L'ovni de Tananarive en 1954 : une illusion de masse chez les ufologues (22/11/2013) - - MAGONIE - PART 2
Petite synthèse
Bref, il y a enfin des témoins qui confirment, c'est formidable ! Mais ils confirment quoi ? Qu'un phénomène lumineux impressionnant a été vu par un grand nombre de personnes, que les zébus ont été affolés, qu'il y a eu une panne d'éclairage ou d'électricité dans la ville... Bref, tout ce dont personne ne doutait ! Par contre, la description de l'objet ou la trajectoire en zigzag au-dessus de la ville, bref les éléments qui s'opposent à l'explication par un météore, ils ne les confirment pas vraiment !
Essayons de faire une synthèse des cinq témoignages un peu détaillés que l'on a désormais...
Aspect de « l'objet » : pour Edmond Campagnac, une lentille verte suivie d'un fuselage à l'éclat métallique suivi de flammèches oranges ; pour M. Grimout, une « masse sombre » se détachant sur le gris du ciel, munie d'une dizaine de lumières et une gerbe d'étincelles bleues, rouge sombre et blanches ; pour le premier témoin malgache, un objet très lumineux de couleur verte, en forme de cigare, suivi d'étincelles rouges ; pour le second, un objet lumineux ovale de couleur orangée, suivi d'étincelles rouges aveuglantes ; et pour le dernier enfin, un objet long très clair et extrêmement brillant.
Ces descriptions ne s'accordent pas vraiment, et il ne faut pas s'en étonner après autant d'années, mais dans l'ensemble elles évoquent bien un météore.
Panne d'éclairage : Campagnac parlait d'une extinction brutale de tout l'éclairage de la ville, M. Grimout indique une panne générale d'électricité au moment où l'objet passait au plus près, et qui s'est prolongée une dizaine de minutes, et un témoin malgache indique une panne d'éclairage au passage de l'objet... Ça n'est que dans des dépositions tardives que Campagnac a ajouté le détail d'une extinction successive des lumières au moment du passage, qui est contredit par tous y compris dans son propre témoignage initial. À oublier donc, et il reste une incertitude sur la nature de la panne : éclairage public ou électricité ?
Durée : seuls deux témoins l'indiquent : Campagnac qui l'estime dans son témoignage initial à deux minutes dont trente secondes masqué par une colline, et M. Grimout qui estime son observation à guère plus de quinze secondes mais n'a pas suivi la trajectoire aussi complètement que M. Campagnac. On peut raisonnablement estimer que la durée totale sur la trajectoire était d'environ 45 secondes.
Dimension : elle n'est donnée que par Edmond Campagnac qui estime la longueur de l'objet à 100 m hors flammèches pour une distance de 330 m, et M. Grimout qui l'estime identique pour une distance de 500 mètres, plus une queue d'étincelles deux fois et demie plus longue. Cela fait respectivement un angle de 25 ou 12 degrés pour l'objet, et 40 degrés avec la traînée d'après M. Grimout. Il s'agit dans tous les cas de dimensions impressionnantes, et les deux témoins peuvent passer pour assez fiables concernant ce genre d'estimatioin, l'un étant professionnel de l'aviation et pilote et l'autre artilleur. C'est sans doute un peu exagéré, mais pas impossible pour un météore.
Trajectoire : d'après Campagnac, l'objet est apparu à l'est (sans doute plutôt au sud-est), a été masqué momentanément par les collines au sud, puis après être réapparu a piqué sur le marché, a adopté une trajectoire parallèle à l'avenue de la Libération (sud-est/nord-ouest), et a enfin viré à gauche pour disparaître vers l'ouest ; M. Grimout a vu l'objet apparaître vers l'ouest, suivre une direction sud-nord en passant devant lui, puis virer à gauche pour disparaître vers l'ouest ; la secrétaire de la mairie a vu l'objet apparaître au sud-est, suivre l'avenue en direction du nord-est, et disparaître à l'ouest ; le photographe l'a vu suivre l'avenue et disparaître à l'ouest ; le témoin de Sakay, enfin, a vu l'objet suivre une direction est-ouest.
