Pour le blocus, les jeunes préfèrent parfois étudier dans des endroits insolites
- Publié le 19-05-2019 à 15h37
- Mis à jour le 19-05-2019 à 15h38
Petit relevé non exhaustif de lieux insolites, détournés ou inventés pour le bien-être de l’étudiant en blocus.À chaque période d’avant examen, le même problème revient. Les bibliothèques sont bondées, souvent fermées le soir et presque systématiquement hors d’accès le dimanche. Donc : où trouver un lieu calme et à la fois stimulant pour étudier ?
Avant d’y venir, une autre question. Pourquoi diable les étudiants ne restent-ils pas chez eux ? Elle appelle plusieurs réponses, sans généralisation possible. "Les deux éléments pour réussir sont le cadre et le planning", résume Michael Houben, créateur d’une formule de co-learning pour étudiants à Bruxelles. Cette quête de tranquillité et de soutien n’a rien de neuf. Mais comme une offre (même parfois très coûteuse) s’est petit à petit développée, il faut croire qu’elle répond à un besoin.
"Ce qui est nouveau, c’est une sorte de retour volontaire vers l’humain, poursuit le gérant. De plus en plus de gens investissent les lieux publics avec leur portable pour travailler. C’est exactement la même chose pour l’étudiant. Lassé d’être seul derrière son ordinateur à multiplier les échanges virtuels, il aspire à se retrouver au milieu de vraies personnes."
Selon le même observateur, un deuxième élément de contexte se greffe à cette première explication : "Le problème, chez soi, ce sont les tentations : téléphone, réseaux, jeux, télévision, etc. Dans un lieu spécifiquement dédié à l’étude et au vu des autres, l’émulation combat les distractions." D’autant que des règlements veillent souvent sur la quiétude des occupants.
Silence, on bloque !
Ce samedi, l’église de Saint-Vincent (à Nil dans le Brabant wallon) ouvre ses portes aux studieux. "Silence, on bloque !" tel est justement son slogan. "C’est la troisième année que nous offrons ce service, raconte Géraldine Piret, une de ses initiatrices. Tout a commencé un été très chaud où on cherchait une idée pour éloigner nos enfants du wifi et leur procurer plus de fraîcheur." Le service qui s’inscrit dans le cadre de l’ouverture de l’église à d’autres activités pour permettre aux gens de se la réapproprier est de plus en plus attendu.
"Une charte est en place, qui impose le silence et interdit de manger à l’intérieur notamment. Les jeunes sont très autonomes et en sont très respectueux." L’inscription est gratuite sur Facebook, et le lieu accessible de 8 à 22 h tous les jours aux plus de 16 ans, jusqu’à fin juin.
Dans le genre plus austère et plus payant, abbayes et monastères offrent depuis peu un accueil "spécial blocus" pour étudiants. Pas de relevé exhaustif ici. Pointons, à titre d’exemples, les abbayes de Maredret (Namur) et Soleilmont à Fleurus (Charleroi) et le monastère Saint-Remacle de Wavreumont (Liège), où quelques étudiants sont admis à la fois, en cette période. Coût de l’isolement en chambre individuelle : plusieurs dizaines d’euros par jour.
Des endroits dédiés à l’étude
Dans un tout autre style, avec la volonté de toucher un public plus précarisé, le CPAS de la Ville de Bruxelles ouvre gratuitement quatre salles. Quelque 250 places sont disponibles, du lundi au samedi de 9 à 21 h, jusqu’au 26 juin. Matériel informatique et wifi à disposition, ainsi qu’un accompagnement pédagogique sur demande.
La location de locaux pour étudier est par ailleurs devenue un vrai business. Un premier espace de co-learning s’est ouvert à Bruxelles. Outre des espaces spécialement conçus pour concentrer, stimuler et détendre les étudiants, un accompagnement individuel (notamment pour le planning) est prévu. Un prix de lancement de 25 euros par semaine est encore pratiqué. Mais pour combien de temps ? L’an passé, c’est un espace de co-working (pour travailleurs) qui avait ouvert ses portes à l’œil aux étudiants bruxellois, tous les soirs après 18 h et le week-end. Mais l’offre est devenue payante entretemps. À Liège, une boîte de nuit avait fait pareil. Mais elle a fermé depuis.
Les lieux publics détournés
Enfin, les lieux publics restent prisés de ceux qui ne veulent pas s’isoler. Les brasseries, bien sûr (avec l’apparition récente, ici et là, d’une tarification liée au temps d’occupation et pas à la consommation), les lobbies d’hôtels, les cafés des musées et centres sportifs, les transports, et les parcs et forêts quand la météo le permet.