mystères, N° 26, septembre 1996.

9/ Michel Granger, La paraufologie : alternative crédible à l’HET ?, Bulletin Métapsychique, n°7, novembre 2010.