Si on essaie de concilier un peu tout cela, on trouve que l'objet a dû apparaître depuis l'avenue en direction du sud-ouest et disparaître vers l'ouest, en suivant une direction est/ouest ou sud-est/nord-ouest. Il n'était pas très haut sur l'horizon d'après Campagnac et d'autres témoins, si bien que s'il s'agissait d'un météore à une altitude moyenne d'un peu moins de 100 km il devait passer au plus près à plus de 200 km au sud de Tananarive... Cela conduit sans doute à une trajectoire proche de celle-ci, avec une altitude passant de peut-être 150 à 30 km.
La recherche officielle en rajoute une couche
Les revues d'ufologie telles que Phénomène Spatiaux et Lumières dans la nuit étant très peu connues du public, c'est surtout parce que Campagnac a intéressé les officiels à son observation que celle-ci a fini par être connue, du moins avant l'avènement d'Internet.
En france, depuis 1977, il y a un organisme officiel chargé de l'étude des ovnis, appelés pour faire plus sérieux les « PAN » (phénomènes aériens non identifiés). Il s'agit du GEPAN (Groupe d'étude des phénomènes aérospatiaux non identifiés), devenu ensuite le SEPRA (Service d'expertise des phénomènes de rentrée atmosphérique, pui Service d'étude des phénomènes rares atmosphériques) et maintenant le GEIPAN (Groupe d'études et d'information sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés), placé sous la direction du CNES (Centre national d'études spatiales). Le GEIPAN n'a rien publié sur le cas de Tananarive, mais le directeur du SEPRA, Jean-Jacques Velasco, a participé à une enquête du groupe Cometa (Comité d'études approfondies)... Ce comité regroupant pour l'essentiel d'anciens auditeurs de l'IHDEN (Institut des hautes études de la Défense nationale) a été créé dans l'intention de sensibiliser les pouvoirs publics aussi bien que la population au problème des ovnis et à ses implications militaires... Son unique fait d'armes a été de publier en 1999 un rapport d'un sérieux discutable paru sous le titre « Les OVNI et la défense, à quoi doit-on se préparer ? », remis pompeusement au Président de la République et au Premier ministre qui ne l'avaient nullement demandé, puis largement distribué dans le public sous la forme d'un numéro hors-série du magazine VSD. Il ne s'agissait donc pas vraiment d'un rapport d'étude officiel, mais ses participants avaient pour la plupart des haute fonctions dans les milieux militaires, et le directeur du SEPRA en faisait partie. Voici donc comment l'observation de Tananarive est présentée dans ce pseudo-rapport officiel, maintenant disponible en téléchargement gratuit sur le site du Geipan (note : dans cette version du rapport, le cas de Tananarive est daté par erreur du 14 août au lieu du 16 août) :
3.1 Phénomène observé par de nombreux témoins à Tananarive (16 août 1954)
Témoignage devant le comité>
Mr Campagnac (C), ancien officier d'artillerie et ancien chef des services techniques d'Air France à Madagascar, aujourd'hui retraité, est venu témoigner devant le comité.
Le phénomène décrit ci-après s'est produit le 16 août 1954 à Tananarive. Il a été observé par plusieurs centaines de témoins.
À 17 h, alors que le personnel de l'agence d'Air France attend l'arrivée du courrier, quelqu'un aperçoit dans le ciel une « grosse boule » verte se déplaçant à grande vitesse. La première pensée des témoins est qu'il s'agit d'un météorite. Le phénomène disparaît derrière une colline, ils pensent qu'elle va percuter le sol et qu'ils vont en percevoir le choc.
La boule verte, pourtant reparaît une minute après. En passant plein travers des observateurs, elle se révèle être « une sorte de ballon de rugby métallique précédé d'une lentille verte nettement détachée avec des flammèches s'échappant à l'arrière ».
