Comment investir dans des œuvres et quel rendement en espérer ?
- Publié le 19-05-2019 à 14h18
- Mis à jour le 20-05-2019 à 18h44
Dans la diversification d’un patrimoine, les œuvres d’art anciennes ou contemporaines, les sculptures, bijoux ou livres anciens peuvent être considérés comme des placements alternatifs. Certaines transactions récentes font état de montants colossaux à l’instar de l’œuvre de l’artiste David Hockney, Portrait of an artist (Pool with two figures), qui s’est vendue fin 2018 pour un montant record de plus de 90 millions de dollars.
Ces ventes "records", sont-elles le synonyme de bons placements ? "Ce sont bien sûr des exceptions mais il y a moyen d’acquérir une œuvre d’art pour des montants plus modestes, à partir de 5 000 euros, par exemple. C’est un actif tangible qui permet de placer son argent, d’investir une certaine somme. Mais il vaut mieux privilégier des œuvres que l’on aime car cet investissement est aussi un plaisir ", reconnaît Anh Nguyen, gestionnaire de fonds à la Banque Nagelmackers. Pour acquérir ce genre de biens, il faut cependant développer une certaine connaissance du marché de l’art. Pour bien acheter, il faut de l’expérience. Cette formation particulière peut s’acquérir en consultant la littérature spécialisée, en fréquentant les galeries, les foires d’art, les ventes aux enchères.
Il faut apprendre à suivre les prix des œuvres échangées, analyser l’évolution des artistes surtout s’ils sont contemporains. Il convient alors de bien maîtriser les critères de valorisation des œuvres d’art. "Cela prend du temps car la courbe d’apprentissage est longue. Si l’on se trompe, on peut toujours garder ce que l’on a acheté. Il faut aussi relever que ce placement est assez illiquide", rappelle Anh Nguyen. En effet, lors de la revente, le prix de l’œuvre peut ne pas être à la hauteur des attentes. Ce prix va dépendre de l’offre et de la demande, de la cote de l’artiste, de la taille de l’œuvre, de sa période. Il ne faut pas négliger non plus les effets de mode : certains types de biens étaient fort prisés il y a quelques années et sont dépourvus d’intérêt aujourd’hui. Contrairement à un investissement en or qui a un prix clair, l’œuvre est chaque fois unique. Ce sont ses spécificités qui vont déterminer sa valeur. "Cependant, aujourd’hui, on constate que la valorisation est simplifiée grâce à Internet. L’accès à l’information est plus aisé pour pouvoir estimer une pièce, mais le marché de l’art reste encore assez inefficient."
Mais est-ce vraiment rentable d’investir dans l’art ? Les ventes records pourraient le faire croire mais elles sont l’exception. Il convient de rappeler qu’une œuvre d’art ne procure aucun rendement régulier du style dividendes ou coupons. On ne peut donc compter que sur sa plus-value. "Sur base des plus-values, les rendements s’apparentent à ceux des obligations soit environ de 2 à 4 % par an avec l’avantage fiscal que ces plus-values ne sont pas taxées." Les transactions sur le marché de l’art se déclinent également sous des formes diverses : galeries, ventes aux enchères, foires, marchands… Dans les ventes aux enchères, il ne faut pas oublier les frais que les transactions occasionnent. "Ce marché est cependant en croissance dopé par la demande des pays émergents et de la Chine où les acheteurs sont friands d’œuvres européennes et américaines. Toutes les expositions et foires contribuent à l’attrait des œuvres et à l’alimentation de ce marché. Cela permet aussi de rendre le marché plus efficient et plus transparent", conclut Anh Nguyen.
Dans les successions
Lors de successions , il est fréquent de se trouver face à des œuvres d’art à partager. "C’est parfois difficile de déterminer un partage équitable en cette matière. Par ailleurs, notons que la Belgique permet de payer les droits de succession sous forme de dation, de donations d’œuvres d’art connues. Dans les banques privées, il est fréquent d’avoir un spécialiste dédié à ce domaine. Il est aussi habituel de diriger les clients en banque privée qui le souhaitent vers des professionnels dans certains aspects du marché de l’art. L’art est devenu une des composantes de l’équation dans un patrimoine."