D'après l'estimation des témoins, le « ballon » avait la longueur d'un avion DC4, soit une quarantaine de mètres. La lentille verte se détachait à l'avant à un peu moins de 40 m, avec à l'arrière des flammèches assez longues. L'engin a survolé Tananarive à une hauteur estimée de 50 à 100 m, estimation rendue possible par comparaison avec la hauteur d'une colline avoisinante.
Au fur et à mesure que l'engin se déplaçait, les lumières des magasins s'éteignaient, et les animaux manifestaient une réelle inquiétude.
Après avoir survolé Tananarive, l'engin est reparti vers l'ouest.
Détail surprenant, en passant au-dessus du parc à zébus de la ville, l'engin provoqua parmi eux une violente réaction de peur, alors qu'habituellement ils ne réagissaient pas lorsque les avions d'Air France survolaient leur parc.
Deux ou trois minutes après, un engin identique a été observé à 150 km de là au-dessus d'une ferme-école. Là encore, les troupeaux ont été pris de la même panique.
Si l'engin observé était le même que celui de Tananarive, sa vitesse devait être de l'ordre de 3 000 km/h.
Aux dires de C, le genéral Fleurquin, commandant en chef à Madagascar, a réuni une « commission scientifique » pour mener une enquête sur ces phénomènes.
Aucune trace de cette enquête n'a pu être retrouvée dans les archives de l'Armée de l'Air, cependant le numéro 6 du bulletin du Gepa (Groupe d'Etudes des Phénomènes Aérospatiaux) du 2ème semestre 1964 a décrit cette observation.
On remarque que si on nous parle « d'estimation des témoins », c'est sur un seul témoignage que ce résumé repose, et en outre dans une version tardive et édulcorée... C'est ainsi que l'on trouve encore le détail fantastique des « lumières des magasins qui s'éteignaient au fur et à mesure que l'engin se déplaçait », en contradiction totale avec le témoignage initial de Campagnac, dont la référence est pourtant citée, et avec quelques autres témoignages recueillis ensuite. Bref, une « enquête » tout à fait représentative du sérieux du rapport...
Jean-Jacques Velasco, alors directeur du SEPRA, a pour sa part rapporté cette observation dans son livre Ovnis l'évidence, réédité plus tard sous le titre Troubles dans le ciel (livre dans lequel il prétendait « prouver scientifiquement » que les ovnis sont des vaisseaux extraterrestres intéressés par nos explosions nucléaires, en présentant des statistiques truquées) :
L'affaire extraordinaire que je vais évoquer maintenant a été connue près de dix ans après les faits par le témoignage d'un homme qui confia son récit à un groupe d'enquêteurs du Gepa (Groupe d'étude des phénomènes aériens). Après un long et minutieux travail de recherche, on retrouva d'autres témoins, une dizaine en tout, qui confirmeront la véracité de l'événement.
Le 16 août 1954, en début de soirée, Edmond Campagnac, ancien élève de l'École polytechnique, directeur technique d'Air France à Tananarive, île de Madagascar (alors territoire français d'outre-mer), observait un drôle d'objet survolant la ville.
J'ai eu l'occasion de rencontrer Campagnac, à plusieurs reprises, et j'ai été frappé par la précision de son récit. Cet homme de quatre-vingts ans se souvenait comme au premier jour de ce qu'il avait vu en compagnie d'une grande partie de la population de la capitale malgache.
Voici les faits :
Comme chaque soir, sur le pas de la porte de l'agence Air France située avenue de la Libération, Edmond Campagnac attend avec d'autres employés l'arrivée du courrier postal. Non loin se tient le marché journalier avec ses senteurs enivrantes et son animation colorée. Il y a là des milliers de badauds.
Il est un peu plus de 18 heures. La nuit vient de tomber. La soirée est douce, le ciel transparent. Surgit soudain une grosse boule lumineuse de couleur verte, venant de l'est. Sa trajectoire est inclinée à 45°. On s'attend à ce qu'elle touche le sol dans une fantastique explosion... Ce qu'elle ne fait pas. Survolant le palais de la reine, l'objet s'éloigne pour disparaître rapidement de la vue des témoins. Il est de retour moins d'une minute après. Cette fois-ci, il fait le tour des collines qui ceinturent la ville puis passe silencieusement, à une altitude de deux cent cinquante mètres environ, au-dessus du marché, tourne vers le nord et longe l'avenue de la Libération.
Les centaines de témoins sont littéralement médusés. Campagnac décrit l'objet comme un plasma verdâtre de la taille d'un avion, suivi par une sorte de fuselage métallique (en forme de ballon de rugby). Des étincelles blanches, rouges et bleues accompagnent l'ensemble dont la vitesse est estimée à environ 400 kilomètres à l'heure. L'éclairage public s'éteint puis se rallume au bout de quelques minutes. Les chiens hurlent à la mort. À la sortie de la ville, un troupeau de zébus est pris de panique : les animaux enfoncent les barrières et se répandent dans Tananarive...
Les autorités locales de l'époque diligentèrent une enquête menée par le directeur de l'Observatoire de Tananarive, le révérend-père Coze, lui-même témoin de la scène. Lorsqu'il rentra en France, Edmond Campagnac confia son témoignage aux plus hautes autorité civiles et militaires, ainsi qu'au Gepa. Depuis, une dizaine de témoins ont été retrouvés qui confirment la totalité de l'observation au-dessus de Tananarive. Ce cas préfigure des centaines d'autres qui seront enregistrés, plus tard, à travers le monde entier.
Il s'agit de la première observation collective de grande ampleur.
Selon les enquêteurs du Gepa, plusieurs dizaines de milliers de témoins, d'une grande diversité ethnique, culturelle et sociale, ont assisté à la scène. Grâce à la position de nombreux observateurs, on a pu reconstituer la trajectoire précise du phénomène : descente brutale à 45° suivie d'un fort ralentissement puis trajectoire horizontale et plusieurs virages lors du survol de la ville, à quelques dizaines de mètres d'altitude. Au passage de l'ovni, on note un effet physique majeur : l'extinction des lampadaires.
Depuis cette époque, Edmond Campagnac cherche à comprendre ce qu'il a vu. Il est peu probable qu'il obtienne un jour la réponse... L'hallucination peut être mise hors de cause. Aucun phénomène naturel ne saurait avoir les caractéristiques de l'objet observé...
Alors ?
Alors, on s'étonne que Velasco nous explique qu'après plus de quarante ans Campagnac « se souvenait comme au premier jour de ce qu'il avait vu en compagnie d'une grande partie de la population malgache » mais ne cherche pas pour s'en assurer à comparer son récit à celui qu'il faisait seulement dix ans après l'observation ! On s'étonne aussi qu'il écrive que la « dizaine de témoins qui ont été retrouvés » « confirment la totalité de l'observation au-dessus de Tananarive », alors que nous avons vu que c'était bien loin d'être le cas... On s'étonne qu'il nous dise que l'objet s'est éloigné pour disparaître rapidement de la vue des témoins, et revenir une minute plus tard, alors qu'autant que je sache Campagnac s'en est toujours tenu à dire que l'objet avait simplement été masqué par une colline, durant 30 secondes pour son premier témoignage et une minute dans les versions plus tardives. Et on s'étonne enfin qu'il affirme que « grâce à la position de nombreux observateurs, on a pu recontituer la trajectoire précise du phénomène », avec plusieurs virages et à seulement quelques dizaines de mètres d'altitude, alors qu'à une exception près les quelques observateurs qui ont témoigné étaient regroupés dans la même zone et décrivaient pourtant des trajectoires assez différentes... That's ufology, comme dirait un vilain sceptique de mes amis.
Et en 2001, Velasco participait avec Edmond Campagnac à un débat télévisé sur la chaîne documentaire Planète Forum... Il indiquait les détails de ce cas qui lui paraissaient significatifs :
— Le fait du passage de l'objet entre des témoins visuels et des collines, permettant une évaluation des distances et donc des dimensions. Ça n'apparaît nullement dans le premier témoignage de Campagnac, et autant que je sache pas non plus dans les suivants : l'objet a été momentanément masqué par une colline, et à la fin il a disparu derrière une autre colline, jamais il n'est passé devant.
— Le trajet même de l'objet, descendant à grande vitesse à la verticale pour ensuite effectuer un trajet plus lent et à l'horizontale.
Descente à la verticale je n'ai vu ça nulle part, et nous avons vu comment la « plongée » vers le marché pourrait s'expliquer par l'impression que l'objet s'était rapproché rapidement.
— Le phénomène physique des éclairages s'éteignant au passage de l'OVNI et se rallumant après.
Dans le témoignage initial et dans ceux qui ont été récoltés plus tard il est juste question d'une panne générale d'électricité ou d'éclarage, les lumières qui s'éteignent les unes après les autres au passage de l'objet pour se rallumer après c'est un embellissement tardif du témoignage de Campagnac et lui seul.
— Les phénomènes de réactions des animaux.
Des zébus qui s'affolent au passage d'un phénomène lumineux d'une taille impressionnante, qu'est-ce que ça a d'étonnant ?
— Le nombre colossal de témoins.
Nombre qui implique justement un objet passant à très haute altitude, comme un météore !
— La nature culturellement diverses des témoins : « M. Campagnac à peut-être lu de la science fiction, mais il est assez douteux que les paysans malgaches aient tous été influencés par les comics de science-fiction US. »
Une boule lumineuse suivie de flammèches, quand on n'est pas complètement obsédé par les ovnis ça évoque plus un phénomène astronomique que les comics de science-fiction, et c'est bien ce que les paysans malgaches ont décrit !
— Le fait que le cas ne se produise pas aux États-Unis, suspecté d'être un terrain sociologique favorable à de tels phénomènes considérés alors comme illusoires ou frauduleux. Eh bien non ici nulle illusion ou fraude, juste quelques erreurs d'interprétation... Comme c'est d'ailleurs très généralement le cas en matière d'ovnis, aux États-Unis comme ailleurs !
On peut aussi citer parmi les comptes-rendus « quasi-officiels » le résumé de la « Commission Sigma » de la 3AF (Association aéronautique et astronautique de France). La 3AF est une respectable « société savante » regroupant pour l'essentiel des professionnels de l'aéronautique et de l'espace, et quelques-uns de ses membres très intéressés par les ovnis ont voulu créer en son sein une commission dédiée à ce phénomène. Cette « Commission PAN/Sigma » a été créée en 2008, et elle était supposée publier son rapport fin 2012... Il s'agissait visiblement de réitérer l'expérience du rapport Cometa. Mais ce fameux rapport, terminé en décembre 2012, a été remis au président de la 3AF, qui a décidé devant son manque de rigueur de ne pas le publier et de renouveler la composition du groupe, devenu Commission Sigma2 ! Ça n'est pas tout à fait ce qui est écrit dans la présentation de cette nouvelle commission, mais c'est bien ce qu'on lit entre les lignes...
Bref, voici comment le cas était présenté très brièvement dans un petit « rapport d'étape », parmi les « cas français les plus significatifs » où l'on trouve aussi la rentrée atmosphérique du 5 novembre 1990 !
Madagascar / Le 16/08/1954 / entre 20 à 30.000 témoins à la sortie des bureaux à Tanananarive / A la vue de l’engin, des troupeaux de buffles ont complètement saccagé les barrières des enclos / Dégâts considérables (témoins M. Edmond Campagnac X38).
Conclusion provisoire
Il n'apparaît finalement guère douteux que le fameux « ovni de Tananarive » n'ait été qu'un météore très exceptionnel : l'aspect général du phénomène, l'absence de confirmation par les autres témoins de la trajectoire erratique mentionnée par Campagnac, dont on comprend comment elle a pu résulter d'une mauvaise appréciation de la distance et de la volonté de concilier des témoignages multiples et imprécis, le nombre extrême de témoins qu'il indique, tout tend à valider cette identification.
Il reste que ce météore à sûrement été très exceptionnel : par sa durée, même si Campagnac l'a sûrement exagérée, par sa trajectoire presque horizontale, et par son ampleur. Il est bien possible du reste que des fragments aient atteint le sol, mais si c'est le cas ils gisent sans doute au fond du détroit de Mozambique.
Si on veut en savoir plus, il faut continuer à chercher... Peut-être pas de nouveaux témoins, après 60 ans il ne doit pas en rester beaucoup et leur témoignage sera sûrement très déformé, mais surtout des archives écrites. Il serait vraiment surprenant qu'il n'y ait aucune trace de ce phénomène dans la presse locale... Et qui sait, peut-être trouvera-t-on un jour le rapport du révérend Coze, qui est sûrement plein d'enseignements...
En attendant, on peut méditer sur la façon qu'ont beaucoup d'ufologues de traiter les cas de témoins multiples : pour eux, la masse ne sert qu'à valider un témoignage fantastique mais unique !
Nous en avons vu un exemple dans le cas de la « vague » du 5 novembe 1990 avec le cas de Gretz-Armainvilliers : 6 témoins groupés décrivent avec une rare précision la rentrée atmosphérique et a trajectoire exacte, mais l'un deux fait pendant les premières secondes de son observation et alors qu'il se déplaçait une petite erreur d'appréciation en inversant le sens de déplacement (lent) de l'objet, et ça devient dans la littérature ufologique « huit témoins voient un énorme engin muni de structures et de faisceaux tronqués vers le sol effectuer deux virages serrés ».
Et toujours pour cette vague du 5 novembre on a aussi le cas d'Aubin « enquêté » par le grand naïf Serje Perronnet... 200 élèves internes d'un lycée technique étaient rassemblés dans la cour lorsque « l'engin » et passé, Perronnet en a retrouvé deux qui décrivent plutôt bien vingt ans après leur observation du phénomène qui a traversé le ciel en une minute et a disparu précisément dans la direction qui était celle de la rentrée atmosphérique, mais un des deux témoins, professeur d'art, ajoute qu'il a revu le phénomène vingt minutes plus tard alors qu'il rentrait chez lui en automobile, et qu'il l'a accompagné encore une vingtaine de minutes dans une direction perpendiculaire à celle de la rentrée... Il dit aussi que plus tard il a rencontré quelqu'un de la DST qui lui a conseillé de ne pas témoigner parce qu'on en avait torturé pour moins que ça, il dit que le lendemain quinze personnes faisaient la queue devant le commissariat de cette toute petite ville pour témoigner et que tous ces témoignages ont été détruits... Et pour Perronnet, cela devient « 200 témoins ont observé un engin pendant une durée de 45 minutes et dans une direction perpendiculaire à celle de la rentrée atmosphérique » !
Et ici, à Tananarive, nous avons donc vingt mille témoins qui ont vu un objet survoler la ville à très basse altitude en effectuant plusieurs virages... Et quand cinq de ces témoins sont retrouvés, peu importe que leur description ne confirme pas du tout cette version, l'important est qu'ils confirment qu'il y a eu quelque chose, et donc tout était vrai ! Gageons que ce cas continuera à être présenté par des générations d'ufologues comme un grand classique, une des meilleures preuves du survol de notre planète par des engins extraterrestres, et de la duplicité des gouvernements qui cherchent par tous les moyens à cacher la vérité !
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